Metal Métal > Switchblade

Biographie > It's so heavy (doom)...

Switchblade voit le "jour" en plein coeur de l'hiver nordique où les nuits sont justement plus longues que les jours. Nous sommes alors en fin 1997, et au départ duo, le groupe signe chez Trust No One Recordings via lequel il enregistre sous ce format deux 7", un 10"" et deux splits 7" avec Cult of Luna et The Jam Session. En 1999, Switchblade prend la décision de passer en trio et sort son premier album l'année suivante. Outre la particularité d'être fidèle à son label depuis ses débuts, le groupe ne donne pas de titre à ses albums. Tous sont donc éponymes et sortent à intervalles relativement réguliers puisque le trio publie entre 2000 et 2009 pas moins de 5 albums ainsi qu'un 7'' live et un disque compilant les morceaux sortis sur les différents 7" et 10'' collaboratifs. En 2009, les Suédois sortent leur cinquième album, toujours éponyme, toujours chez Trust No One Recordings.

Switchblade / Chronique LP > [2003] [Réédition]

Switchblade - 2003 Quelques mois après la sortie de [2012], Denovali Records que l'on ne présente plus (Kodiak, Heirs, Lento, Omega Massif...) profite de l'écho grandissant du groupe en Europe notamment pour rééditer [2003], le premier album éponyme (ils le sont tous et donc distingués par leur date de sortie) des Suédois de Switchblade dans une version remasterisée, repackagée et agrémentée d'un nouvel artwork. L'occasion de se rendre compte qu'en matière d'heavy-doom/sludge, il n'y a pas grand monde qui puisse arriver à la cheville d'un groupe qui à ces débuts déjà, frappait très fort. Parce que remastering ou pas, les six titres qui composent ce premier effort revu et "corrigé" par la maison de disque allemande avait déjà tout pour exploser à la face de l'auditeur.

Un caractère percussif extrême, des riffs de plomb qui viennent ébrécher les conduits auditifs encore et encore et une rythmique relativement mid-tempo. Ce n'est pas encore aussi lent que cela le sera par la suite, mais déjà suffisamment pour pousser l'auditeur lentement mais inexorablement vers un début d'aliénation mentale. Switchblade était déjà sentencieux, d'une conscience doom/sludge très lourde et à défaut d'être oppressante, clairement obsédante passées les premières minutes. La frappe de batterie est extrêmement sèche, aride, parfois même étouffée pour donner toute sa radicalité à un ensemble musical qui ne manque pas d'exposer des atmosphères vénéneuse, lestées par un groove aussi massif que furieusement impérial. Fatalement, après deux pistes, on est déjà addict.

Mais il y en a quatre autres qui suivent derrière et les Suédois ne desserrent toujours pas leur étreinte mortelle. Passionnelle, libérant ainsi des abîmes de l'Enfer, pour une musique qui a la particularité de sonner lancinante et DIY. Prégnante et dans le même temps impossible à lâcher avant la fin. Quant à sa manière assez unique d'explorer les tréfonds d'un doom catatonique, armé d'un sludge habité par le Malin, elle se révèle idéale pour distiller des ambiances à la fois désolées et magnétiques. Avant de s'offrir un climax mélangeant lacérations drone, doom ultra-massif et post-hardcore sludge méphistophélique. Pour un premier coup d'essai, c'était déjà un coup de maître et la suite ne fera que confirmer tout le bien que l'on pense rétroactivement de Switchblade avec cet effort inaugural à la réédition très, vraiment classe. Merci Denovali Records qui régale à la fois le mélomane (averti ou pas) et le collectionneur invétéré...

Switchblade / Chronique LP > [2012]

Switchblade - 2012 Symphonie des enfers, une véritable immersion dans les catacombes entourant le cœur du Royaume d'Hadès, le nouvel album des suédois de Switchblade est, de manière assez prévisible, une visite privée au cœur des profondeurs ténébreuses d'un monde musical heavy/doom/sludge confinant peu à peu, lentement mais inexorablement, à l'aliénation auditive. La "faute" en incombe notamment à ce premier mouvement (l'album en compte trois) qui, de part sa mécanique rythmique redoutable, surplombée par un riffing tellurique, emmène l'auditeur vers des contrées inhospitalières, territoires de désolation émotionnelle où l'humanité se révèle comme étant en déliquescence.

Malgré sa lenteur extrême, cette lourdeur de procession doom en forme de messe noire du sludge, Switchblade réussit à capter l'attention, là où tant d'autres composeraient une partition dont les effets se révèleraient inexistant. Conviant à son office quelques invités de marque en les personnes de Per Wiberg (ex-Opeth, ex-Spiritual Beggars), Jonas Renkse aka Lord Seth (ancien membre et fondateur de Katatonia) ou The Cuckoo de Terra Tenebrosa, le groupe densifie par la même occasion son approche stylistique en même temps qu'il repense son écriture, conférant ainsi à son album une forme de psychédélisme noir à l'épaisseur presque dérangeante. Car le deuxième acte de l'album, s'il allège un peu son propos en termes de puissance de décibels, va encore plus loin dans la "descente" au cœur des tréfonds de l'œuvre des nordiques.

Quelques discrètes et lointaines lueurs laissant fugitivement entrevoir un horizon éclairci ? Cela ne dure guère et le troisième et ultime mouvement de l'album s'en remet rapidement et plus sûrement à ses fondamentaux (post ?)-heavy/doom/sludge, cette fois aussi aride que les steppes de Sibérie un hiver particulièrement rude avant que de nouveau, l'implacable machinerie scandinave n'entre une dernière fois en action. Avec pour résultat un distillat sonore promenant son groove pachydermique le long des immensités de la toundra avant de s'offrir un dernier climax sur lequel il éructe une haine brute, nihiliste et viscérale, marquée à l'encre noire et saturant l'atmosphère jusqu'à l'asphyxie. Extrême.

Switchblade / Chronique LP > [2009]

Switchblade - S/t Ancré dans les profondeurs, magnifié par une rythmique d'une lenteur extrême, le riffing des Suédois de Switchblade se veut sentencieux, enveloppé d'un souffle venu d'outre-tombe que le vocaliste s'applique à déposer délicatement sur ces lignes de guitares, doom, heavy, sludge qui collent littéralement à la peau. Switchblade est une expérience, sensorielle et addictive, un disque lesté de plomb, caverneux et infernal qui prend le temps de manier sa science du riff tellurique comme Houdini ses effets de manche. Implacable.
Enregistré sous la houlette de Karl Daniel Liden (Dozer, Greenleaf, Vaka...) au Gröndall Studio (Breach) et masterisé par Magnus Lindberg (Cult of Luna), l'album n'est en réalité constitué que d'une seule et unique piste audio. Quarante neuf minutes d'une composition scindée en 3 parties, trois mouvements, quasiment tous aussi lents les uns que les autres, mais à l'intensité croissante. On a la longue introduction, la mise en abîme, puis enfin l'apothéose. Au programme, on l'a compris : lenteur, lourdeur et explosions viscérales, vocalises hardcore, saturation oppressive et rythmiques martelées encore et encore pour situer l'ensemble musical quelque part à la croisée des chemins entre Khanate, Kongh et Ufomammut. Hardcore.
Heavy/doom très noir, l'ensemble matiné de sludge corrosif, Switchblade nous met sous tension quasi permanente. Et s'il nous accorde quelques plages de repos, via des moments de silence quasi absolu, ce n'est que pour mieux ré-enclencher patiemment l'inexorable marche en avant de sa mécanique musicale. Glaciale et dévastatrice, la violence dépressive est ici souvent larvée, parfois pourtant, elle remonte à la surface et contemple l'apocalypse sonore qui l'entoure. Pas vraiment joyeux, minimaliste mais sans concession, Switchblade s'enfonce lentement vers les ténèbres et le pire, c'est qu'il parvient à nous faire plonger avec lui. Epuré, répétitif, difficile d'accès, mais diaboliquement envoûtant.