Shaka Ponk : Loco con da frenchy talkin' "C'est le truc que c'est tellement gros que t'y crois même pas !" Voilà, c'est très incorrect, tu peux te rattraper pendant 125 lignes après, avec des paragraphes flirtant avec la perfection, mais c'est écrit, et le prof', pas très indulgent, ne peux absolument pas supporter ce genre d'écart dans les copies de ses élèves et il te colle un 4/20. C'est très incorrect mais c'est pourtant la première choses qui m'a traversé la tête à l'écoute de cette "formidabilissime" (pour la peine, ça ne fera plus que 3/20 !) bombe de Shaka Ponk. Tellement exceptionnelle qu'on dépasse le sans faute, le 100 mètres masculin en moins de 9'60, le décathlon en 13 000 points sur 13 471 possibles, le 12g/litre de sang sans coma éthylique : bref, tellement gros que t'y crois même pas !
De quoi faire passer l'Electrochoc d'Enhancer pour un électro-encéphalogramme semblable à une patinoire vue en coupe, ridiculiser la quasi-totalité du répertoire de Limp Bizkit et renvoyer aux vestiaires l'équipe de France dès le premier tour du prochain mondial : ceci n'est qu'un aperçu de ce dont est capable cette énorme galette ! En revanche, Shaka Ponk a tous les attributs pour se hisser largement au niveau du meilleur de NFZ, Senser, Serial Flashers, Rage Against The Machine, Guano Apes et autres Jon Spencer Blues Explosion réunis. Je vous assure que Loco con da frenchy talkin' est de ce tonneau-là. Délires électros disséminés sur toute la durée, rythmes déchaînées ("Body cult"), flows ahurissants mais impeccables ("Disto cake"), morceau inattendu, plus acoustique, créant une jolie trêve, histoire de reprendre son souffle, ("My boom is bumpin' "), grattes accrocheuses comme c'est pas permis, samples plus qu'extasiants, envolées funky, coups de buttoirs insensés ("Tekno kills"), sonorités ethniques ("Sonic") : la gamme des réjouissances est extrêmement large. Un grain de folie RHCP ("Da teen town") par ci, le strass de LTNO par là, vitalité à toute épreuve, innovations tous azimuts, Shaka Ponk a mis le paquet et surclasse pas mal de rivaux potentiels du moment. On ne se lasse vraiment pas d'écouter en boucle la performance pourtant longue d'une heure, nourrie par quelques guests détonnants. Oui, qui plus-est, Shaka Ponk est rentable ! Il s'écoute partout : voiture, jogging, baignoire, coup de fatigue, voyage cosmo-planétaire et j'en passe.
Autre aspect de Shaka Ponk, abordé sur la pochette par le "Parental advisory - No-sens lyrics" : l'univers décalé créé par le groupe, tant au niveau des paroles (en anglais et en espagnol) que des visuels, le passé de graphiste de Frah refaisant ainsi surface.
Même si la totalité de l'album mérite largement le détour, les conseils d'écoute iront en priorité à "Hell'o", "Watch'ha", "Disto Cake" ou "Fonk me" qui sont de véritables bombes à effet immédiat ! A remarquer aussi l'étonnante version ralentie de "Spit", dont la version originale (présente sur l'album) avait fait éclore Shaka Ponk au public via Dédales. D'ailleurs, il est à remarquer que "Spit", titre excellent s'il en est, semble détaché de l'album comme si ce n'était pas tout à fait le même groupe qui l'avait composé. Ceci est d'autant plus étonnant, que la palette des autres titres est déjà très large et que "Spit" s'en retrouve néanmoins marginalisé. Bien d'autres surprises vous attendront puisque Shaka Ponk pense à tout ! Ils vous livrent, en plus d'une heure de sons haut de gamme (production irréprochable) une plage multimédia composée de quelques goodies, révélateurs de l'univers visuel du groupe, avec principalement le clip de "Fonk me" qui ravira à la fois les amateurs de film d'animation et de dérision. Reste à savoir si il ne s'agit pas d'une vaste farce (Stupeflip, The Rasmus et consorts...) commanditée pour lyophiliser les cerveaux de nos ados boutonneux, dans ce cas, j'admettrai m'être mis le doigt dans l'oeil mais ne pense vraiment pas que c'est dans cette voie-là qu'il faille chercher. Bon, c'est cruel mais c'est comme ça, je lui balance, malgré le risque encouru, un 22/20 à ce Loco con da frenchy talkin' !