Steven Wilson - Hand. Cannot. Erase. Prend-t-il des vacances ? Travail en studio (il adore remixer et remasteriser de vieux albums mais est aussi producteur), travail en groupe (si Porcupine Tree est en pause depuis quelques années, il a monté Storm Corrosion avec Mikael Akerfeldt d'Opeth et est toujours actif dans divers projets) et bien sûr carrière solo, Steven Wilson a sorti cette année son quatrième album solo depuis Insurgentes 2009 ! Donc non, il ne prend pas de vacances. Et non seulement, c'est un bosseur acharné (pas une seule seconde de ses productions ne sont laissées au hasard) mais en plus, le gars a de bonnes idées à ne plus savoir qu'en faire... Parce que la quantité, c'est très bien mais quand en plus il y a la qualité, on ne peut que s'interroger, tant de talent pour un seul homme, est-ce bien raisonnable ?

Hand. Cannot. Erase., la main ne peut effacer ... l'amour, celui qu'on a pour ses proches, sa famille, c'est le thème de cet opus qui semble très intime, encore plus personnel que les précédents. Un amour indélébile mais qui peut disparaître pour certaines personnes telle Joyce Carol Vincent, une anglaise décédée à 38 ans et dont on a retrouvé le corps chez elle, dans son lit, près de 3 ans après sa mort (d'où "3 years older"). Aux sentiments et au temps qui passe, Steven Wilson ajoute une sorte de nostalgie des matins calmes, de petits riens qui font que la vie est belle quand on est bien entouré ("Perfect life", "Routine"). Lui s'est s'entouré puisqu'outre ses musciens "habituels", il a convié le phrasé de Katherine Jenkins (une très jolie chanteuse galloise qui touche autant au classique qu'à la pop) et la douceur éthérée de Ninet Tayeb (une pop star israélienne qui prend notamment part au plus épique et tortueux morceau prog de l'album : "Ancestral").

L'ensemble est pop-prog-rock avec quelques minimes incursions métalliques ("Home invasion") et de belles plages ouatées ("Transience"). Parfois alambiqués, les titres oscillent entre le travail solo de Roger Waters (période Amused to death) et celui de son ex-compagnon de jeu David Gilmour (dont le style de solo de guitare en a marqué plus d'un). Avec un tas d'idées, un tas d'instruments (méllotron, orgue Hammond, banjo, piano, flute, saxophone...), un tas d'ambiances, Steven Wilson réussit un amalgame où tout s'écoute avec une certaine facilité malgré le fourmillement de sons et la complexité de l'assemblage et là encore, il en faut du talent pour réussir un tel exploit...

En bonus, une version "grand son" de l'album sur DVD (DTS 5.1, stereo LPCM...) où chaque titre est accompagnée d'images (dans la veine de celles du magnifique livret, à savoir dessins d'enfants, photographies de grande classe et travaux dans le genre de ceux qu'il a réalisé pour le sublime artwork), des photos prises en studio et un documentaire sur l'enregistrement au Air Studio de Londres, durant un peu moins de 30 minutes, on est au coeur du processus de fabrication de l'album avec Steven Wilson himself, dommage que ce soit réservé aux anglophones...