Sofy Major - Sofy major Alors que pas mal d'autres groupes ont déjà emprunté ce chemin (Gameness, Gantz, Mihai Edrisch) ou y creusent leur sillon depuis plus ou moins de temps (Amanda Woodward, NoHayDeaz et même Draft), Sofy Major n'a pas hésité, à son tour, de sauter dans le grand bouillonnement frenchy à consonance émo-screamo-hardcore (et pour le même tarif, je vous rajoute une demie dose de "noisy"). Et force est de constater que les Clermontois auraient eu tord de s'en priver ! Car si par commodité on situe Sofy Major dans le périmètre (géo-musical) des formations susnommées, on peu aussi déplier un planisphère et placer le groupe tout aussi bien à proximité d'Envy, formation japonaise. Et l'idée ne devrait pas trop leur déplaire (j'espère) puisque le groupe, au travers d'une note diffusée en parallèle de sa biographie exprime ses motivations à faire cette musique et sa vision du monde. Rapports humains et à l'argent, DIY, vision alternative de la société et espace autogérés sont donc passés au crible via cette missive. Mais revenons-en au contenu de Sofy major.
Au cours de cette demi-heure, des émotions terribles sont transmises par les musiciens : le jeu de guitares est poignant ("Is there any way out ?"), la batterie semble excédée ("Motionless"), la basse communique ses idées (souvent) noires et le chant rageur se juxtapose à cet ensemble dépressif et envoûtant. Pourtant, Sofy Major parvient à créer des éclaircies ("I'm your demon", "I lost paranoïa") dans ce ciel si encombré. Et à mi-parcours, est placé un morceau lunaire faisant office de long intermède (quatre minutes). Ce morceau, c'est le saisissant "Stalk", (intitulé ainsi car confectionné avec l'aide de Gheat, membre du groupe Stalk) permettant de s'aérer l'esprit avant de replonger dans cette neurasthénie si bien entretenue. Et si bien maîtrisée que l'on se complaira à y revenir en boucle. A peine acclimaté de cette somptueuse parenthèse "Stalk", Sofy Major nous rappelle à son bon souvenir : "I lost paranoia" ne se fait pas prier pour nous écorcher (les oreilles, le coeur, l'esprit, tout ce que vous voudrez). La pénultième piste, "Once upon no time" (sans doute ma préférée) offre un visage légèrement différent du groupe. Ici, Sofy Major prend le temps d'énoncer son idée, de la développer et aussi de s'en détourner quelques instants, sans que cela n'enlève quoi que ce soit au coté abrasif de la composition ni n'en affecte la cohérence. Confirmation faite à l'écoute de "Black scars". Ce dernier titre, bien que démarrant sur les chapeaux de roue, s'étire sur près de six minutes et se termine en quelque sorte en faisant écho à "Stalk".
Sofy Major s'octroi quelques (rares) instants de relâche, et entre de multiples effusions de sang et de larmes, retranscrit des émotions avec ses armes. Car pour le groupe, cette alchimie de musique émotive et corrosive combinée à des paroles incendiées servies par ce chant (screamo) sont bien des armes qui vont droit à leur cible. Alors, il ne vous reste plus qu'à être désignés "cibles" et vous faire dégommer par Sofy Major, en espérant tout de même que vous soyez consentants à ce savoureux supplice...