Après un petit problème technique lors de l'IguanoRock, l'interview de Stéphane Buriez se fait dans son antre, le LB Studio qui est devenu le LBLAB. Chanteur/guitariste de LoudBlast puis actuellement de Clearcut, ingénieur du son, directeur artisitque, producteur, Stéphane sait tout faire et est un personnage incontournable sur la scène française, voilà ce qu'il avait à nous dire à la veille de l'ouverture de son nouveau bébé qui devrait devenir le centre de gravité du métal nordiste puis national...
A l'école, quand on te demandait ce que tu voulais faire plus tard, tu répondais quoi ?
Ca dépend des périodes... Quand j'étais môme, je voulais pas faire de musique en fait, je ne viens pas d'une famille où on pratiquait de la musique ou ce genre de choses. Quand j'étais môme je voulais être vétérinaire je crois, j'aimais bien les animaux tout ça et au fur et à mesure que j'avançais dans mes études, je me suis rendu compte que j'étais pas fait pour (rires). Mais j'ai continué d'en faire parce que tu es chez tes parents, quelque part tu leur es redevable de bien travailler à l'école comme tous les ados. J'ai commencé à m'orienter définitivement vers ce que je fais maintenant, enfin d'abord m'occuper de mon groupe, après ma première année de fac, parce que je me suis tellement fait chier qu'il fallait que je fasse quelque chose. Et à l'époque LoudBlast commençait à avoir un petit nom, on jouait pas mal en Belgique, c'était vraiment le début du trash métal en France, tout était à faire, il fallait défoncer les portes et quelque part c'était assez excitant de voir autant de tape-trading entre les groupes, tout un réseau de fanzines sur la planète, ce qui se fait maintenant avec le net, nous, on le faisait par courrier... C'est un peu comme ça que je n'ai fait que de m'occuper de LoudBlast pendant que les autres continuaient leurs études, moi je m'occupais exclusivement du management, trouver des contacts, répandre le nom du groupe partout. Ca aprés ma première année de fac...
Fac de quoi ?
J'ai fait une année d'AES, Administration Economique et Sociale, j'aimais bien l'économie mais le droit ça me prennait trop la tête, et j'ai fait 2 ans d'anglais littéraire, ça c'était très intéressant mais malheureusement je n'ai pas eu le temps d'aller au-delà de ce que j'avais commencé. Le groupe avait pris de l'essor et il fallait prendre une décision...
Donc y'a eu LoudBlast, tu as créé les LB Studio où tu enregistrais surtout des groupes de la région
Au début oui...
Tous ces groupes te sont aujourd'hui redevables, tu as conscience que tu as créé une scène ?
Nan, je ne crois pas avoir créée une scène, il y a surtout eu un outil de travail qui manquait. D'abord dans la région au départ et maintenant en France, il y a de plus en plus de groupes qui viennent de partout, de France, de Suisse maintenant, j'espère que j'aurais des groupes belges bientôt. Je dirais qu'il y avait besoin d'un outil de travail et d'une personne qui sache s'en servir, qui sache ce que c'est qu'un groupe de trash métal, de death, de métal en général, qui fasse de la musique avec des machines ou sans. Et qui avait une approche du son autre que celle qui était proposée dans notre plat pays, notre beau pays. Dans l'hexagone, beaucoup de prod' sonnaient malheuresement très pauvres et ne pouvaient pas rivaliser avec des prod' étrangères. Je ne me situe pas au niveau des mecs comme Richardson et les gros producteurs parce que je n'ai pas leur expérience pour l'instant, ça ne fait que 5 ans que je fais ça, il y a encore beaucoup de boulot. J'ai du boulot derrière moi, j'en ai encore beaucoup devant moi, c'est assez bandant. C'est un boulot où t'as jamais fini d'apprendre, t'as jamais terminé de te perfectionner, de trouver des nouvelles façons de changer des sons, etc. C'est une constante recherche, c'est génial, chaque groupe, c'est une nouvelle expérience, y'a pas le train-train qui s'installe.
Y'a aussi le matériel qui a beaucoup progressé au niveau des techniques
Aussi, c'est vrai que là, en l'occurence on avait pas encore investi dans un ordi parce qu'on voulait prendre un truc qui tient bien la route, le mois prochain, non, ce mois-ci, on est en octobre... Ce mois-ci on achète un gros Mac avec tout ce qui va autour, les plug-in qui sont nécessaires, les logiciels, une bonne carte son, c'est un gros gros investissement mais c'est l'étape nécessaire, en ce qui nous concerne aux LBLAB, pour encore améliorer nos productions. Un studio c'est aussi ça, c'est un gouffre à fric, faut vraiment faire gaffe, faire les bons investissements aux bons moments, pas se précipiter, ça fait un an que j'ai envie d'avoir un ordi, pour l'instant je bossais avec mon vieux truc et ça allait très bien mais maintenant il est clair qu'il faut passer à autre chose. D'abord l'ordi, puis l'année prochaine on change de console, on rachète des micros, on investit tout le temps tout le temps ! Il faut être à la pointe aussi...
On a parlé des Loud, il y a une reformation exceptionnelle pour le plaisir dans pas longtemps.
Il y une fondation pour Chuck Schuldiner de Death, on a été le premier groupe à être contacté par Iside de Metallian qui est à l'origine de ce projet. Il se trouve que c'est à la fois marrant, ça nous fait marrer de le faire, même si on avait dit qu'on ne se reformerait jamais, mais là c'est différent. C'est pour une oeuvre, on joue pour pas un rond, on est juste là comme les autres groupes pour ramener des gens, ramener des sous et puis on va faire des reprises de Death, on va peut-être faire un morceau des Loud, on verra... C'est Alex d'Agressor qui va jouer avec nous ! Nicolas, l'ancien gratteux a tout arrêté et ne désire pas remonter sur une scène, et puis c'est légitime que ce soit Alex, on se connaît depuis tellement longtemps, on a tellement fait de choses ensemble que c'était évident que c'était lui qui devait le faire
Et ce sera...
En novembre, c'est le 18 novembre, ça va être fun. Et puis Death, c'est un groupe qui nous a énormément influencé dans LoudBlast, on a tous était super fans de Death, on a tourné avec eux, avec Chuck, on a toujours eu de très bons rapport, y'a plein de gens disent que c'est un trou du cul, avec nous ça c'est toujours bien passé, ça a été un vrai pote, un mec qui vient te dire bonjour pendant que t'es en train d'enregistrer. On bossait au Morrissound, à chaque fois il passait nous dire bonjour. C'est sympa, c'est pas juste des rapports de musicien "salut, ça va" quand on se croise dans les concerts.
Là, tu lances le "pole musical" avec François Jamin (Ex-LoudBlast) et des gens de No Flag, le LBLAB, tu peux nous parler de cette structure...
En fait, le LBLAB, au départ, c'est le studio, on voulait crééer cette structure pour le studio parce qu'il fallait qu'on change de statut. On lorgnait sur l'entrepôt d'à côté depuis bien longtemps, il s'est libéré à une époque qui ne nous arrangeait pas spécialement mais il a fallu se dépécher, on était plusieurs à avoir déjà discuté de ce projet, on s'est revu à ce moment-là et on a décidé de construire des salles de répétition, il en manque toujours, y'a toujours des groupes qui n'ont pas de salle. Là, on a choisi d'en faire trois, à l'heure ou au forfait, ce sera des arrangements avec les groupes, et une salle résident. Ce sont des salles équipées, avec du super matos, on n'a pas mis des petits combos tout pourris, y'a un kilo de son (1.000 Watts) en sono, pour le chant, les claviers ou peu importe, y'a des batteries, y'a que du matériel neuf et du très bon matériel. Et l'accoustique est super aussi, on a voulu soigner ça, on a mis le temps à ouvrir, on voulait ouvir au mois de juillet, mais ça aurait été ouvert dans n'importe quelles conditions et c'est pas trop ce qu'on avait envie de faire... Ca se veut un pole musical, parce que un studio, des salles de répétition, ça fait des gens qui gravitent, des idées qui s'échangent, des mecs qui se rencontrent... C'est notre volonté, nous on va gérer, engendrer le mouvement, les gens qui vont se rencontrer, etc, mais après ce sera aux groupes d'en vouloir. L'endroit est là, il suffit qu'il y ait une effervescence autour de tout ça. Ca commence plutôt cool, au niveau du studio, on a pas mal de travail, de projets qui arrivent, le nouvel album de Hertz And Silence, l'album de No Flag, on finit l'album de Tomfool, un groupe de Paris qui est vraiment excellent, y'a le Clearcut qu'on va faire en début d'année, y'a Himimbjork, un groupe de viking-métal qui est chez Red Stream, un label américain, on a fait 3 nouveaux titres, il faut finir l'album... C'est bien, y'a beaucoup de projets d'albums, c'est des projets plus longs et sur des projets plus longs on a le temps vraiment d'intervenir artistiquement, d'avancer en même temps que le groupe, ça c'est vraiment ce qu'on préfère faire aussi. Là, on fait Deshumanised, c'est des sessions de 4 jours, on a 3 titres à enregistrer et à mixer en 4 jours, on n'a pas le temps de rentrer dans les détails, c'est aussi ça le studio. Il faut s'adapter à chaque budget, à chaque groupe et conseiller les groupes.
Sans micro, tu as différente casquettes, tu es directeur artisitique, producteur, ingénieur du son, tu fais du mixage, tu préfères quoi ?
Humm, ça dépend des moments (rires) Je dirais que quand je fais trop de studio, de prise de son tout ça, je préfère après me consacrer à du mix. C'est une autre étape que je trouve vraiment géniale. Et c'est pour ça que j'ai envie de refaire un groupe, on se prend pas la tête dans Clearcut, les gens peuvent parler "ouais Buriez, il fait un nouveau groupe gnaingnan gnain..." Je m'en branle ! Ce qu'ils en disent j'en ai rien à foutre parce qu'on le fait dans l'esprit de passer du bon temps, de passer un bon moment, de le partager avec des gens qui ont envie de le partager. Et on a pas la prétention de révolutionner la musique, de devenir un gros groupe, méga-groupe blabla. Si on le devient, tant mieux, pour le moment, les ventes, ça se passe bien, on a plein de concerts, les gens découvrent encore, c'est pas LoudBlast. C'est ça aussi, y'a beaucoup de gens qui viennent en furieux, on se demande ce que ça va donner, ça n'a rien à voir avec LoudBlast, c'est autre chose, c'est joujours du métal, c'est toujours rentre-dedans mais c'est carrément autre chose. J'ai coupé mes cheveux (rires) mais je ne fais pas du néo-métal ou je ne sais quoi d'autres, du punk ou ... et si j'ai envie d'en faire, j'en fais, c'est mon droit, c'est ma vie après tout. C'est pas parce que je m'appelle Stéphane Buriez que je dois faire du thrash métal toute ma vie. Si un jour j'ai envie de faire du hip-hop, je ferais du hip-hop !
Y'a pas de pression sur Clearcut...
Si y'en a de la pression, bien sûr qu'il y en a... La seule pression qui pourrait avoir c'est celle que je pourrais me mettre, celle qu'on se mettra, mais vu qu'on s'en met aucune, y'a aucun souci. Clearcut n'est pas fait pour qu'on se prenne la tête, c'est un moment privilégié où là on peut rentrer dedans, se défouler et passer un bon moment sur scène. Je dirais que dans l'emploi du temps, c'est pas facile à gérer avec toutes les activités que j'ai à côté mais c'est quelque chose que je ne veux pas lâcher parce qu'on s'éclate trop à le faire. Ca fait partie de mes diverses activités, mais le studio c'est vraiment toute l'année
Clearcut c'est du loisir ...
Non, c'est pas que du loisir parce que tu as l'album derrière et il faut bien en vendre, y'a toujours l'aspect financier qui entre en jeu. Clearcut on arrive vachement à s'organiser, Matthias joue dans Unswabbed, Régis fait des lumières, Hervé taffe sur Dunkerque, il donne des cours de batterie, c'est pas toujours évident mais on arrive à consacrer le temps qu'on veut à Clearcut, répéter pour préparer les concerts, répéter pour composer, trouver le moment pour enregistrer l'album. Bon, comme on a le studio, c'est beaucoup plus facile, quand on a fait l'album, on répétait dans le studio, on a enregistré toutes les répétes et c'est comme çà qu'on a composé l'album super vite. On a un outil qui nous appartient, on est bien les premiers à pouvoir s'en servir. Tout ça mélangé, ça fait que j'ai pas un truc que je préfère faire au bout du compte. J'aime bien composer, j'aime bien faire le con sur scène, j'aime bien enregistrer des groupes, j'aime bien les produire, j'aime bien faire la direction artistique aussi. Ca c'est génial, sur le Hertz (and Silence) par exemple, là je me suis investi à fond dans la production de l'album, on a modifié des choses musicalement, on est parti de ce qu'ils avaient et j'ai apporté des petits éléments par-ci par-là, toujours en accord avec le groupe, c'est ça qui est intéressant dans ce boulot, c'est que c'est pas un truc complètement égoïste où tu te dis "c'est ma patte, ça je vais le faire sonner comme ça", chaque groupe a son identité, extraire le truc qui va faire que le groupe sera un peu différent de par le son ou de par des choses que t'auras remarqué, que t'auras trouvé originales et que t'auras eu envie de mettre plus en avant dans la musique. C'est un boulot de découvertes tout le temps...
Qu'est-ce qui est le plus stressant ? La prod' ? Le mix ? Les groupes attendent beaucoup de tout ça...
Bien sûr mais moi je suis assez confiant dans ce que je fais, je ne me lance pas au hasard dans un truc, je sais que je sais le faire et bien, enfin je pense, sinon les gens ne viendraient pas... Non, y'a pas de stress du tout, le studio c'est mon élément, le stress du groupe à côté, c'est différent, c'est toujours l'appréhension de pouvoir faire un bon concert ou de savoir qu'on ne fera pas un super concert parce que y'a des éléments qui interviennent, bref, du stress y'en a toujours, il faut pas dire que c'est pas stressant de bosser dans la musique, c'est stressant, c'est très fatiguant et ça demande des périodes de repos. T'es obligé dans l'année de dire "j'arrête pendant 15 jours" ou "j'arrête pendant une semaine" parce que tu peux travailler tous les jours, tout le temps, 24h sur 24 mais après tu n'as plus de vie de famille, de vie perso, ce qui a été le cas pendant des années du temps de LoudBlast. On a arrêté LoudBlast, j'essaie de consacrer un peu plus de temps à ma vie privée parce que je l'ai mis de côté pendant tellement longtemps que j'en suis arrivé à un moment où je me dis que c'est quand même important et qu'il faut que je trouve le bon équilibre. J'ai envie de faire ça longtemps, j'ai pas envie de clamser d'un arrêt du coeur à 30 balais (rires).
Tu dois être beaucoup demandé, tu choisis comment les groupes dont tu veux t'occuper ?
Quand c'est pour une première fois, pour un premier enregistrement, je demande toujours au groupe de m'envoyer une maquette parce qu'il arrive parfois que les groupes ne soient pas prêts, ils croient être prêts à venir enregistrer et en fait, ils ne sont pas. A ces groupes-là, je préfère dire "les gars, attendez 6 mois, attendez 3 mois ou faites une petite maquette chez vous pour diagnostiquer, mettre le doigt sur ce qu'il ne va pas parce que là, préparez-vous un peu mieux parce que là, vous n'êtes pas prêt." Ca ne m'est jamais arrivé de refuser des groupes mais il y a des groupes auxquels j'ai demandé de travailler un peu avant d'arriver en studio, de reporter leur date d'enregistrement parce qu'ils n'étaient pas prêts., Ils auraient perdu leur temps, leur argent et moi je n'aurais pas été satisfait du travail au bout du compte parce que je ne fais pas ça à la légère. A partir du moment où les mecs viennent ici, c'est qu'ils ont confiance en ce que tu fais, il y aura ton nom sur la pochette et si c'est pourri, c'est pas bon pour toi.
Tu es associé au métal, mais tu as montré que tu ne faisais pas que ça avec l'album des Slime notamment, tu es d'ailleurs très impliqué dans leur album...
Ouais, on a bossé beaucoup sur cet album, malheureusement ils arrêtent Slime. J'ai fait d'autres groupes de rock de la région, j'aime tout style de musique, c'est vrai que je suis un gros fan de métal depuis très très longtemps et que c'est la musique que je préfère mais en avançant, au fur et à mesure de tes découvertes musicales, t'apprends à choper d'autres choses, des intérêts dans d'autres styles musicaux. Si y'a 10 ans, tu m'avais dit tu vas écouter... je ne sais pas, qu'est-ce que j'ai actuellement dans ma discothèque qui pourrait faire dresser les cheveux de certains... Eminem ou Dr Dre, tu m'aurais dit ça, je t'aurais dit "t'es fou toi !". Mais dans ma bagnole là, y'a Morbid Angel, Queen of the Stone Age, Dr Dre, Eminem, ... (un rapide zapping lors du retour ajoute à la liste Machine Head et Soulfly), tu vois, c'est super large. Je n'écoute pas que du métal et en enregistrant énormément ici, en jouant moi-même, il y a un moment dans ton évolution, ah, j'aime pas ce terme, dans ton ... grand champ musical... faut que tu élargisses ce champ, que tu aies d'autres idées, et ça t'aères la tête. Ca te permet aussi d'aborder certain groupe différement et ne pas rester enfermer dans ton petit monde métal qui est un petit monde de toute façon.
Et côté français tu écoutes quoi en ce moment ?
Euh... bah, j'ai enregistré le dernier album d'Oversoul et je le trouve vraiment terrible et cet album je pense, j'espère qu'il va fonctionner parce que c'est vraiment un très très bon album. Qu'est-ce que j'écoute en groupes français... J'aime assez les nouveaux groupes style, enfin "nouveau", la nouvelle tendance KoRn machin, y'a des bons trucs. Watcha par exemple, je trouve ça vraiment excellent, c'est un super groupe, Pleymo, c'est sympa aussi, la démarche est marrante, elle est bien, c'est assez nouveau pour la France, la façon dont ils abordent leur truc. Sinon... j'écoute tellement de chose, j'achète et si ça me plaît j'écoute, après si ça vient de Moldavie je m'en fous ! Pour être honnête actuellement, ce qui me gonfle un peu sur la scène européenne, c'est qu'il y a énormément de groupes de heavy métal, style tous les groupes allemands, j'ai l'impression de réécouter ce que j'écoutais y'a 15 ans sans avoir vu une quelconque évolution dans le style, ça ça me gêne un peu. Un peu parce que même si c'est un style qui me donne des boutons, j'ai pas l'impression que ça fasse avancer les choses.
Et derrière les consoles, y'a des gens qui sont pour toi des références ? T'as parlé de Colin...
Ouais, Richardson, il a une oreille et c'est un perfectionniste. Ross Robinson, bon, t'écoutes Roots, c'est la grosse claque quand même. Sa façon de capter un groupe est vraiment origniale, c'est avant tout ça qui fait un bon producteur ou un bon ingénieur du son, qu'il arrive à ne pas faire la même chose à chaque album, c'est très dur de se renouveler. Il y a un son Robinson, il y a un son Richardson, y'a Wallace aussi, ces 3 là sont ceux que je mettrais dans mon tiercé, et Terry Date aussi... (rires) les 4 !
Le niveau en France est maintenant très très haut pour les productions, je pense à des gens comme Fred Foulquier ou toi, qui pouvent rivaliser avec les productions américaines, vous êtes des grosses références au niveau français et ça devrait servir aux groupes...
J'espère, de toute façon je pense qu'à partir du moment où tu fais un bon travail sur les groupes, les mecs vont arriver avec des sons enfin corrects, attention, je ne dis pas que tout était pourri, loin de là, il y avait des trucs quis sonnaient super biens, j'ai pas inventé le son si tu veux. Mais on propose peut-êter une alternative à des petits studios où les gens n'auront pas ce qu'ils veulent et à des gros studios où ils n'ont pas le bugdet pour aller. Et parfois dans des gros studios, tu fais pas du bon boulot... C'est un peu le miroir aux alouettes, parfois on se dit "wouaw, c'est grand, l'endroit est génial, y'a plein de matos" mais c'est le mec derrière la console qui va faire que ça sonne, t'as beau avoir une table à 1 million de francs, si t'as un rigolo derrière, ça sonnera toujours prout.
Et puis à côté, y'a Stephan Kraemer qui est ton binum sur quelques albums, toi aux prises de son, lui au mixage...
De plus en plus ouais !
Vous vous êtes rencontré comment ?
Sur l'album de LoudBlast en fait, l'album Fragments devait originellement uniquement être mixé là-bas avec Richardson et Stephan mais on a commencé l'enregistrement dans un studio qui ne nous a pas plu du tout, c'est un exemple d'une erreur que tu peux faire sur un studio, et on est allé tout faire à l'Impuls et c'est là qu'on a commencé à connaître Stephan, suite à ça, y'a plein de groupes français qui sont allés enregistré là-bas. Et à partir du moment où on a commencé à monter le LBLAB, j'ai proposé à certains groupes qui avaient un budget nécessaire pour faire du mix là-bas parce que moi quand je suis producteur sur l'album, je sais pertinament que je préfère avoir quelqu'un aux manettes et moi, faire mon rôle de producteur, écouter, donner des idées... Avec Stephan, on est très complémentaire, lui fait du studio depuis près de 20 ans maintenant, c'est pas le derner né, et à deux, ça marche, on se complète bien. Et les prod' qui sortent du LBLAB qui sont mixées à l'Impuls, pour l'instant, ça le fait vraiment et ça n'a rien à envier à d'autres prod'.
Justement, y'a le le Clearcut qui a été mixé chez lui, ça n'a pas été pas trop dur de lui laisser les commandes ?
Au contraire ! Tu lui laisses les commandes mais tu diriges aussi la façon dont tu as envie qu'un album sonne. Et Stephan, j'ai totalement confiance en son travail, je l'écoute, sur le Clearcut, on avait une idée de ce qu'on voulait comme son, mais le fabriquer c'est ce qu'il y a de plus dur. L'idée c'est que de l'abstrait, après ce qui sort des enceintes, c'est du concret, c'est parfois dur de se dire "là, faut que j'arrête, c'est comme ça, ça sera comme ça et l'album va sonner comme ça" parce que tu peux toujours changer mais il faut du temps... Et le prochain Clearcut ce sera pareil, ce sera le même type de ...
De son ?
Non, le même type de travail, les prises de son ici, au LBLAB et le mix chez Stephan
Donc le son de Clearcut va changer
Bah ouais ça va évoluer, là c'est un premier album, il a été composé en un mois et demi et enregistré dans ce mois et demi, allez, on va dire deux mois. Le prochain va être composer et enregistrer en plus de temps que ça.
C'était un premier "album démo" (rires)
Ouais, on peut dire ça, c'est pas un mauvais terme, j'y avais pas pensé... Ca aurait pu être ça, on a voulu en faire un album parce qu'il a un côté instinctif et c'est génial. Avoir pu le faire comme ça, pour moi c'est une première et pour les autres aussi de toute façon ! Il a fallu être productif et travailler énormément.
Le futur du métal, tu le vois comment ? Avec les groupes dont on parlait tout à l'heure et qui apporte quelque chose de nouveau en France comme Watcha et compagnie ?
Attention, il n'y a pas que ça non plus, y'a des mecs comme Nihil aussi qui ont une démarche carrément intéressante, c'est un groupe qui existe depuis pas mal de temps, je me rappelle qu'avec LoudBlast on avait joué avec eux, ils avaient déjà ce trip, c'est pas un truc qui vient de nulle part, ils travaillent cette musique depuis longtemps. Lycosia aussi j'attends, je n'ai pas encore entendu le nouvel album mais je crois que ça va être très très bien, beaucoup moins métal en fait...
Ca, c'est des groupes qui utilisent des machines, des samples, on ne peut pas faire sans ?
Si tu peux faire sans, regarde Queen of the Stone Age, c'est vraiment roots. Mais avec les machines, il faut savoir les utiliser avec parcimonie ou énormément selon ce que t'as envie de faire, ça apporte quelque chose quand même, y'a des choses que tu ne peux pas faire sans machine. L'avenir du métal, je sais pas, en France, j'en sais trop rien, l'avenir du métal changera le jour où il y aura la reconnaissance d'un plus large public et des média, de plus gros média, là, ils ne s'intéressent qu'aux gros trucs, ce n'est pas comme ça qu'on fait vivre une musique. Les petits labels ont plus en plus de mal à s'en sortir, on est dans une période charnière, assez étrange, le marché de la musique ne se porte pas spécialement bien et à la fois la scène est florissante, qu'on ne me dise pas qu'en France, il n'y a pas une bonne scène. Qu'on arrête de voir ailleurs ce qu'on a chez nous bordel ! Enfin, il ne faut pas aller voir qu'ailleurs, c'est ça que je veux dire, on a plein de super groupes en France, dans le Nord, dans l'Est, dans le Sud, partout il se passe des choses. Quoi que tu fasses, si tu cherches la facilité, tu découvriras jamais rien, c'est à partir du moment où tu te casses un peu le cul à chercher des groupes par-ci par-là que tu trouves des choses intéressantes. En France, il y a beaucoup de suiveurs, je ne sais pas s'il y a encore un complexe franco-français, mais je pense que les groupes ne l'ont plus, les media, peut-être un peu moins qu'à un certain moment mais ça reste frileux. Un label est toujours plus ou moins frileux sur un groupe français, en métal en tout cas...
Si t'as quelque chose à dire aux gens qui te liront..
Venez voir Clearcut sur les prochaines dates (rires) et puis voilà, on a un endroit, le LBLAB, si vous avez des projets en route, vous nous contactez, le mois prochain, on aura un site... Et y'a encore beaucoup de choses à faire et plus nombreux on sera à s'y mettre, plus vite on pourra prétendre à rivaliser avec nos voisins européens, ce qui est loin d'être le cas pour l'instant malheureusement...
Et encore, ils galèrent aussi
Ouais, souvent mais tu prends les Allemands
Ils restent beaucoup en Allemagne
Oui, mais ils peuvent en vivre dignement parce qu'il y a des gens derrière, il y a du public, il y a des salles qui les font jouer, il n'y a pas qu'un groupe qui marche en Allemagne... En Belgique, il se passe beaucoup de choses aussi... Je ne parle pas de la Suisse où là c'est plus compliqué à mon avis. En France, c'est un gros pays, t'as l'impression qu'il y a moyen de faire quelque chose, il y a des moyens ! Mais y'a pas beaucoup de gens derrière, nous on va créer notre label aussi qui sortira quelques petits trucs, on produira des albums et à notre façon on essaiera de faire avancer les choses, on verra...
On en reparlera dans quelques années....
On en reparle dans un an, je pense qu'il y aura déjà quelque petites choses...
Merci à Stéphane et bonne chance au LBLAB & à toute son équipe !!!