Malédiction ? On peut se poser la question... Parce que juste après avoir enregistré Spasms of upheaval (leur deuxième album qui, va savoir pourquoi, a évité la case W-Fenec) T.A.N.K se séparait de son guitariste Eddy et le remplaçait par Nils (de Lyr Drowning) et deux ans plus tard, juste après avoir enregistré Symbiosis, T.A.N.K annonçait le départ de son guitariste de toujours Symheris (remplacé depuis par Charly). Certes, le groupe sait désormais réagir et assurer des concerts sans tous les acteurs de la composition mais on peut connaître situations plus simples pour sortir et promouvoir un album. Surtout que si celui-ci est aussi bon, c'est en bonne partie grâce aux guitares... Au passage, note combien je reste circonspect au vu du nombre de zicos qui quittent leur groupe juste après l'enregistrement, comme si ils ne savaient pas avant que ça ne marcherait plus (mais que peut-être il y a un peu d'oseille à se faire ?), ce n'est pas forcément le cas présent mais je tenais à partager ce sentiment désagréable.
Là, on a du mal à penser que la symbiose n'était pas totale car le groupe apparaît encore uni et capable d'envoyer dans tous les sens, du plus clair au plus obscur, du plus rapide au plus lourd, du plus saturé au plus tranchant, avec des samples, des parties épurées, des instruments qui se complètent parfaitement, des chants maîtrisés dans chaque registre, vraiment, c'est du sacrément bon boulot à tous les niveaux. Et pour un tel résultat, il y a forcément derrière un énorme travail préparatoire pour que chaque plan, chaque frappe, chaque note soit à sa place. Bravo donc au combo pour avoir réussi à ciseler un tel album. Un boulot d'autant plus complexe que Björn « Speed » Strid de Soilwork (dont ils sont fans) à répondu favorablement à leur invitation, il a donc fallu penser "Blood relation" avec un membre de plus, et pas des moindres... C'est réussi tout comme l'apparition de Jessy Christ (chanteuse qu'on a pu entendre chez Herrschaft) sur "The edge of time". Des titres qu'on sort de la track-list à contre-coeur tant l'ensemble est cohérent et forme un tout à prendre forcément dans son intégralité.
Bravo également à David Potvin (guitariste de One-Way Mirror) qui réalise une grosse production (avec quelques parties enregistrées par Symheris) mais aussi un mixage et un mastering de grande qualité (et en plus il fait des choeurs !), le tout chez Lyzanxia (au Dome studio donc), studio bien connu d'Abysse, Beyond The Styx, Holding Sand) où Think of A New Kind a désormais ses habitudes. Bravo aussi à Rusalkadesign qui réalise un très bel artwork dans le style de ceux du Strychneen studio (Stomb, Hacride, Noein, Trepalium, Straight on Target...) même si l'image choisit pour être sur la couverture de l'album n'est pas, à mon goût, la plus réussie de la série.
Avec cette nouvelle oeuvre métallique résolument moderne, T.A.N.K enfonce le clou encore plus profondément, on leur souhaite juste de pouvoir maintenir un tel niveau de créativité et d'exigence artistique pour continuer leur aventure perpétuellement relancée... à moins de briser la malédiction ?
T.A.N.K
T.A.N.K / Chronique LP > Symbiosis
T.A.N.K / Chronique LP > The burden of will
Avec un nom pareil, inutile de le préciser, T.A.N.K (pour Think of A New Kind en fait) n'est pas du genre à jouer petits bras lorsqu'il s'agit de défoncer des cloisons auditives et piétiner des vertèbres. En même temps, ce n'est pas comme si les gaziers n'était pas venus pour ça. Donc dès "Disturbia", le groupe dissipe les derniers doutes que l'on pouvait avoir en se disant que dans une veine thrash/metalcore bourrin aux relents death, ça faisait bien longtemps que la scène hexagonale ne nous avait pas proposé quelque chose de crédible. Et envoie la sauce.
Blitzkrieg by T.A.N.K = grosse puissance de feu, riffs en mode en mitrailleuse lourde, un chant bien velu et section rythmique à l'avenant. Le groupe met d'entrée tout le monde d'accord : ça va chier et pas qu'un peu. A coup de séances de matraquage auditifs et de guitares frondeuses mises en première ligne de front, les frenchies démontrent qu'ils peuvent perforer n'importe quel blindage sonore, labourer les enceintes façon sport avec un petit côté In Flames meets Soilwork en mode "qui poutre" pas dégueu ("Tank 09"). Et lorsqu'il s'agit de marcher sur l'ennemi, le groupe se transforme en bulldozer métallique (l'intro marteau-pilon de "Corpse") sans pour autant oublier de calmer le jeu niveau beuglements death, histoire de varier les plaisirs de temps en temps... avant d'en remettre une petite couche avec sa double pédale frénétique qui déchiquette à tout va et ne laisse que des miettes à la concurrence ("Beautiful agony", "Brother in arms").
On l'aura compris, T.A.N.K n'est pas là pour négocier. Avec le groupe, on tire d'abord et on pose les questions après ("Necrosoldier", "Pawns of oracle"). Et c'est armé d'un son particulièrement massif qu'il délivre des titres en forme d'obus thrash/death/metalcore qui laminent les amplis. Certes ça bourrine sévère, ça hurle, ça growle à tout va, mais c'est ce que le groupe sait faire de mieux, surtout quand il se dote de quelques soli de tueur où qu'il invite Guillaume Bideau (One-Way Mirror, Mnemic, Scarve...) pousser la gueulante ("Idle ghost"). Instrumentalement, T.A.N.K c'est du béton armé (un "Spiral chains" qui démontre que même sans le chant, ces mecs-là peuvent faire très mal), artistiquement, c'est plutôt cohérent, surtout quand c'est renforcé par quelques parpaings bien mastoc ("So vile", "The day after") et pas trop répétitifs qui plus est. Propre, net et sans bavure. Et comme en bonus, on a droit un artwork de circonstance, on peut le dire : The burden of will, ça arrache la tête.