skindred : babylon Premier album pour Skindred, mais déjà un son mûr et une énergie effroyable, c'est vrai Skindred ne sort pas de nulle part, et le passé des membres du groupe au sein de Dubwar a quelque chose à voir avec l'aspect homogène, travaillé, poli des morceaux. Produit par Howard Benson (P.O.D.) et mixé par Rick Will (Incubus), Babylon séduit par sa fraîcheur, son groove ragga et son énergie indissociable, alliée à la puissance du métal, aggrementée par l'intelligence, ajoutée au crossover. L'album commence sur les chapeaux de roues avec les tubesques et monstreux "Set it off", "Kiss and make-up" et "Selector", impossible de le lacher par la suite. Le très groovy "Nobody", le très folk "Babylon", et le pèchu "Bruises" permettant de rebondir par la suite, sur l'enchainement d'un mélange métal et ragga fort savoureux. Le son est dopé aux amphés, les guitares partent parfois sur des slides à la Clawfinger, en restant organiques, analogiques, le chant est... inqualifiable ? Benji, le chanteur de Skindred ayant un ton et une chaleur dans la voix reconnaissable entre mille, entre ragga endiablé avec une saveur de miel, et écorchements entre punk et hardcore d'un piment mélodique, quand Snow rencontre Machine Head et Dubwar...
Beat dancefloor pour commencer, un peu affadi, puis vite redopé avec un chant chaleureux, au groove accentué par une basse langoureuse, l'ambiance s'accelère sur "Set it off", gagne en decibels, en puissance, et Benji monte dans les aiguës -Yer you know that it's on- de façon un peu pincée, delicieuse, un côté Skunk Anansie, puis s'enflamme dans un ragga épuré. Basse hypnotique, boucle montante et descendante, interférences de guitares, puis un riff monstrueux, puissant, éxécuté doucement sans violence, presque avec douceur, qui prend de la rage au corps en s'affinant sur des palm-mutings pendant le couplet, la sucrerie prend fin et commence sur le couplet, langoureux, douce saturation, -Kiss and Make up-, avec une chant presque lointain, sussuré sur ces guitares soignées à la reverb, la batterie est volubile, décousue, l'atmosphère sensuelle se transforme en violence hardcore, barrage de guitare du plus bel accabit, brise sur la reprise presque insoutenable de ce riff entêtant, vrillant, brillant, "Kiss and make up". Dans la même veine langoureuse avec sa basse hypnotique, saturée, lentement entrant dans les esprits, "Sicker" est une gourmandise qui vire plus rock que "Kiss and Make up" ou "World domination", mais garde sa volupté typique de Skindred. Afin de faire pencher la balance du côté ragga, "Selector" et son ragga enflammé travaille dur, -Selector you got to pull it up-, ainsi que le très posé "The fear", guitare folk, accords égrainés lentement, beat presque éléctronique, synthétiser ambiant, voix qui part dans un ragga lent, à la saveur de reglisse, le refrain est un recueil de choeurs, ou la Jamaïque pointe son nez, le mélange est subtil, unique, délicieux. Perle caractéristique de Skindred , "Nobody" déroule son tapis de guitares métal, de chant penchant tendancieusement du côté ragga, le couplet est un délice, un chant épicé, chaleureux, qui se transforme insidieusement en un ragga enflammé sur un pont mirifique, chauffé par des guitares intermitentes, montée en pression qui débouche sur un déluge sonore, un rideau de guitare, attisé par des toms sulfureux, des choeurs en surimpression, -Some ah dem ah come ah try flex with dis-, et le doublage caractéristique de la voix de Benji, un peu plus aiguë, deuxieme montée en pression, et le déluge sonore de s'effondre pas, continue de mettre le feu, continue sa ritournelle destructrice.
Skindred et son ragga-métal, parfois tout simplement cross-over de ragga, hip-hop, rock et métal, frappe un grand coup avec ce Babylon impressionnant, enflammé, harmonieux, complet et original. Chaque titre présente une facette de Skindred, ou en accentue un trait de caractère, soit côté son, soit côté influences. Pierre angulaire de cet édifice, Benji ajoute ce côté humain, cette chaleur à des compositions parfois très musclées, la part de ragga achevant de convaincre avec son potentiel de groove impitoyable. La basse a son mot à dire dans les compositions plus orientées sur l'ambiance comme "Sicker" et "Kiss and make up". Le tout etant homogène et non disparate comme c'est parfois le cas chez des groupes aux influences aussi diverses.