Slayer - World painted blood Là ça va saigner... Slayer is back avec un nouvel album baignant dans des rivières pourpres et qui dès le premier titre pose les bases de la cuvée 2009 des dieux du thrash metal : ça va cartoucher sévère les tympans des kids avides de sensations fortes mais ça aurait aussi pu être un cran au dessus encore. "World painted blood", titre éponyme de l'album la joue nerveux mais pas bourrin, tendu comme une arbalète mais semblant comme manquer un peu de souffle. En clair on sent que ça peut nous exploser à la gueule... sauf que ça vient pas tout à fait. D'ailleurs, même techniquement, ce n'est quand même pas extraordinaire eux égards aux backgrounds des américains, même si ça se laisse écouter gentiment, notamment le break dudit titre, sulfurique à souhait. Sa séquelle, "Unit 731" déboule dans les enceintes toutes voiles dehors et permet d'accélérer sérieusement le bordel. Rythmique cadencée au cran d'arrêt, un Tom Araya qui y va franchement, ça doit pouvoir le faire, sauf que (oui il y a un "mais"), les riffs sont atrocement mou, un comble pour les auteurs de Reign in blood (mode "vieux con - c'était mieux avant" : activé). Verdict quasi similaire sur "Snuff" ou "Beauty through order". OK ça joue vite et bien. Très bien même. Mais le producteur de la bestiole a peut-être oublié de soigner le mix. Ou d'enlever la sourdine, c'est selon. Alors certes, l'ensemble se muscle un peu sur "Snuff" mais quand même, c'est Slayer quoi !
Heureusement la suite permet au groupe de monter doucement en puissance. Sur "Hate worldwide" et "Human strain" notamment où les californiens trashent à tout va, piquent quelques petits sprints métalliques, et défoncent des cloisons auditives en besognant les instruments comme des damnés malgré un Araya qui semble parfois un poil court pour tenir la distance. Faut dire aussi que ça va pas mal vite sur certains passages. Niveau tremolo picking, tout baigne, au rayon grosse caisse qui matraque, ça pulse pas mal et là on se dit qu'enfin... ça va saigner ! Débarque alors "Public display of dismemberment" et là autant dire que ça ne rigole plus du tout. Tout en furie subversive et déluge de décibels balancés à 3000 à l'heure, Slayer fait ce qu'il sait faire de mieux et démontre que la fougue des débuts est encore là... même si de temps en temps sur courant alternatif ("Americon", "Not of this God"). Comme si le groupe manquait un peu de hargne, de cette furie qui caractérisait ses précédents efforts et qu'il s'était quelque peu enfermé dans un confort artistique très relatif. Par contre, et c'est là aussi tout l'intérêt de ce dixième album, World painted blood réserve également quelques bon vieux parpaings sonores ("Psychopathy red" et "Playing with dolls") qui crachent le feu et le sang partout sur les enceintes et ça, ça rassure quand même sur l'état de santé d'un groupe qui va bientôt boucler sa troisième décennie d'existence. Preuve que malgré une mise à feu un peu tiède, les papys du thrash ne sont pas encore trop vieux pour ces conneries...