Suicide Silence - The black crown Bon on va faire court : si Bring Me the Horizon s'est imposé depuis quelques temps comme le (burger) king de la scène deathcore actuelle, son statut pourrait bien être menacé par un poids-lourd du genre, tout droit débarqué de l'autre côté de l'Atlantique pour croiser le fer avec le prétendant naturel au trône métallique. Avec The black crown, les Suicide Silence puisque c'est d'eux dont il s'agit, traversent donc l'océan comme une horde de guerriers barbares à l'appétit décuplé par une soif de pouvoir devenue inextinguible au fil des mois passés dans l'ombre du roi BMtH. Le prestige de la couronne, ça va un temps, l'heure est venue de faire couler le sang. Et ça les Suicide Silence, c'est leur rayon.

Les premiers titres carbonisent les neurones en même temps qu'ils permettent au groupe de faire parler sa puissance de feu, démentielle et implacable. On peut ne pas être spécialement fan du style pratiqué, les américains font quand même bien mal aux cheveux dès lors qu'ils font étalage de leur bestialité au corps à corps. "Human violence", tout est dans le titre, en est l'illustration parfaite : brutal, thrashisant, hardcore-punk sur les bords, découpant des pans entiers de tympans à coups de riffs en mode scie circulaire et de double-pédale moissonneuse-batteuse. Un chant habité par la haine mais qui part tellement dans les aigus que ça en devient un peu pénible, une débauche d'énergie démentielle ("You only live once") pour combler les trous et martyriser l'ennemi jusqu'à ce que mort s'ensuive, The black crown vire à la boucherie death/metalcore, a une grosse tendance à se répéter mais c'est aussi dans la multiplication des assauts que l'on épuise l'adversaire.

Un véritable siège deathcore auquel se livre le groupe : "Fuck everything", "Smashed" feat. le hurleur de Suffocation Frank Mullen ou "Witness the addiction" avec un certain Jonathan Davis de KoRn en guest de "luxe", voilà de quoi enterrer l'auditeur bien comme il faut, mais l'enterrer vivant. Chez Suicide Silence, ça en rigole pas, on ne vainc pas l'adversaire, on l'éradique sans une once d'humanité pour les victimes collatérales. Les guitares crachent le feu, la section rythmique nous marche dessus pendant que le préposé aux beuglements s'époumone jusqu'à s'en déchirer les cordes vocales. Et pendant que l'on tente difficilement de ramasser les morceaux, Suicide Silence contemple les ruines encore fumantes de l'armée adverse avant de lâcher un "Cancerous skies" juste pour le plaisir carnassier de faire hurler les décibels une dernière fois afin d'éliminer toute trace des ultimes survivants. Un pilonnage au napalm (death) systématique qui nous dévitalise la mâchoire et sème la désolation tout autour de lui. Parce que Suicide Silence ne fera pas de prisonnier. Extrême.