Terra Tenebrosa - The purging Quasiment deux ans jour pour jour après l'inaugural et monstrueux The tunnels, l'énigmatique (presque) suite de Breach accouche de sa "sequel" avec The purging, toujours par le biais de la même crèmerie, drivée de main de maître par Tim Bertilsson de Switchblade : Trust No One Recordings, toujours avec l'envie de plaquer l'auditeur contre le mur avant de l'enfermer dans un véritable cocon sludge/doom/posthardcore/black-metal de l'enfer (l'obscur et introductif "The redeeming teratoma", le sauvage "The compression chamber"). Une gangue de plomb lestée de riffs telluriques eux-mêmes parsemés d'éclairs vocaux frayant assidument avec le Malin ("Black pearl in a crystalline shell"). Bienvenue dans l'univers hautement inhospitalier de Terra Tenebrosa.

La densité sonore est telle qu'elle conduit à l'asphyxie sensorielle, le chant des cavernes n'invite pas vraiment à l'apaisement ataraxique et c'est normal puisque c'est là l'idée. Car le trio suédois ne laisse aucun répit et la plongée sans filin dans l'antre de la bête, cette créature sonore à la cruauté sonore sans nom ("House of flesh") qui s'ébroue avec délectation dans des ambiances outrageusement malsaines, se fait sans espoir de retour. Parce qu'entre subtiles touches industrielles samplées, sursaturation post-métallique féconde et délires psychotiques aussi férocement brutaux que violemment déstructurés, les nordiques mettent la barre très haut. Ou très bas, dans les profondeurs boueuses d'un magma auditif en décomposition(s) qui prend aux tripes ("At the foot of the tree").

Une noirceur anxiogène doublée d'instrumentations littéralement possédées ("The nucleus turbine"), une mécanique de production idéale (le groupe n'est à l'heure où sont rédigées ces lignes "qu'un" projet exclusivement studio même s'il va prochainement s'essayer à la performance live) et cette sauvagerie brute qui éclabousse la platine dans des geysers de sang (l'éponyme "The purging"), achèvent d'immerger l'auditeur dans ce cloaque putride qu'est l'univers de Terra Tenebrosa. Un espace d'expression à la limite du jusqu'au-boutisme métallique d'avant-garde, une véritable éloge de la démence sonore ("Terra Tenebrosa") que le groupe exacerbe en livrant quelques titres diaboliques à l'image de "Disintegration" et de l'ultime "The reave", deux dernières pièces aussi glauques et terminales que les précédentes, avec ce petit zeste de folie autodestructrice qui fait de ce disque ce qu'il est. Non The purging n'est définitivement pas à mettre entre n'importe quels tympans.

Extrême.