Silmarils-Apocalypto La chronologie est implacable, cela faisait plus de 20 ans que les Silmarils n'avaient pas sorti d'album studio ! On a l'impression qu'ils ne nous ont jamais quittés, la faute à quelques vieux tubes qu'on a toujours plaisir à entendre et à leur retour sur quelques scènes depuis la fin du COVID (Bataclan, Vieilles Charrues, Hellfest...), le tout avec un peu d'actu dans les bacs (un EP live, une réédition). Avec Apocalypto, c'est du lourd, 10 nouveaux morceaux qui, on l'espère, n'attendront pas 20 ans pour avoir des petits frères.

De 4life, ce nouvel opus n'est éloigné que dans le temps car dans l'intention, les idées, le flow et l'ambiance générale, on retrouve Silmarils comme ils nous avaient laissés. Textes aiguisés, rythmiques appuyées, riffs soignés, apports électro bien dosés, le gang n'a pas vieilli. On peut de nouveau utiliser les adjectifs qui qualifient le mieux leurs créations avec, en haut de la liste, autobiographique ("Au commencement", "No pain no gain"), qu'on peut doubler d'un ironique ("Mortel", "C'est dur mais c'est bon") et donc d'un humoristique ("Mytho") pour le côté fun ou pour le côté moins réjouissant des sentiments persos qu'on dira désabusés ("Oublie moi") ou politiques ("Me demande pas"). Musicalement, leur fusion est un peu plus sage qu'il y a 30 ans, mais le groupe ose encore brouiller son image avec des idées tranchées et a gardé tout son sens de la mélodie venimeuse ("Welcome to America" qui résonne autrement maintenant que Trump et sa dream team de tarés vont reprendre le pouvoir : "Rodéo sauce Poujade / Chacun pour sa gueule / Dieu pour les autres...") et un phrasé gavé d'énergie ("Au paradis"). Pas encore convaincu ? Alors voici la cerise sur le gâteau, la présence de B-Real (Cypress Hill) sur "No pain no gain" (la version "single" qui en devient assez différente de celle "de base", même si laisser les deux moutures l'une derrière l'autre apporte un peu de redondance).

Back in the game, non seulement les Silmarils injectent du son frais qui devrait tenir sur la durée (on en reparle dans 25 ans ?), mais donnent aussi envie de se replonger dans leur discographie pour se rendre compte que leurs titres sont intemporels, "On est là, on t'emmerde, on est revenu pour foutre la merde...".