Seattle, 1998 : Greg Anderson, musicien au CV long comme le bras (Burial Chamber Trio, Burning Witch, Engine Kid, Teeth of Lions Rule the Divine, Thorr's Hammer), surtout connu pour être l'âme Goatsnake mais également un artistan/business-man averti puisqu'il est parallèlement à ses activités strictement artistique le co-fondateur du label de référence qu'est Southern Lord (Black Cobra, Boris, Earth, Electric Wizard, Probot, Wolves in the Throne Room...), est donc depuis près de deux décennies une figure incontournable du hard avec un H majuscule. Et accessoirement son label, LA place-forte de sa catégorie (avec notamment Hydrahead en matière de musiques doom, sludge, drone, experimentales, (black) metal, crust-punk ou hardcore...
De son côté, Stephen O'Malley n'est pas en reste. Sorte de légende vivante de la scène hard expérimentale, l'homme a déjà collaboré avec Anderson au sein de Burning Witch et a fait son petit chemin via quelques formations cultes du calibre de KTL, Ginnungagap, Khanate ou Lotus Eaters (avec son compère de Khanate James Plotkin et Aaron Turner - Isis, Old Man Gloom etc...) quand il n'oeuvre pas en solo, qu'il ne créé pas des visuels ou ne produit par des oeuvres théâtrales pour des artistes tiers.
En 1998 donc, les deux hommes qui se connaissent depuis les bacs de la fac' unissent leurs forces pour fonder Sunn O))) (le nom leur vient en référence au groupe Earth et à leurs débuts, ils se faisaient même appeler Mars), projet drone-metal doom ultime leur permettant de repousser leurs propres limites en conceptualisant une nouvelle approche de la création musicale à tendance extrême. Quelques démos, EPs et une poignée d'albums plus tard en sus de nombreux enregistrements live et collaborations diverses et variées (avec Boris, Earth, Ulver...), le duo dispose désormais d'une discographie plus que fournie mais fait aussi et surtout figure d'incontournable sur sa scène. Se caractérisant par une extrême sobriété d'un point de vue strictement médiatique, comme dans ses performances live "formelles", (le duo joue ses morceaux drapé de longues robes à capuche enveloppé d'un épais brouillard), Sunn O))) est notamment atypique parce qu'opérant à un volume démesurément élevé, usant de guitares extrêmement lourdes, d'une lenteur lancinante afin de créer une atmosphère particulière. Unique... à son "image".
Discographie
The Grimmrobe Demos (1999) Demo
ØØ Void (2000)
Flight of the Behemoth (2002)
Veils It White (2003) EP
The Libations of Samhain (2013) Live
White1 (2003)
White2 (2004)
Live White (2014) Live
Cro-Monolithic remixes for an Iron Age (2004) EP
Candlewolf of the Golden Chalice (2005) EP
Black One (2005)
Angel Coma (2006) (split avec Earth)
La Mort Noir Dans Esch/Alzette (2006) Live
Altar (2007) (split avec Boris)
Oracle (2007) EP
Dømkirke (2008) Live
Monoliths & Dimensions (2009)
Grimmrobes Live 101008 (2009) Live
Rehearsal Demo Nov 11 (2011) Demo
Sunn O))) Meets Nurse With Wound: The Iron Soul Of Nothing (2011)
LA Reh 012 (2014) Demo
Terrestrials (2014) (collaboration avec Ulver)
Infos sur Sunn O)))

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Et ça tu connais ?
Liens pour Sunn O)))
sunn.southernlord.com: Site officiel (261 hits) sunn.bandcamp.com: Bandcamp (258 hits) Sunn O: Facebook (257 hits)
Sunn O))) discographie sélective
Liens Internet
- Keritsu : webzine rock indépendant de Lyon
- Les acteurs de l'ombre : webzine éclectique sur le métal
- The HardCore Source : Webzine HardCore
Métal > Sunn O)))
Biographie > La terre tremble!
Sunn O))) / Chronique LP > Kannon
La relation que j'entretiens avec Sunn O))) est quasi inexistante, nourrie par quelques mauvaises expériences d'écoutes approfondies piochées ci et là dans la riche discographie du duo, seul ou avec les copains die-hard fans qui d'ailleurs ne comprennent pas toujours pourquoi on ne se délecte pas d'un bon drone-métal expérimental, et qui aiment toujours te raconter leurs oppressantes et étonnantes expériences live avec le groupe.
Et puis pas mal de ressentis frustrant (des préjugés ?) ont émergés au fil des écoutes, comme par exemple :
- beaucoup de bruit pour pas grand chose (alors que j'aime le bruit)
- des morceaux sans début, ni fin (oui, oui ! Mais pourquoi pas ?)
- des enregistrements de réglages de guitares (WTF ?!?)
- un délire d'initiés mystico-occulte qui peut malheureusement être mal compris/interprété, être assez repoussant voire saoulant à la longue, surtout lorsque les morceaux atteignent parfois les quasi 20 minutes...
Bref, autant de raisons qui ne facilitent pas l'adhésion au drone-doom de Stephen O'Malley et Greg Anderson. Et puis en 2014 sort Terrestrials, un split avec Ulver, une formation que je respecte au plus haut point. C'est le moment de la réconciliation, surtout que l'album n'est pas loin du coup de maître. En 2015, j'ai l'occasion de voir Sunn O))) pour la première fois à Dour en condition festival, alors que la nuit n'est pas encore tombée. A aucun moment, je ne rentre dans cette énergie libératrice tant vantée par les afficionados. Pire, j'ai juste l'impression d'assister à la plus grosse arnaque artistique du siècle ! Encore une occasion perdue d'apprécier cette messe noire.
Kannon, le petit nouveau, est sorti l'hiver dernier. C'était annoncé quelques mois avant. Après une occasion ratée de les voir au Palais de Tokyo à Paris entouré de bons bobos parisiens élitistes (annulation post-13 novembre), et de profiter de ça pour me plonger dedans en avant-première, je reçois le disque. Juste le disque, ni pochette, ni boitier. Ca commence bien. L'album se compose de 3 pièces (Kannon 1, 2 et 3), élaborées par O'Malley, Anderson, tous deux accompagnés du chanteur hongrois de black métal Attila Csihar, déjà présent auparavant sur plusieurs œuvres de Sunn O))), qui vient poser pour l'occasion ses grognements, hurlements et incantations sur des plages fortes en saturation et larsens.
Ce septième album, dont le nom fait référence à une déesse bouddhiste de la compassion qui entend les cris du monde, est un hymne supplémentaire au bourdon vibrant de basses ascendantes et descendantes. Une atmosphère à la fois tendue et méditative où il est difficile de discerner les différentes teintes sonores qui le composent, tant l'ensemble qui transparaît se veut monolithique. A la limite, seule la voix se démarque quand elle n'est pas trop dissimulée par les ondes galopantes des guitares et basses. Au sein de ses 35 minutes, Sunn O))) travaille toujours sur la recherche d'un minimalisme plombant doté de répétitions tel un râga indien dévoilant sa propre expérience mystique. Il vous faudra de nombreuses écoutes pour éviter de passer à côté du lot de subtilités que contient la tension permanente de ce Kannon. Si le résultat reste pour le moins non surprenant, hormis peut-être le fait qu'il soit le plus accessible de sa discographie (mais ça reste à prouver), le duo de Seattle reste néanmoins toujours autant digne de curiosité.
Sunn O))) / Chronique LP > Terrestrials
Collaboration exceptionnelle réunissant le monstre incontournable de la scène drone au sens large et l'ex-icône black-metal des 90's devenue au fil des temps et de son évolution artistique naturelle, une exception au sein de la mouvance ambient/rock psychédélique/électronique, Terrestrials marque donc la collision créative entre Sunn O))) et Ulver. Soit une collusion des genres orchestrées par le poids lourd Southern Lord (Boris, Earth, Electric Wizard, Pelican.). Mais si elle voit le jour début 2014, cette création co-signée par les deux entités date à l'origine de 2008 et aura donc mis un peu de temps à émerger sur support discographique. L'attente en valait clairement la peine.
Le résultat tient en trois pièces improvisées lors des sessions studio réunissant les deux entités et qui se sont donc tenues il y a quelques années maintenant du côté d'Oslo (en Norvège pour les zéros en géo'). Pour trois mouvements fluides à la densité magmatique, des compositions amples, cosmiques comme enfantées dans un cocon de liberté, à l'écart du monde. Sunn O))) vs Ulver marque donc l'association d'idées réunissant pour ainsi dire deux courants de pensée artistique en matière d'architecture sonore à tendance expérimentale. L'un qui relève quasiment du romantisme idéaliste (Ulver), l'autre, retranché dans ses penchants que l'on qualifiera d'extrêmes sinon légèrement jusqu'au-boutiste. Et c'est cette conjugaison sensorielle qui donne tout son relief à Terrestrials, entre drone-doom expérimental et (post)rock séminal consciencieusement minimaliste, notamment le temps d'un "Let there be light"-fleuve (près de onze minutes trente au compteur) et fascinant.
Par leurs circonvolutions drone-doom magnétiques effleurant parfois les contours du doom-jazz, les deux entités réunies sur Terrestrials renvoient régulièrement l'auditeur aux travaux d'un Bohren & Der Club of Gore ou d'un The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble, ce avec une maestria évidente. Pourtant, peu à peu, la matière sonore proposée ici gagne en pesanteur, assombrit ses atmosphères de manière à laisser libre champ à ses velléités "expérimentales", jusqu'à envelopper le tout d'une noirceur résiduelle aussi palpable qu'envoûtante ("Western horn"). On s'attend dès lors à un dernier titre invitant à une visite guidée des enfers ou tout du moins de territoires sonores inhospitaliers et pourtant, Sunn O))) et Ulver livrent un "Eternal return" en forme d'ode à la mélancolie bruitiste douloureuse. Une ultime pièce longue de quelques treize minutes pour un voyage sans retour (pas comme son titre) vers les frontières de la dépression et de l'abandon psychique. Sans concession, à la fois beau et effrayant, jusqu'à une ultime poignée de secondes toutes en résignation décharnée.
Parce que la montagne annoncée a finalement accouché d'un monstre, un kraken sonore déflorant à l'envie des territoires immaculés avant d'imprimer sa marque, indélébile dans dans la psyché de son auditeur.
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