Metal Métal > Stömb

Biographie > avec tréma et crochets

En 2012, quatre parisiens fans de métal instrumental se réunissent autour d'une idée commune : monter un groupe à la fois métallique et exigeant où les atmosphères seraient reines : [Stömb]. Tom et Aurélien sont aux guitares, Alexandre à la basse et Olivier à la batterie, ils enregistrent d'abord un EP (Fragment) en 2013 pour se faire connaître et ça marche puisqu'ils placent un titre ("The consuming insiders") sur la compil' Ghost ship sworn enemy (début 2014) et arrivent ainsi à nos oreilles. C'est donc avec une certaine excitation qu'on se plonge dans leur premier opus autoproduit The grey livré en janvier 2015.

Stömb / Chronique LP > Massive disturbed meta art

Stomb - Massive Disturbed Meta Art Dans un registre très différent de Wuw, Stömb réussit lui aussi un formidable album de métal instrumental, rarement un opus aura été aussi ouvert, varié, riche et plaisant ! À leur solide expérience, les Parisiens ont ajouté quelques-unes de leurs connaissances pour faire de Massive disturbed meta art une collection de dix morceaux ultra dynamiques et percutants.

"The realm of delirium" annonce la couleur, c'est (et ce sera) du très haut niveau ! Aux sonorités des instruments qui s'entrechoquent, le groupe a ajouté la voix de Laure Le Prunenec (ex-Igorrr, Öxxö Xööx, Rïcïnn...), des bribes de phrases virevoltent au-dessus du chaos, apportant un peu de fraîcheur et de lumière à une base magmatique assez rugueuse, le mariage est subtil, le résultat impressionne. Moins chargé en couches musicales mais non moins en émotions, "Sidereal lucid dreamer" nous emmène en promenade sur un rythme haché mais avec des riffs chaleureux et des samples plutôt amicaux. L'ambiance devient super chill avec "Kaleidoscope", place au zen avant l'avalanche d'accords et ces nappes de clavier qui obscurcissent un titre jusque-là très lumineux et qui le redevient après l'orage. L'électro de "The extantrasy" vient bousculer notre esprit (sans être aussi froide et machinale que The Algorithm), Léo Natale vieil ami du groupe (et membre de The Dali Thundering Concept), apporte sa patte et un rythme déstructuré. Son autre intervention sur "An absence of sun" est bien plus posée avec des sons plus graves et une métallisation assez tardive. Entre les deux compositions, on découvre "Meta art" marqué par la présence de Jorgen Munkeby (Jaga Jazzist, Shining...) qui livre ici une performance au saxophone éblouissante, j'adore quand cet instru vient se mélanger à de telles idées. "In the eye of Aghemahra" enchaîne les mouvements, augmente les cadences, on prend des grosses baffes de djent, ça speed, ça démonte et comme c'est la piste la plus longue de l'opus, on la déguste encore plus ! Moins rapide et avec quelques aigües, "Of absolute white" suit la même volonté de jouer à la fois sur une forme de douceur et sur la brutalité. Si on peut aussi qualifier certaines plages de prog', "The altered" propose un chemin inverse avec un decrescendo, plus on avance, moins les instrus sont présents et plus la rythmique s'adoucit et s'efface, et ça reste très efficace. L'album se referme avec "Transcendence" où s'illustre Quentin Godet (guitariste de Kadinja) avec un solo de haut vol qui vient exciter un titre plutôt calme dans son ensemble.

Métal, djent, électro, indus, heavenly, prog, heavy, ... Massive disturbed meta art compile les influences et les amalgame avec un talent extraordinaire pour former un tout homogène dans ses différences, particulièrement prenant et kiffant. Stömb repousse ainsi les limites de l'expérience instru-metal.

Publié dans le Mag #55

Stömb / Chronique EP > Duality

Stömb - Duality L'art du concept album est casse-gueule, alors quand c'est instrumental, métal et quelque peu progressif, c'est encore moins évident... Abysse et Hypno5e s'en sont sortis, tout comme [Stömb] qui a choisi le thème de la dualité, un sujet relativement plus abordable du fait de l'aisance du combo à jouer sur des ambiances sourdes et oppressantes comme sur d'autres plus éthérées et lumineuses. Pour épaissir le propos et éclairer nos lanternes, le groupe a ajouté quelques textes : une voix (parlée, en anglais) sur "A voice in my head" et le poème du jeune marocain francophone Khalid El Morabethi déclamé sur "The other me". La cohabitation du bien et du mal, du beau et du monstrueux dirige les débats et les ébats, la lutte est intérieure et si la sérénité et l'apaisement semblent l'emporter ("Contemplation of the cold" ramène le calme entrevu au départ sur " The dark admirer"), on se dit que ce n'est que temporaire tant l'autre partie semble puissante ("We, the duality", "The red way") et capable de torturer son hôte avec des riffs fracassants, des rythmes venimeux et des saturations incisives. Pour nous, [Stömb] peut se battre et se débattre sans fin puisque c'est ce combat qui nous fait triper.

Publié dans le Mag #32

Stömb / Chronique LP > The grey

Stomb - the grey "The complex", près de neuf minutes de méandres métalliques avec un nom évocateur que l'on peut adjectiviser histoire de se mettre dans le bain tout de suite : [Stömb] ne fait pas du tout dans la facilité. Et en parler n'est pas forcément aisé non plus, comment décrire cette musique qu'on a du mal à identifier et à comparer avec quelque chose de connu ? Même si le quatuor joue sur les contrastes, ce n'est pas du post hardcore, même si les constructions peuvent parfois sembler savantes et alambiquées, ce n'est pas non plus du math métal, doit-on parler de métal prog ? On n'est pourtant pas tout près de Porcupine Tree, on va donc se résigner et se simplifier la tâche en présentant [Stömb] comme un groupe de métal instrumental excellent.

Une approche hors du commun, une aisance technique phénoménale sont des avantages certains mais si c'est pour créer des titres ennuyeux et plats, ça ne sert à rien, ceux présents sur The grey sont d'une richesse infini, on ne s'arrête pas à 50 nuances mais on va bien plus loin avec dix morceaux qui s'étendent au-delà des 6 minutes (sauf l'interlude "The crossing" à la clarté reposante et "Rise from nothing" qui tendu et nerveux s'arrête 20 secondes avant la barre annoncée) et nous emmène dans un univers sombre, tortueux et excitant car on ne sait jamais ce qui nous attend à la prochaine mesure.

Enregistré par leurs soins, mixé par ceux d'Andrew Guillotin (Danforth, Evolvent, Monolithe...), masterisé par Acle Kahney (le guitariste de TesseracT), dessiné au Strychneen Studio (une si ce n'est la référence ces dernières années en terme d'artwork de très grande classe, la preuve avec ceux déjà réalisés pour Hacride, Noein, Trepalium, Klone, Khynn, The Arrs, Memories of a Dead Man...), The grey cumule les qualités techniques et artistiques, plus qu'une révélation c'est déjà une démonstration de talents à l'état pur.