Tanen - Déviances De Fragments en Déviances... deux ans après un premier effort corrosif et ravageur, le hardcore destroyer poitevin de Tanen revient dans les lecteurs CD faire cramer les enceintes et emmerder les voisins. Noir, brutal, corrosif, le groupe envoie du gros son dès le premier titre, le bien nommé "Horde" engagé dans une traque ultime, primale, sans concession. Il est ici question de vie ou de mort. Mais Tanen est une bête enragée et sa musique, d'une férocité sans nom. Imparable. Sur "Bitume", les Poitevins flagellent, encastrent leurs riffs dans les amplis, déstructurent, restructurent et arrosent les tuyaux d'un bruyant cocktail de HxC technique mâtiné de screamo éruptif et de textes virulents qui remettent clairement les idées en place (et en Français s'il vous plaît...).
Saigneurs de la guerre, les Tanen ébrèchent les tympans et passent maîtres jedi dans le démembrement auditifs, la coercition mentale à coup de morceaux sur-tendus capables de cautériser n'importe quelle plaie auditive pourtant béante et au passage causée par le titre précédent. Dans ce registre-là, on a rarement eu mieux entre les tympans ; et comme s'il fallait un peu plus appuyer ce constat, le groupe nous sert une "Litanie des cendres" sur des charbons ardents. Une déflagration métallique aux atmosphères malsaines, aux effluves hardcore prégnantes et oppressantes... qui trouve un écho plus frontal dans une "Charge" héroïque, puis cette "Déviance" toute en décadence égrenée par quelques samples torturés dans lesquels on s'immerge complètement pour tutoyer de près les tréfonds de la condition humaine.
Quelque part entre Converge, Celeste, Time to Burn et Comity, "Rien" une lente descente vers les enfers initiée par Tanen s'étend sur un morceau dépassant les 13 minutes, un titre fleuve, exsudant cette douleur épidermique qui fait la marque de fabrique du groupe depuis deux albums, entre poésie du chaos et éloge de la désolation avant un final post-hardcore de haute volée. Du sang et des larmes... avec haine et violence, le quintet poitevin enfonce un peu plus les clous dans la chair avec "Molosse" et sa mécanique rythmique aussi précise que cinglante, puis l'"Homme en gris" avant de conclure sur un "Sourire masque à gaz" à l'ironie acide. Si peu à redire sur ces Déviances à l'artwork inspiré autant d'un point de vue artistique que marketing (puisqu'il a notamment heurté le puritanisme néo-conservateur à la française) sinon que c'est une éclatante réussite. Et après un premier brûlot à haute teneur en violence sous-durale, ce deuxième album confirme Tanen-là deviendra grand. Pourvu que cela suive derrière...