Steven Wilson - The Raven That Refused to Sing Jamais deux sans trois, après Insurgentes puis Grace for drowning, voici le retour du roi Steven Wilson avec un nouvel opus solo venant s'intercaler entre ses multiples productions diverses et variées (les projets Bass Communion, Blackfield, No-Man et Storm Corrosion, les récents enregistrements live CD, DVD et Blu-Ray de ses tournées) : The raven that refused to sing. Un disque pour lequel le leader de Porcupine Tree est entouré d'un cast 5 étoiles : Adam Holzman aux claviers, Theo Travis aux saxophone, Guthrie Govan à la guitare ou Marco Minnemann derrière les fûts, sans parler de Monsieur Alan Parson aux commandes de la prod' (oui, l'ingé son de The Dark side of the moon des Pink Floyd, ça calme...). Pour un résultat rock/prog old-school et classieux à souhait.

On aurait pu craindre quelque chose d'extrêmement démonstratif, il n'en sera rien. Et dès l'inaugural "Luminol", on comprend que le maître a mis les petits plats dans les grands pour livrer une sorte d'exégèse du rock progressif des 70's (King Crimson et Pink Floyd en tête). Les instrumentations, les lignes mélodiques, harmoniques et autres petites finesses à peine perceptibles à la première écoute sont constellées d'élégance rare. "Drive home" est ainsi une ode à l'amour d'un genre que d'aucun trouvent (à tort) has-been. En même temps, en créateur/démiurge intelligent, Steven Wilson a le bon sens de rendre son album suffisamment accessible pour attirer le néophyte... mais également largement assez inspiré et finement aiguisé en terme de songwriting pour convaincre le plus blasé des inconditionnels du genre. C'était mieux avant ? Oui et non. Enfin, oui... mais pas que.

La classe folle de faire un album qui aurait pu naître dans les années 70 mais au XXIe siècle, Maître Wilson pouvait largement se le permettre eu égard à sa crédibilité immense. Mais vouloir n'est pas toujours pouvoir, surtout à ce niveau d'écriture. Sauf que lui... bah il peut. Si bien qu'après un Storm corrosion composé à quatre mains avec Mikael Åkerfeldt d'Opeth un peu décevant au regard du background de ses auteurs, le génie anglais se réveille et fait des merveilles avec un titre du calibre de "The holy drinker" aux fulgurances King Crimsoniennes électrisantes. Et si on trouvera quelques longueurs dues à des facilités vocales sur "The pin drop", "The watchmaker" renoue avec la virtuosité créative du meilleur de Steven Wilson, ses digressions folles, ses arpèges en cascades et ses hommages à peine dissimulés à Yes ou Genesis (et malgré tout quelques choeurs un peu pompeux). Pas grand chose à redire sur le fond ou la forme, en témoigne le très beau morceau éponyme final, le leader de Porcupine Tree célèbre ses mentors et le fait en démontrant sans l'ombre d'un doute que lui aussi est un GRAND. En majuscules s'il vous plaît, histoire de se faire adouber par ses pères spirituels et anoblir par ses pairs. Respect Sir...