Il y a 15 ans, je découvrais en Stone Sour un groupe capable d'écrire de vrais titres avec ce qu'il faut de mélodies et de rage et je m'interrogeais sur le futur de ce side-project radicalement différent de Slipknot. Les quatre albums suivants ont plutôt plaidé la cause du job d'été, celui où sans trop te casser le cul, tu amasses de la thune pendant les vacances des autres. Depuis 2013 et le mi-figue mi-raisin House of gold & bones Part 2, Jim Root a quitté le navire (remplacé par Christian Martucci) et le combo a sorti 2 EPs de reprises trop respectueuses de leurs aînés (Alice In Chains, Black Sabbath, Judas Priest, Metallica, Iron Maiden, The Rolling Stones, Slayer...) pour être intéressantes. Quid de cet Hydrograd ?
Le nom, la couleur, le design, les typos sont à la mode soviétique mais ce n'est pas un album sur la guerre froide ou les liens entre Trump et Poutine, c'est surtout une déco cool. L'album démarre plutôt bien avec une intro instrumentale pas trop mal ("YSIF") et un "Taipei person / Allah tea" très rock sur le refrain (avec un chant pas loin de Foo Fighters) et bien rentre-dedans sur les autres parties. Et alors qu'on pense enchaîner avec un deuxième titre du même acabit avec "Knievel has landed", grosse déception avec le chorus et ses choeurs tout pourraves, vraiment dommage car le reste et la dynamique générale envoient du lourd. Il y a comme ça plusieurs titres qui semblent sabotés par des mauvais choix alors qu'ils tenaient la route dans leur structure (quelques lignes de chants sur "Fabuless", des solos téléphonés un peu partout) et d'autres qui sonnent moyen ("Song #3", "Rose red violent blue (This song is dumb & So am I)"). Stone Sour nous sert également notre ration de morceaux larmoyants en douceur plus ou moins bien sentie ("When the fever broke" plus touchant que "The witness trees" ou "St. Marie"). Ce qui fait l'intérêt de l'opus, c'est sa deuxième partie avec un excellent "Mercy" et le hat trick plus bourrin "Whiplash pants", "Friday knights" et "Somebody stole my eyes", le dernier tiers de la galette est donc de très bonne facture et quand on y ajoute les compositions correctes (voire même très bonnes comme "Hydrograd"), le quintet obtient une moyenne honorable, en tout cas bien plus satisfaisante que celle de ses dernières sorties.
Dans la guéguerre qu'ils mènent avec Nickelback, Stone Sour n'a pas de leçon ni à donner ni à recevoir, les deux groupes ont des histoires et des approches différentes et sont tous les deux capables d'écrire quelques bons titres comme des trucs imbuvables.
Publié dans le Mag #29