ASL | Nadja - Primitive North Collaboration orchestrée par l'excellent label Robotic Empire entre les (trop) critiqués A Storm of Light et les (très) respectés Nadja, Primitive North est un split qui promettait assurément de faire des étincelles. Après quelques minutes d'écoute, le verdict tombe : ce split vaut plutôt le détour. Si ce n'est certainement pas avec les deux titres (+ un remix) présent sur ce CD que A Storm of Light se réconciliera avec ses détracteurs, le duo Nadja propose de son côté ce qu'il sait faire de mieux, soit empiler les parpaings drone/noise industriels afin d'ériger devant nous un véritable mur de saturation. Implacable dans son genre. Postcore assez ouvertement "Neurosien", un peu de noirceur en moins, quelques claviers en plus, ASoL dévoile sa partition avec le diptyque "Brother"/"Sister". L'ambiance est assez dark mais pas aussi étouffante qu'on aurait pu le croire, le groupe cherchant à aérer sa musique au maximum pour mieux jouer sur les contrastes. Le résultat, s'il est encore assez éloigné du chef-d'oeuvre absolu, reste tout à fait honorable et confirme les impressions entrevues sur And We kept the black ocean within. En clair, le groupe ne méritait certainement pas d'être descendu en flammes lors de la sortie de l'album, ce, même si on était sans doute en droit d'attendre mieux de Josh Graham et sa bande. En prime on a même un bonus avec le remix du titre "I make from your eyes the sun" signé Nadja et exécuté par ASoL.
Nadja justement, on y vient. Leah et Aidan sont notamment réputés pour leur productivité quasi surhumaine et les innombrables sorties à venir du duo (mari et femme à la ville d'ailleurs) ne viendront que renforcer cet état de fait. Les deux groupes jouent la proximité mais se différencient également par leur approche artistique. Là où les américains compactent "I make from your eyes the sun" en quelques 13', les canadiens prennent leur temps et étirent le même titre sur plus de vingt minutes de noise/drone/doom bourdonnante et sursaturée à souhait. Du Nadja dans toute sa splendeur en sommes : lent, vénéneux, répétitif mais inexorablement addictif. Ceux qui appréciaient déjà avant seront comblés, les autres pourront éteindre la chaîne hi-fi, le couple n'étant apparemment pas près à faire un quelconque compromis quant à la teneur de sa production discographique. Si évolution il y a, on ne peut que rarement parler de révolution stylistique chez ce groupe hors du commun... et en même temps, il apparaît comme assez complexe de chercher à remanier profondément les codes de la musique drone/doom. Pourtant on se dit après un bon quart d'heure que le groupe pourrait essayer de varier sa palette musicale, qu'il devrait essayer de prendre un peu plus de risques, quitte à déplaire et à se rattraper sur la sortie suivante. Dans l'immédiat, ce split rempli allègrement son quotas de gros son et de compositions soignées. Peu de surprises au demeurant, mais du travail plutôt (très) bien fait.