Soulfly - 3 (LP) Titre simplissime, 3, est comme son nom l'indique le troisième opus du groupe de Max Cavalera. Artwork un peu plus recherché, où figure le signe "Ohm" indien, symbole de spiritualité et de méditation, syllabe permettant de faire le vide autour de soi pour se plonger dans la contemplation religieuse. Album hétérogène s'aventurant parfois sur des terrains experimentaux au niveau de la composition, le son de Soulfly reste ce barrage sonore que l'on connaît. Alternant une étonnante énergie et rage sur des titres comme "Seek'n'strike", "Brasil" ou "Last of the Mohicans", a des titres plus originaux comme "Soulfly III" ou "Tree of pain", Soulfly profite du retour du batteur du premier album pour assener des rythmiques dynamiques et halletantes.
Morceau ouvrant l'album et deluge sonore destructeur comme Soulfly en a le secret, "Downstroy" lève les doutes quant à la capacité de Soulfly de faire des titres puissants et énergiques, batterie volubile, une double pedale prolifique, l'ambiance sonore est riche et dense, et les riffs s'enchainent sans répit. Hymne cavalérien, "Seek'n'strike" fait du ménage dans les oreilles, -Here we go... Another day, another strike-, c'est un cheval au galop qui s'emballe, coulée métallique suave, basse vrombissante, le cocktail reste simple, direct et puissant, -I'd rather die on my feet than keep living on my knees-, la distortion suinte, l'ambiance saigne, se distort, s'enroule, s'éparpille, s'accentue, se pince sur ces guitares en tremolo et ces samples d'instruments à vents tribaux. "Enterfaith" reste dans la même veine emportée, directe, massive et puissante, un arrière goût de Coal Chamber ou Rob Zombie pour la délicatesse de ses gargarismes. En trois titres, le ton est donné, mais faiblit quelque peu par la suite.
3 comporte moins d'invités que Primitive, mais inclus le chanteur de Ill Nino sur "One/Namaste" et surtout Asha Rabouin sur le très particulier "Tree of pain", titre très contrasté, ou du R'n'B acoustique cotoie un hardcore brésilien pour le moins plus qu'efficace, ou Max Cavalera hurle, -Bleeding.. Screaming- tant qu'il peut sous une avalanche de guitares, montée sur un riff progressif, -My pain is as deep as my roots-.
Cependant l'album est déséquilibré par des titres comme le platonique mais violent "Call to arms" et l'insipide "Four Elements" qui enchainent des plans téléscopés ou des recettes faciles.
Produit par Max Cavalera en personne, 3 est aussi l'occasion pour le groupe d'executer des compositions plus calmes et plus introspectives comme le titre éponyme de l'album ou "Zumbi". Basse langoureuse et guitare acoustique, des percussions dans le lointain, l'atmosphère de "Soufly III" est etherée, relaxante, et quelque peu melancolique, guitare atristée, et synthé mysterieux, mystique. Retour à des racines brésiliennes, sur "Sangue de bairro" et "Brasil", Soulfly assène sur ce dernier un riff en plomb massif, guitares sourdes, percussions feutrées, riff simple et compact, derrière une basse cataclysmique, c'est un -Brasil, Pais Porrada- qui s'envole sur des harmoniques violentes et lacérées par la distortion, reprise du riff avec une énergie dementielle debouchant sur un break enragé, pas des plus orginal mais préparé avec conviction et dynamisme.
Album qui recèle quelques perles particulièrement savoureuses comme "Zumbi" ou "Sangue de Bairro", avec ces samples tribaux et orientaux, sa basse endoctrinée, sa voix modifiée et ses breaks hallucinatoires, cet opus de Soulfly manque sans doute de titres qui font l'unanimité et enflamme les foules sans condition, les nouveaux comme les anciens fans. Enfin, Soulfly reste l'oeuvre de Max Cavalera, et ce dernier a toujours en reserve des titres massifs d'un calibre fort acceptable.