Longtemps passé sous nos radars, Scarred apparaît sur le W-Fenec à la faveur de son troisième album et d'un changement de chanteur (Yann des Kitshickers est arrivé). Cela est-il lié ? Va savoir. En tout cas, le combo luxembourgeois semble avoir remis pas mal de trucs à plat puisque ce nouvel opus n'a pas d'autre nom que le leur. Derrière un son massif et un chant lourd affirmé, il ne faut pas gratter beaucoup pour trouver un groupe qui construit ses morceaux avec méticulosité avant de tout faire péter, il y a donc pas mal de finesse ("Sol", "Prisms", "Merry-go-round", "Lua", "Yours truly"...) et même des trucs bien alambiqués (pour ne pas dire progressifs) dans le genre de "A.H.A.I.A.", "In silent darkness" ou "Petrichor" qui rendent leur musique difficilement classable et ô combien intéressante. Car là où on pourrait réduire le style à "du Gojira" (puisque dans la description ça pourrait y ressembler), le rendu est assez différent, Scarred propose autre chose, un métal très ouvert qu'il ne faut pas enfermer à l'écoute des seuls "Mirage", "Chupacabra" ou "Nothing instead", trois plages ultra efficaces mais de facture relativement "classiques" (mais je te dis que je suis sûr que j'ai déjà entendu ce plan chez Sepultura dans les années 90's). Bref, de nombreux passages clairs qui contrastent avec d'autres bien bourrins et au milieu des compositions qui sont de véritables aventures sonores, voilà comment résumer ce Scarred. Et si ça semble assez bancal avec ces mots, les lascars ont réussi à trouver le bon équilibre, l'ensemble est carré, quelque soit le champ exploré, c'est précis, utile et donc justifié. Et comme en plus, l'artwork est lui aussi très réussi, tu n'as plus aucune excuse, Scarred est également sur ton radar, maintenant, bon courage pour les oublier...
Publié dans le Mag #46