Comment être objectif quand il s'agit d'écrire à propos de Slash ? C'est compliqué pour moi, tant le guitariste chapeauté demeure un de mes artistes favoris ainsi qu'une pierre angulaire dans la construction de ma culture musicale. J'ai poncé ses différents disques (que ce soit avec Guns 'N' Roses, Velvet Revolver ou Slash's Snakepit) et je demeure toujours à l'affut de ses différents featurings (rock ou pas). Et bien entendu, je suis avec assiduité son "nouveau" projet musical formé avec Myles Kennedy (Alter Bridge) et ses Conspirators (bien plus que ses activités au sein d'un Guns 'N' Roses inintéressant au possible sans Izzy Stradlin à la guitare et Matt Sorum à la drum, mais tout ceci est un autre débat).
Dix ans après la sortie d'Apocalytpic love, et après l'énormissime World on fire et le très respectable Living the dream, c'est "déjà" le quatrième album de Slash featuring Myles Kennedy & The Conspirators (SMKC pour les intimes) qui vient de sortir il y a quelques semaines. Déjà, car entre les tournées mondiales qui suivent chaque sortie d'album et les activités de Slash avec G'N'R, on peut dire que le groupe (car il s'agit dorénavant d'un véritable groupe) a adopté un joli rythme de croisière. Le contexte est posé, reste à dire énormément de bien de ce disque (je t'ai prévenu, je ne suis pas objectif !), mais pas que (gardons un peu de suspense quand même !)
Première référence du tout nouveau label Gibson Records (cela ne pouvait en être autrement tant Slash est associé à cette mythique marque de guitare), 4 a été enregistré par Dave Cobb (Chris Cornell, Rival Sons) à Nashville en condition de live. Le son (assez brut) et les quelques (légères) imperfections du disque attestent de cette nouveauté pour SMKC qui n'a pas utilisé cette technique d'enregistrement pour ses précédents disques. En osmose (à tel point que tous les musiciens, à l'exception du guitariste Franck Sidoris, ont attrapé la Covid pendant la session), le groupe a œuvré avec application et dynamisme pour pondre un album accrocheur aux sonorités qu'on pourrait qualifier de vintage. Il ne pouvait en être autrement de la part de musiciens affutés et se connaissant par cœur (la section rythmique canadienne joue d'ailleurs ensemble dans Toque). Les morceaux, dans leur grande majorité composés par Slash pendant le Living the dream tour de 2018/2019, ne dérouteront pas les fans du guitar-hero tant par l'exécution parfaite que par la qualité des morceaux. Une qualité telle que les titres qui pourraient s'avérer inintéressants lors de leur introduction sont sublimés par le talent de Myles Kennedy (le lent et barbant "Spirit love") ou par les tours de passe-passe dont Slash a le secret (rendre passionnant l'intro gonflante de "Fall back to earth" est une performance de haute volée, avec un final digne d'un "November rain" des temps modernes !). Du côté des grandes réussites, je peux citer le génial C'est la vie (avec une intro à la talk box, ses couplets accrocheurs et ses refrains splendides), "The path less followed" (à l'intro parfaite, au meilleur solo de guitare du disque et aux mélodies vocales que les amateurs d'Aerosmith apprécieront) et "Fill my world" (tube qui ne manquera pas d'envahir les FM et qui va faire allumer les briquets - ou les portables - pendant les concerts).
Globalement, ça rock et ça roll à fond les ballons ("April fool" avec des guitares funky, "Call off the dogs" qui joue la carte du "SMKC traditionnel", le morceau d'ouverture "The river is rising") avec une basse plus présente qu'à l'accoutumée dans le mix. Et même si j'ai été quelque peu dérouté, lors des premières écoutes, par la production moins grandiloquente de ce disque, les compositions de ce 4, à défaut d'être révolutionnaires, sont clairement agréables. Chapeau, Slash (hum hum, oui, elle est facile) !
Publié dans le Mag #50