Scott Kelly and the Road Home - The forgive ghost in me A peine deux mois après la sortie du tribute album Songs of Townes Van Zandt auquel il a contribué avec Steve Von Till, son compère au sein de Neurosis & Scott Wino Weinrich, et quelques semaines avant la sortie du nouvel album de Neurosis, Scott Kelly, pourtant déjà bien occupé à présider aux destinées de Neurot Recordings (le label fondé avec ses "frères" Neurosis), livre un nouveau disque (presque solo) très poétiquement intitulé The forgiven ghost in me... Presque on a dit, puisque pour ce nouvel effort, le songwriter/guitariste/vocaliste a convié une sorte de backing band composé d'une poigné de musiciens parmi lesquels Greg Dale, Josh Graham (A Storm of Light, Battle of Mice, Red Sparowes...), Jason Roeder (Neurosis, Sleep) et Noah Landis (Neurosis aussi).

Casting de luxe et talents purs à tous les étages, le tout dirigé de main de maître par un Scott Kelly apparemment désireux de s'échapper du format "album solo" pour s'amuser à bouleverser les carcans artistiques. Son confort créatif aussi, lui qui livre ici une partition d'inspiration résolument folk/country/americana, dans la plus pure tradition du genre, la classe folle d'un songwriter de génie en plus. Et une filiation pas si éloignée avec... Townes Van Zandt, comme pour respecter une certaine logique, avec une élégance étourdissante qui fait la marque des grands, quand bien même le morceau inaugural de l'album ne soit pas réellement parmi ce que Kelly a fait de mieux ("A spirit redeemed to the sun" mineur). Et puis de toutes les façons, un titre en deça de ses qualités intrinsèques suffit néanmoins à l'américain qui enchaîne sans ciller avec le sublime morceau-titre de l'album. Profond, ténébreux et en même temps parsemé de quelques lignes mélodiques lumineuses, voici la première pépite de The forgiven ghost in me.

Pas le temps de douter de l'inspiration du maître que celui-ci a déjà remis les pendules à l'heure et comme pour mieux démontrer que c'est lui le patron, embarque son auditoire dans une ballade à travers les immensités crépusculaires de la vieille Amérique rocailleuse (magnifique et racé "In the waking hours"). On voyage à travers des paysages désolés, hantés par les ombres fantomatiques d'un passé qui semble condamné à resurgir dans cette mélancolie à fleur de peau qui découle ici d'une profondeur étourdissante ("Within it blood"). Scott Kelly au sommet de son art l'espace d'une poignée de titres bouleversants ("When let the Hell come") exhalant la brume grisâtre d'un désespoir latent, avant d'enfin apercevoir de nouveaux quelques rayons de lumières sur "The sun is dreaming in the soul" et de replonger dans les abîmes émotionnels de "The field that surrounds me" aux instrumentations discrètement envoûtantes. Plus rien n'arrête alors Scott Kelly dans sa quête d'absolu country/folk/americana et c'est complètement habité par l'écriture finement ciselée de l'Américain que "We burn through the night" vient définitivement parachever cet album en forme de petit chef d'oeuvre du genre.