Soen - Cognitive Ça a l'esthétique de Tool (clairement), la griffe artistique de Tool (quand même...) et pourtant ce n'est pas Tool. Mais Soen. Précédé d'une réputation à la fois flatteuse et potentiellement problématique selon de quel point de vue on se place : émule doué ou vague clone dépersonnifié, Cognitive est donc l'attendu premier album de ce quartet au casting plutôt attrayant d'autant plus qu'il réunit des personnalités qui, a priori, n'évoluent pas vraiment dans la même sphère musicale que la bande de Danny Carey & Maynard James Keenan. De fait, c'est avec un mélange d'attraction inévitable et d'appréhension finalement compréhensible que l'on enfourne l'objet dans les mange-disques.

Et là double surprise : une fois passée sa poussive introduction ("Fraktal"), les Suédois prennent leur envol sur un "Fraccions" qui, dans un registre à la fois rock et metal alternatif, fabrique d'élégantes constructions harmoniques, distille de savoureuses mélodies en exploitant un potentiel dès plus évidents. Même si l'ombre de Tool (on y vient) plane régulièrement, sinon constamment, sur des créations sonores qui manquent un peu de personnalité comme de souffle ("Delenda", "Last light"), Soen parvient à sortir du lot. Car, au fil des titres, on distingue quelques éléments instrumentaux et passages vocaux qui font que le groupe parvient à se suffire par lui-même (le mélange de douceur et de puissance sur l'envoûtant "Canvas", "Oscillation" porté par une mécanique rythmique de haute précision).

Tout cela pour finalement ne plus ressembler que d'assez loin (du moins par rapport à ce que l'on en redoutait) à l'évidente et incontournable figure de marque évoquée précédemment (on ne va pas encore la citer), même si évidemment, il y a toujours ce rapprochement si aisé à faire entre l'icône et un Soen qui ne sort là que son premier album studio. En l'état, Cognitive est un disque mêlant habilement rock progressif et metal alternatif pour proposer bien mieux qu'un simple sous-Tool (on n'y aura pas échappé bien longtemps), une sorte de produit dérivé idéalement servi par une poignée de titres très bien ficelés (un "Purpose" salvateur, l'excellent "Slithering" à l'intensité contaminatrice) un peu à la manière du Riverside des débuts. Même s'il le fait manquant parfois de cohésion artistique et/ou souffrant de quelques baisses de tension pas toujours heureuses.

En attendant le nouveau Tool (?).