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Numéro :
Mag #50
Un 50ème numéro, ça se fête ! Alors on s'est fait plaisir avec un des groupes les plus importants des années 90 (celles de notre jeunesse pour beaucoup dans l'équipe) : Therapy? ! Au menu, une superbe interview menée par Olivier Portnoi (et ouais !) et l'intégralité de la discographie du groupe ! On a invité quelques autres loustics à prendre part à la fête, on te laisse découvrir tout ça comme les interviews de Supermunk, Jack And The Bearded Fishermen, Darcy, You Said Strange, Effervescence Records, Athlete, Brns, Burning Heads, Pili Coït, Mopa...
La chronique de Notre ciel noir n'est pas encore archivée sur le site (elle est parue dans le Mag #48, elle devrait donc bientôt passer en ligne...) que j'ai déjà dans les oreilles la suite des aventures d'A Terre. Et si tu as aimé le premier épisode, celui-ci est au moins aussi bien. Composé avec les mêmes ingrédients : variation des chants, lourdeur et pesanteur des riffs, alternance de moments lumineux et obscurs, jeux sur le noir et blanc (quelle pochette !), idées plus ou moins étirées, les gars du Sud-Ouest enfoncent le clou conservant leurs thèmes (le champ lexical est toujours aussi sombre : "tourmente", "décombres", "désolation", "détresse", "lésions"...) et annoncent des titres "plus personnels". Certainement que leurs textes sont plus proches de leur réalité, entre amour et déception, chacun pourra, à son niveau, calquer ces sentiments forts sur les siens ou des souvenirs.
Indépendamment de ces considérations, le post-hardcore proposé est de grande qualité, la production est excellente (elle est signée Eric Dorléans, le guitariste de Infero Lasta qui a monté son studio au Sud de Bayonne) et les compositions très soignées. Elles ne sortent pas vraiment du cadre habituel du style mais les montées en tension comme les déflagrations sont maîtrisées et particulièrement efficaces. Le groupe se permet même un "Seulement toi" plutôt court (moins de 4 minutes) mais ô combien déchirant, c'est le morceau le plus marquant de cet EP qui n'en comporte que trois, le premier ("Cinquième colonne") est assez "classique" (bien que le chant grave sorte un peu de l'ordinaire) et le deuxième ("Résurrection") est un modèle pour tous ceux qui voudraient apprendre à marier les atmosphères (quel régal que ces transitions rythmiques quasi invisibles). Ces trois pistes assez variées laissent penser que A Terre devrait nous épater en passant en version longue, on a hâte.
Ce n'est pas parce qu'ils ont des attaches du côté de Mont-de-Marsan que Gojira soutient À Terre dès la parution de leurs premiers titres, c'est parce que derrière des raccourcis simplistes (tu liras sans cesse que ces mecs font du "post hard core entre Cult of Luna et AmenRa"), À Terre propose quelque chose de suffisamment particulier pour qu'ils s'y intéressent. Et moi aussi. Mais si j'y ai prêté une oreille attentive, ce n'est pas parce que je zone dans leur coin, c'est que leur bassiste, Jérôme, joue aussi dans Way For Nothing, un combo post-rock dont j'ai dit le plus grand bien dans le Mag #46...
Le style a beau être différent (pas tant que ça si on y réfléchit mais ce n'est pas le sujet), on retrouve les mêmes exigences en ce qui concerne les atmosphères, les sons, les rythmes et le message. Celui-ci est en français, audible malgré une voix bien éraillo-caverneuse et nous met plus bas que Terre, les dépressifs passeront leur chemin car le champ lexical labouré nous offre du "sans espoir", "traumatisme" (aussi bien une défaite en finale de coupe d'Europe ou la fermeture des lieux musicaux emblématiques de la capitale girondine), "eaux troubles", "plus rien n'existe", "sans lueur", "se laisser sombrer", "limbes"... Choisir Notre ciel noir comme titre de ce premier EP est donc logique même si ces mots ne sont pas ceux des 3 pièces proposées. Les textes sont en adéquation avec les sensations procurées par la musique, lancinante et lacérante, elle alterne sans trop de surprise des passages éthérées et d'autres particulièrement massifs mais réussit surtout à mélanger les ambiances (cette guitare plus claire qui traverse le final de "La réponse") et à particulièrement bien passer de l'ombre à la pénombre ("Bordeaux traumatisme"). Le combo sait également ne pas lâcher la pédale de distorsion sans lasser un auditeur qui réclamerait son lot de quiétude ("L'éternel retour").
Les amateurs de post-hardcore peuvent donc ajouter À Terre sur leur liste de groupes à suivre, Notre ciel noir date du début 2021, les Néo-Aquitains ont d'ores et déjà pas mal composé et il se pourrait que la suite de leurs aventures se fasse entendre assez vite alors plutôt qu'à terre, reste à l'affût.
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