Metal Métal > Shovel

Biographie > un coup de pelle

Voilà certainement la dernière grosse claque du siècle. En tout cas, moi depuis le KoRn éponyme et le Herzeleid de Rammstein, j'en avais pas pris d'aussi grosse.
Dans les milieux autorisés, on s'accordait à dire qu'un petit groupe suisse risquait bien de faire un carton un de ces jours. Mais bon, en Suisse, y'a que des banquiers qui parlent, tout doucement, de chocolat en surveillant leurs belles montres. Donc, on les attendait au détour du Léman, ces petits suisses avec leur Latitude 60° low, d'autant plus que "Suisses énervés", ça fait autant oxymore que "Norvégiens métalleux" fait pléonasme. Bref, on était sur nos gardes, mais pas trop quand même. Et puis BAF, dans la tronche ! Et on était prévenu pourtant... Le pire, c'est que aprés le BAF de la première écoute, y'a eu un REBAF, lors de la deuxième, et que c'est à chaque écoute on se prend une nouvelle torgnole, y'a pas à dire :
Shovel fait mal, là où ça fait du bien.
Parceque wouaww, quel plaisir cet album, plus je l'écoute et plus il me semble parfait. Y'en aura toujours pour dire qu'ils profitent de la vague "néo-métal" et surfent sur le rouleau KoRn/Deftones, mais bon, cela n'auront pas compris grand chose à la musique de cette fin de siècle, où alors ils ne l'auront pas assez écoutée... Parce que Shovel innove, ouvre une nouvelle voie.
Une voix qui vous entraîne au plus profond de vous-même, une basse ronronnante qui vous apprivoise, un tempo sur lequel se rythme votre coeur, des guitares mesurées qui vous encerclent avec des riffs saturés, et c'est trop tard, Shovel s'est emparé de vous, à tout jamais.

De 93 à 96 sévit sur la Suisse et ses pays voisins, un groupe du nom de Eastwood. Aprés un album (Behind the wall) et une centaine de concerts plutôt remarqués (Prix de la scène au Paléo Festival de Nyon), le groupe cesse son activité. Mais trois de ses membres, à savoir Frank (batteur), Pol et François (guitaristes) continuent leurs aventures musicales. Ils croisent le chemin de Francisco (chant) et de Raph (basse), nous sommes au début de 97, Shovel est alors au complet. Le renom de Eastwood leur permet de faire quelques gros concerts durant l'été 97, ils ouvrent notamment pour les regrettés Helmet mais aussi Therapy?. A l'automne, ils enregistrent leur première démo sérieuse (Birth) au studio des forces motrices de Genève, avec David Weber aux manettes (Young Gods, Drive Blind). S'ensuivent un split EP avec Unfold et de nombreux concerts (ils assurent notamment la première partie de la tournée No one is innocent en Suisse). Tout cela nous amène fin 98, période marquée par l'enregistrement de Latitude 60° low, premier grand, trés grand album de Shovel, produit par Dan Bergstrand, celui-ci devrait propulser Shovel sur le devant de la scène. Une scène où ils sont dorénavant impatiemment attendus, avec pour eux déjà une énorme date le 8 juillet aux Eurockéennes de Belfort, où ils partagent l'affiche avec Slayer, Mass Hysteria et MetallicA, rien que ça...
Malheureusement, le groupe a du mal a tourné en France faute de "groupes dans le même style" et d'efforts de la part de leurs partenaires français... Quand vient la composition du nouvel album, le groupe veut acentuer le côté rock aux dépends du métal, Francisco ne se sent plus à sa place et s'en va, c'est en vain que le groupe cherche alors un nouveau chanteur à sa hauteur. D'un commun accord, Shovel meurt.
Mais on les retrouvera forcément dans la musique, Franck étant le premier à rebondir avec A season drive et Houston Swing Engine.
Merci pour tout.

Interview : Shovel, Interview croisée : Out-Shovel (février 2000)

Interview : Shovel, Interview de Shovel (mai 99)

Shovel / Chronique LP > Latitude 60° low

shovel : latitude 60° low Difficile de vous expliquer les 14 tites de ce premier album si vous ne le connaissez pas. En gros c'est l'émotion de KoRn, le son des Deftones, la basse de Tool et de l'énergie, beaucoup d'énergie. Et vous mélangez tout ça dans une grosse marmite qui fait que le résultat ne ressemble à rien sauf à Shovel. C'est là qu'ils sont trés forts, ils ont assimilé ce qui se fait de mieux dans le "néo-métal" et ils nous l'ont condensé sur un seul album. Latitude 60° low, c'est une démonstration, c'est la synthése parfaite de tout ce qu'on aime.
Oppressantes sur "Lurk", les guitares et la voix, si claire et si sombre à la fois, se libèrent pour mieux nous retenir prisonnier, sur un "Scythe" ascensionnel dont on revient pas. La musique produite par les helvètes vous pénètrent de façon à ce qu'il n'y ait plus rien entre elle et vous, il ne restera que l'ombre des notes passées dans l'air, gap. Energie pure, et surtout dure quand il s'agit de "Path", maîtrisée et délivrée par injection lorsqu'il s'agit de mask, énergie, toujours de l'énergie, de la gasoline en bidon de 50 litres, une débauche insolente et enviable... Si on y ajoute la voix douce et envoutante de "Wreck", Shovel devient le remède miracle contre vos états d'âme, un moyen de transformer spleen en idéal. Retour sur terre avec "Frequency 66", les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent... Elles laissent place à un surpuissant "Boil over" qui joue avec nos membres entraînés par le rythme. Essoufflé, il ne nous reste plus qu'à nous laisser assomer par un "Sshell" ou un "Spark", deux titres qui mettent la pression sur Chino et les siens pour leur futur album, deux titres qui impressionnent. Le temps de respirer, "Herida", et la magie de Shovel reprend, la démonstration continue, sans excess, sans fioriture, sans fausse note. Amalgame parfait ente maîtrise et spontanéité, Latitude 60° low est un rêve, un rêve dont on ne ressort que par "Liquid" et ses quelques notes apaisantes, bienfaitrices, des notes qui vous poussent à retomber dans le piège Shovel, du coup, le même rêve recommence, enfin presque que le même, puisque celui-ci est encore mieux.