Metal Métal > Scarlean

Biographie > Cicatrice allongée

Entre la formation du groupe (en juillet 2012) et son premier album (en janvier 2016), il se sera écoulé un peu moins de 4 ans. Il faut préciser que certains membres de Scarlean ont déjà un peu d'expérience, ayant connu d'autres groupes précédemment (Alexandre au chant et Geoffrey à la guitare jouaient même déjà ensemble). Originaires de Valence et Avignon, ils enregistrent et sortent un premier EP éponyme en 2013, s'organisent pour progresser (avec Jay, le bassiste, ils montent un studio), font des concerts, préparent un album dés 2014 mais sa sortie est retardée du fait de changements de line-up. Après avoir trouvé un nouveau batteur (Sylvain) et un deuxième guitariste (Arnaud), ils délivrent ce premier album très abouti (rien que le digipak...) intitulé Ghost.

Interview : Scarlean, Scarlean au Hellfest 2023

Scarlean / Chronique LP > Silence

Scarlean-Silence Le silence est d'or dit l'adage, j'ai l'impression que Scarlean joue les Midas car tout ce qu'ils touchent (artwork, clips, ...) se transforment en pépites. Ils peuvent incorporer ce qu'ils veulent dans leur musique (touches électroniques, piano, passages qui blastent sévèrement...), ils réussissent toujours l'amalgame et conservent le cap d'un métal groovy, percutant et particulièrement accrocheur. Si tu ne les connais pas et les découvre au travers de leurs clips ou de ce Silence, tu peux facilement imaginer avoir à faire à une grosse cylindrée US qui dépense sans compter l'argent d'une major pour fignoler chaque détail visuel comme auditif. Mais non, les mecs font tout "tout seul" (ou presque, c'est Sébastien Camhi - Death Decline, Darkenhöld, Gorgon... - qui enregistre et mixe, c'est Kai Stalhenberg du Kohlekeller Studio - Powerwolf, Benighted, Aborted... - qui masterise) pour un résultat plus qu'impressionnant.

A la fin du siècle dernier, les références du genre qui s'imposaient à nos oreilles s'appelaient Disturbed, Adema ou Sevendust, aujourd'hui, j'avoue être un peu largué et être moins sensible aux sirènes américaines (souvent trop produites et arrangées) mais je gage que Scarlean doit davantage apprécier ces vieux groupes que les plus jeunes. En tout cas, on retrouve le sens du dosage parfait entre les mélodies, le riffing, les rythmes et les ajouts d'éléments pas forcément "rock" (des sons, des samples, d'autres instruments) mais qui colorent l'ensemble et lui donnent une identité particulière. La variété des atmosphères défie également l'ennui, on peut avoir des parties marquées par le néo-métal ("The hand on your skin", "Wake up right now"), le rock ("Keep your secret") et d'autres qui pourraient être empruntées aux passages les plus lourds de Gojira ("Pray fanatic" même s'il faut bien l'avouer, j'ai d'abord pensé à "Calojira") mais le tout sans dénaturer l'ensemble et garder cette sensation d'une musique universelle, accessible, presque "facile" alors qu'elle est composée de bien trop d'éléments pour que ce soit "simple".

Scarlean brille encore d'inventivité et fait honneur à une citation d'un de mes auteurs préférés (à savoir Honoré de Balzac) : "Quoi de plus complet que le silence ?". Bravo.

Publié dans le Mag #53

Scarlean / Chronique LP > Soulmates

Scarlean - Soulmates C'est avec Ghost que Scarlean s'était révélé, et c'est encore avec des histoires de fantômes qu'ils nous reviennent. Si Soulmates signifie "âmes soeurs", on imagine aisément avec l'artwork que la frontière entre la vie et la mort les sépare. Les planches de Oui-Ja font passer des messages (tout est en feu), une incantation latine de sorcier médiéval invite à la confrontation, les textes laissent entrevoir une phrase peu amène envers l'humanité et les mots des chansons traitent souvent de la mort sans la craindre. Cette infernale introduction à leur univers ne donne pour autant pas forcément le ton car le combo sait se montrer plus doux et lorgner de temps à autre vers un rock musclé alors que le style d'ensemble reste un métal alternatif porté par l'expression de sentiments assez puissants. Le tout premier riff fleure bon le nu métal (ça sonne comme du Eths jusqu'à l'ajout de quelques arrangements qui donne à la partie instrumentale une couleur qui pourrait plaire aux fans des derniers KoRn), c'est le chant clair qui vient donner toute sa singularité (et une grande partie de l'intérêt) au groupe qui sait délier autant que hacher ses accords pour varier les ambiances. Autant d'armes qui leur permettent de nous embarquer dans leur monde mais aussi de nous en faire sortir quand ils décident d'inviter Anneke Van Giersbergen à reprendre le mélancolique tube "Wonderful life" (écrit au départ par Black), la voix de l'ex-The Gathering transperce l'air, son écho grave et la tristesse des guitares font réfléchir au côté "merveilleux" de la vie et nous renvoient dans le tumulte des sensations façonnées par les Avignonnais. La beauté de cette reprise fait de l'album un must have, et même sans cette cover, l'opus mérite toute ton attention.

Publié dans le Mag #41

Scarlean / Chronique LP > Ghost

Scarlean - Ghost Après un "Prelude" instrumental, c'est avec "Am I this one" qu'on découvre la musique de Scarlean (sans du coup savoir si c'est vraiment eux puisqu'ils se posent la question) : rythmes saccadés, sonorités métal, respirations cassantes, chant clair habité qui change quelque peu de registre pour gagner en harmonie alors que le son s'adoucit lui aussi quelque peu, le chant adopte alors ce ton propre au post-grunge (Creed par exemple) alors que musicalement, on reste sur des mesures très marquées, le côté net et sec étant contrebalancé par quelques riffs orientalisant. Les guitares aiguisées de "Need no refrain" allume la référence Tool dans mon cerveau de fan mais, si ce n'est par quelques rythmiques ou quelques passages de gratte, on en restera là pour la référence aux groupes de MJK (ajoutons A Perfect Circle dans le lot) étant donné que la voix étant assez éloignée de la sienne. S'il fallait rapprocher Scarlean d'un autre combo, ce serait plutôt Evenline, avec un goût plus marqué pour l'électronique (de petites décorations samplées passent par les oreilles de temps à autres).

Les compositions de Ghost sont assez équilibrées, entre titres tranquilles ("Between the line", "Lifetime") et belliqueux ("Get away from me", "Try like everyone tries"), avec bien entendu ceux qui ne savent pas trop de quel côté ils tendent, jouant sur la construction classique du refrain qui tranche avec les couplets ("Miracle lovers"). Mais du début à la fin, on reconnaît la touche Scarlean grâce à leur son (très propre) et à leur volonté de proposer un rock/métal agréable à écouter sans tomber dans la simplicité. En bonus, le groupe joue la carte acoustique, offrant une version unplugged, dépouillée (et live) de "Get away from me", avec ses percussions chaleureuses pour principal support, c'est une très belle relecture qui démontre que le combo ne rechigne pas à la tâche et a foi en ses compositions. À suivre.