Sleeppers : Signal from elements Depuis Cut off, chaque nouvel album de Sleeppers est un évènement, le bloc Interaction avait fait mal, mettant à genou les auditeurs non préparés, après le sublime DVD 15.597_making noises, on avait du mal à imaginer que les Bordelais pourraient faire aussi bien sans tomber dans la redite. C'était les sous-estimer. Signals from elements continue de forger leur identité et d'apporter des idées neuves au métal rouillé made in France. Exploitant au maximum leurs possibilités et la durée d'un CD, les Sleeppers nous régalent à la fois de compos oppressantes et incisives ("Blacklisted", "Recycle V 2.0"), de titres plus reptiliens ("Undone", "Thrill") et ajoutent un monstre dénommé "Landscapes". Le son Sleeppers (guitares comme chant), toujours soigné par Fred Norguet, nous plonge dans l'opus après un sample d'intro et une petite phrase qui met tout de suite dans l'ambiance : I am the devil... Entre jeu aérien et souterrain, entre anglais et autres langues (espagnol, français), entre accélération et temporisations, Sleeppers nous en fait voir de toutes les couleurs, procurant autant de frissons que si Unsane et Tool avaient fusionné... Et si Signals from elements s'apprécie comme un tout, on peut en extraire quelques morceaux un peu plus "spécifiques", l'excellent "Tokio 3127" électro qui clôt l'album étant là pour nous ramener à la vie réelle, je parlerais davantage de "Ruines" et "Landscapes". "Ruines" débute comme un titre "classique" (sic) et les effets sur le chant qui donne l'impression qu'il n'est pas primordial, puis surgit Reuno (Lofofora) avec des textes en français qui prennent les devants du titre pour l'élever vers des sommets rarement atteints lors de l'apparation d'un invité. Les breaks électroniques et les relances complètement Tooliennes qui les suivent sont magistrales, les deux chants s'entremêlent, la batterie nous encercle, il nous faut juste rendre les armes. Bien que prévenu par la capacité à hausser le niveau, on ne peut réellement pas s'attendre à un autre morceau d'anthologie, et pourtant quelques minutes plus tard débarque "Landscapes", le monstre. Prés de 10 minutes de bonheur absolu qui débutent avec une ambiance orientale, la pression monte doucement, les toms résonnent, divers instruments placent quelques notes, un chant complètement (balkanique ?) halluciné nous prend à la gorge avant que ne vienne se placer l'imparable Landscapes, la suite est une course poursuite vers le paradis musical où nous sommes entraînés à coup de rythmes psychotiques. Impressionné par tant de maîtrise, on ne peut qu'applaudir, béats.
Bref, Signals from elements est simplement le meilleur album français de l'année.