Soen-Memorial Je renoue avec Soen avec ce Memorial (le groupe a sorti Lotus puis Imperial depuis Lykaia) et j'ai comme l'impression d'avoir raté un truc tant le groupe a évolué depuis quelques années. Tu ne verras donc pas de comparaison avec "le" groupe auquel les Suédois ont longtemps été comparés dans cet article. Le chant a quelque peu changé (il semble encore plus clair), les compositions semblent plus "simples" (et pourtant certains plans nécessitent une belle technique) et si l'ensemble reste soigné (digipak cartonné, superbes photos...), c'est certainement moins fouillé que par le passé. En enchaînant les sorties, Soen occupe le terrain et trie certainement un peu moins ses idées. Le résultat me laisse donc un sentiment mitigé tant ils sont capables d'écrire d'excellents titres alors que d'autres manquent de saveur.

Parmi les morceaux qui auraient mérité un peu plus de travail, je liste "Fortress", "Memorial", "Icon" et "Vitals", ils ont bien des petits trucs intéressants (la fin d'"Icon" par exemple) mais le combo joue sur la facilité bien trop souvent, se refusant à tenter des choses complexes et plus inattendues. Quelques plages sont de bonne facture mais quand on s'appelle Soen, on doit proposer davantage que cet "Incendiary" au break sympathique mais trop long, ce "Tragedian" aplati dont on ne retient que le beau solo à la Pink Floyd ou "Hollowed" sauvé par le renfort d'Elisa au chant. Finalement, les trois compositions les plus éclatantes sont les trois premières, comme si la suite ne pouvait rivaliser avec cette débauche d'énergie et de bonnes idées. Ce n'est peut-être pas un hasard si ce sont donc "Sincere" (quel délice que ce break central Porcupine Tree dans l'âme, alors que le reste est assez vindicatif), "Unbreakable" (la tonalité du chant, plus grave, et les chœurs lui donnent une identité forte) et "Violence" (et son introduction qui hérisse les poils) qui entament cet opus.

C'est le souci quand on a sorti d'excellents albums, à la moindre petite défaillance, on vous tombe dessus. Quand pas mal de groupes aimeraient avoir la créativité de Soen, je les trouve très vite moins fringants quand quelques passages ne procurent d'émotions aussi intenses que celles auxquelles j'ai été habituées. Mais comme on dit : "qui aime bien, châtie bien" et "qui aime trop mal étreint".