Dose de sludge/doom bien grasse et oppressive pour la partie instrumentale, littéralement possédée par le Malin en flirtant avec un hard/black des familles au niveau vocal, Stoneburner, pilier de bar de la scène underground de Portland (USA), franchit ici ses frontières natales avec un Life drawing distribué par l'intermédiaire de la référence Neurot Recordings. Un deuxième album studio pour les bûcherons américains et une sacrée tartine du genre, bien protéinée et biberonnée à la testostérone, qui dès l'inaugural "Some can" posent les c......s sur la console de mix et s'époumonent pour tout démolir sur leur passage. Et ça ce n'est encore que le premier titre.
La suite, avec notamment un "Caged bird"-fleuve (qui passe allègrement la barre des dix minutes), véritable mètre-étalon de la lourdeur sludge pachydermique mais qui prend également le temps de ciseler des atmosphères doom psychédéliques avant un petit climax vocal méphistophélique, atteste de la capacité du groupe à tenir la distance. Sur l'intense et féroce "An apology to a friend in need", comme sur le très contrasté "Pale new eyes" pour lequel les Stoneburner passent du doom-rock psyché aérien et lumineux à un sludge-black à la noirceur tellurique. Malsain et prégnant à souhait, le riffing dément en plus évidemment. Parce qu'en la matière, les Américains, lorsqu'il s'agit de balancer du gros son qui tronçonne bien comme il faut, n'y vont pas avec le dos de la cuillère.
Mais pas que. Si bien que le temps de quelques interludes plus apaisés ("Drift", "Giver of birth"), les natifs de Portland mettent un peu de douceur dans leur musique de brutasses avant de se la jouer rock'n'roll (mais à leur façon tout de même) sur un titre de stoner-metal bien torturé : "Done", pour lequel le groupe fait preuve de choix artistiques assez détonnants bien que parfaitement maîtrisés en termes de rendu final. Preuve que ce n'est pas parce qu'on ferraille sur un registre a priori balisé que l'on doit oublier la nécessaire - parce que salutaire bien souvent - prise de risques. Pour autant, cela n'empêche pas le groupe de revenir à ses fondamentaux en matière d'envoyage de bois sur le très court (pour eux tout du moins) mais sauvagement burné "You are the worst". Un dernier titre pour la route avec un "The phœnix" en forme d'ultime roller coaster émotionnel et voilà que Stoneburner parachève son album sans jamais desserrer son étreinte métallique. HARD.