Le principe d'une interview est généralement assez simple, on pose des questions, l'interlocuteur répond et c'est plié. Pour une fois, on a voulu faire très légèrement différent et laisser aux membres d'un groupe le soin de s'exprimer un peu plus librement et déballant tout ce qu'ils avaient à dire, sur quelques thèmes de discussion qu'on a proposé. Pas de bol pour eux (sic...) ce sont les membres de Sikh qui s'y collent.
sikherview_promo.jpg
Aux origines...
Le groupe existe depuis 4 ans, après plusieurs changements de line-up on est arrivé a la formation actuelle en 2003 avec l'arrivée de Boz à la basse. Dès le départ on s'est orienté vers un métal assez brutal et groovy où les influences de chacun ont une place importante.
Metalcore, néo-metal... Le son de Sikh
On ne considère pas néo-métal, métalcore ou néo-hardcore, pour le fun on dit qu'on fait du néo giga brutal mais ça ne signifie pas grand chose !
On aime tout le métal en général, on est super ouvert. Ca ne nous dérange pas de mettre un gros riff bien fusion derrière un plan death. On ne veut pas se coller une étiquette particulière et faire simplement ce qu'on aime. On pense qu'il y a du bon dans chaque style, dans chaque branche du métal donc on essaie de rassembler un maximum de metalleux derrière Sikh, qu'ils viennent du thrash ou du néo.
L'enregistrement de l'album
Suite à notre démo sortie en 2003 on a fait quelques pré-prods début 2004. On ne s'est vraiment lancé dans l'enregistrement de l'album que fin 2004, les basse/batterie ont été réalisées chez Serge Begnis au studio Update (Var), les guitares/voix et arrangements au Kallaghan Studio. Tout était en boite fin décembre 2004. Le mix a été fait par Fred et Pendule des Watcha en mars 2005. Pour finir C'est J-P Bouquet qui s'est occupé du mastering.
Le processus de composition
Généralement une ébauche de chaque morceau est amenée au local par un membre du groupe. Chacun a de quoi enregistrer et compose une base dans son coin, puis on amène ça au local pour créer le morceau .
Chaque membre du groupe s'implique dans les parties des autres, un riff peut être amené par Gael, trafiqué par Nico et puis au final on l'arrange pour la voix ou pour faire ressortir le basse/batterie. Une fois la structure du morceau construite on maquette au Kallaghan Studio pour peaufiner chaque plan. Ca nous permet de prendre du recul et parfois de pouvoir se dire : "wow ! c'est de la grosse merde ça !"
L'écriture des textes de l'album
Kal : Sur ce disque il m'a été très difficile de raconter une histoire qui ne m'était pas propre. J'ai écrit ces chansons ces deux dernières années, tout parle de ma vie mais je reste très abstrait. Tout ce que j'écris est assez noir, mais pas complètement pessimiste.
Comme dans l'état d'esprit général du groupe, l'ironie a une place importante dans les paroles. Il faut donc prendre les textes de Sikh au second degré. Depuis tout petit je baigne dans l'univers surréaliste des tableaux mon père. C'est pour cela que ses oeuvres ont une place très importante autant dans les textes que dans l'univers visuel du groupe.
Sans rentrer dans les détails, l'album parle des relations que j'ai avec les gens ("W.e.a.r.e", "Foofipe city") , des limites à ne pas dépasser avec les autres ("I can't take it"). Si certains textes sont assez noirs et personnels, d'autres sont moins sérieux et plus légers ("Malingo", "Planet B", "Kallaghan").
Chaque membre du groupe a un droit de regard par rapport à ce que j'écris, j'ai essayé de faire en sorte que les paroles plaisent à tous. Sur le prochain album j'espère que chacun pourra prendre totalement part à l'écriture.
Les influences musicales du groupe
Chacun a son propre univers musical, Gael vient d'un milieu trés extrême, Kal a grandi avec du rock des 70's, Boz aime les musiques barrés style Frank Zappa ou tout ce qui sort de la basse de Les Claypool,et enfin Niko penche plus vers le thrash des années 90's !!! On se retrouve sur pas mal de groupes également : Primus, KoRn, Pantera, Meshuggah, RATM...
La collaboration avec le label Versus
Le label Versus est la structure qui a signé notre premier album. Ils nous ont trouvé un distributeur (Night & Day), et financent pas mal de trucs pour nous aider. Ce qui est cool c'est que l'on fait exactement ce qu'on veut et il n'y a pas de sensation "Versus c'est le patron" ils sont super ouverts. Mika, notre manager, a une bonne expérience dans le milieu puisqu'il s'occupait de Eths chez Coriace avant de monter Versus.
Et maintenant ?
L'année 2006 devrait être une année chargée pour Sikh, plusieurs tournées sont prévues (Versus Tour, Blizzard Tour) pour promouvoir notre premier album, et quand les compos seront là, l'enregistrement du second .
La scène métal française actuelle
Nous aimons tous les groupes français qui mettent la rouste en concert : Watcha, Gojira par exemple, c'est pas la même musique mais c'est le même combat sur scène. L'état d'esprit de certains groupes français nous déplaît vraiment : tout n'est que question d'étiquette et tout le monde se fritte. Au final ils se bloquent artistiquement et "n'osent pas" par crainte d'être jugés. Nous on s'en tape : on a été élevé avec des univers très différents et on veut seulement faire du rock n' roll, que ça transpire ! On s'en branle d'être classé et surtout on fera tout ce que l'on peut pour toujours faire ce que l'on veut.
Internet et le P2P
Internet, permet de découvrir beaucoup de bons groupes pas forcément mis en avant dans les magazines spécialisés français. Mais c'est à double tranchant, n'importe qui peut écrire sur un groupe. Trouver un véritable avis objectif sur le web est vraiment difficile. Il faut tout prendre avec beaucoup du recul. Dans tous les cas c'est un super moyen de promotion, les webzines mettent ton album en avant, tu rencontres directement l'avis du public grâce aux forums.
Pour nous la création d'une page sur myspace nous a permis de promouvoir notre album directement auprès des gens qui peuvent apprécier ce que l'on fait et pas uniquement en France.
Si quelqu'un charge notre album sur emule ça lui donnera peut-être envie de venir nous voir en concert. On a tous déjà téléchargé des albums sur le web mais quand le disque nous plait vraiment on l'achète, on espère que les gens feront de même avec notre CD. Le métal en France ne rend pas les groupes riches, même quand ils marchent très bien. Il faut que le public prenne conscience de ça et achète les disques si ils veulent que les groupes subsistent et continuent a faire vivre le métal.
Merci aux membres de Sikh de s'être prêtés à l'exercice de l'interview sans filin.