Switchblade - S/t Ancré dans les profondeurs, magnifié par une rythmique d'une lenteur extrême, le riffing des Suédois de Switchblade se veut sentencieux, enveloppé d'un souffle venu d'outre-tombe que le vocaliste s'applique à déposer délicatement sur ces lignes de guitares, doom, heavy, sludge qui collent littéralement à la peau. Switchblade est une expérience, sensorielle et addictive, un disque lesté de plomb, caverneux et infernal qui prend le temps de manier sa science du riff tellurique comme Houdini ses effets de manche. Implacable.
Enregistré sous la houlette de Karl Daniel Liden (Dozer, Greenleaf, Vaka...) au Gröndall Studio (Breach) et masterisé par Magnus Lindberg (Cult of Luna), l'album n'est en réalité constitué que d'une seule et unique piste audio. Quarante neuf minutes d'une composition scindée en 3 parties, trois mouvements, quasiment tous aussi lents les uns que les autres, mais à l'intensité croissante. On a la longue introduction, la mise en abîme, puis enfin l'apothéose. Au programme, on l'a compris : lenteur, lourdeur et explosions viscérales, vocalises hardcore, saturation oppressive et rythmiques martelées encore et encore pour situer l'ensemble musical quelque part à la croisée des chemins entre Khanate, Kongh et Ufomammut. Hardcore.
Heavy/doom très noir, l'ensemble matiné de sludge corrosif, Switchblade nous met sous tension quasi permanente. Et s'il nous accorde quelques plages de repos, via des moments de silence quasi absolu, ce n'est que pour mieux ré-enclencher patiemment l'inexorable marche en avant de sa mécanique musicale. Glaciale et dévastatrice, la violence dépressive est ici souvent larvée, parfois pourtant, elle remonte à la surface et contemple l'apocalypse sonore qui l'entoure. Pas vraiment joyeux, minimaliste mais sans concession, Switchblade s'enfonce lentement vers les ténèbres et le pire, c'est qu'il parvient à nous faire plonger avec lui. Epuré, répétitif, difficile d'accès, mais diaboliquement envoûtant.