sikh_artwork Néo-metal bourrin, émo-core puissant, Sikh n'est-il qu'un combo de plus jouant sur un terrain déjà largement défriché par les KoRn et consort ? Pas exactement. Certes, les samples qui ouvrent "I can't take it" peuvent faire penser à Spineshank, mais le combo niçois possède quelque chose de plus, une sorte de colère sourde et lancinante qui ne demande qu'a exploser. Telle une bête féroce enfermée dans sa cage et ne cherchant qu'à laisser exprimer ses instincts les plus primaires, Sikh fait mal... très mal, d'autant que, juste avant "I can't take it", le groupe nous avait mis une grosse mandale en pleine face avec un "Malingo" qui laissera du monde sur les rotules.
Alors que "I can't take it" est encore imparfait (chant pas complètement convaincant, ruptures de rythmes un peu trop abruptes), on sent bien que le groupe en a sous le capot... et le prouve sans attendre. Quelques textures éléctroniques, le temps d'un interlude plus apaisé ("Choirs") et Sikh te démonte les cloisons à coups de riffs massifs. Fiévreux, insidieux, diabolique, le groupe relâche la bête en liberté à l'occasion d'un "W.E.A.R.E" furieux et destructeur, à situer quelque part entre du Machine Head, période Burn my eyes et du Ektomorf (façon Destroy). Le tout avec un sens du riff meurtrier, une section rythmique qui assomme la concurrence et une prédisposition à varier habilement les ambiances, en s'offrant quelques passages calmes et mélodiques du meilleur effet.
A l'occasion du très éléctro-metal "Foofipe city", glacial et clinique, le groupe s'offre quelques lignes de gratte hyper accrocheuses et des rythmiques carrées et saccadées qui donnent à ce titre un petit côté Static-X. Sikh a visiblement bossé ses classiques, pour mieux les passer dans le mixeur et en ressortir un cocktail guerrier et chargé en testostérones, avec un "Ground zero" rageur évoquant le chaos du 11 septembre 2001, un peu à l'image d'un "Maderica" qui se veut être son prolongement direct. Sans réussite, le groupe semblant chercher sa voie sur ce titre très néo-metal gueulard, un peu foutraque, à tendance post-apocalyptique, mais au final, ni original, ni foncièrement accrocheur.
Telle une chimère, le très bref "Blizzard" puis la monstrueuse hydre à sept têtes "Planet B" développent un metal organique et menaçant jusqu'au "Kallaghan V1.02" final. Un mur de son et de guitares, assez progressif dans l'âme. Un titre trempé dans l'azote liquide et qui conclue assez étrangement un album féroce, enragé et beaucoup moins monolithique qu'il n'y paraissait au premier abord. Une claque impressionnante. Des survivants ?