Ruyyn Ruyyn Quel retour peux-tu me faire sur ta prestation au Motocultor ?
C'était mortel ! Super accueil, des conditions royales sur scène avec la MainStage, hyper à l'aise car ce n'est pas toujours facile de faire des grosses scènes et là, on était chez nous. Très bon sur le plateau et le plus important: un super public ! On a eu beaucoup de monde et surtout un public très réceptif ! Même si je pense que beaucoup ne connaissait pas Rüyyn. J'ai apprécié d'avoir un public qui réagissait quand je les interpellais.

J'ai crû comprendre que tu étais un autodidacte ? Cela doit avoir ses avantages, comme de faire ce que tu veux mais aussi des inconvénients ?
Putain, ouais ! (dans un soupir) L'avantage comme tu l'as dit toi-même, c'est que je fais ce que je veux. Avant Rüyyn, j'étais dans de petites formations qui n'ont jamais rien donné. J'ai essayé le truc classique où tout le monde participe. Mais quand je pense de la musique, je pense dans sa globalité, je pense à tout l'album, comment il va devoir sonner, quels paysages les gens doivent s'imaginer quand ils vont écouter. Et cela, il n'y a que moi, seul, qui peut le faire parce que je sais exactement où je vais tout le temps. Si je devais faire participer tout le monde, cela n'aboutirait pas au projet que j'ai élaboré. Je suis plus à l'aise en travaillant seul. Mais, il y a aussi des inconvénients. On me pose souvent la question du recul mais, et je ne veux pas être prétentieux, comme je sais où je vais, ce n'est pas un problème.

Et tu n'as pas l'angoisse de la page blanche ?
Je ne l'ai jamais parce que je ne me force pas. Si pendant 6 mois, je n'ai aucune idée et bien ce n'est pas grave. J'imagine les groupes qui ont des dead lines, ça doit être compliqué. Moi, je ne fonctionnerai jamais comme ça. Les choses sortiront quand ce sera le moment, je prends mon temps. Et en fait, tout se met en place naturellement. Je compose mais je fais aussi la production.

Justement, j'allais y venir : tu as autoproduit ton premier EP mais ce sont Lles Acteurs de l'Ombre qui t'ont accompagné pour ton album. C'est un label qui n'est composé que de bénévoles donc ils ne doivent pas te mettre la pression. C'est le label rêvé pour toi ?
LADLO ne me met aucune pression et ça marche super bien avec eux.

Que t'apportes LADLO ?
Déjà, ils gèrent beaucoup de choses que je n'ai plus à gérer : le pressage. C'est un excellent support notamment la partie graphisme, la partie promo. Ce sont des gens qui connaissent. Et moi, tout ça, je fais déjà beaucoup de choses tout seul, je n'ai pas envie. Et je ne saurai pas comment procéder. J'ai la chance de travailler avec des gens qui m'aiguillent toujours très bien, qui respectent mes choix et pour moi, c'est le plus important. J'ai une très bonne entente avec eux et c'est une relation qui est saine. C'est surtout un label qui soutient ses groupes. Pour les dates, je fonctionne avec une agence de booking : Explosion Booking.

Ruyyn Ruyyn Ton album était un prequel à ton EP avec toujours le même protagoniste. Une suite est prévue ?
J'ai déjà commencé à écrire le troisième et à l'imaginer. Je pense que cela se ressent entre l'EP et l'album, la musique est très différente et ce sera encore plus le cas avec ce troisième opus. Je n'ai pas envie de faire constamment la même chose. Il faut que la musique évolue tout en restant cohérente. Mais d'un point de vue storytelling, on va rester sur le même univers. Tout ce que je raconte est une extrapolation du moi très négatif. C'est un univers très nihiliste mais c'est l'acte qui est positif pour moi. Rüyyn est un projet cathartique, c'est la seule chose que j'ai trouvée pour réussir à être stable dans ma tête.

Je trouve ça génial que tu transformes toute cette négativité en art et que tu puisses le partager. Et tu offres ainsi une possibilité de catharsis à ceux de ton public qui en ressentent le besoin.
C'est marrant que tu me parles de ça, car, récemment, quelqu'un m'a écrit sur insta pour me dire qu'il traversait une grosse dépression et qu'il trouvait quelque chose en ma musique qui lui faisait écho et lui faisait beaucoup de bien. Et moi, je vis la musique comme ça. Je pense que les fans de musique extrêmes ont cela en commun: la musique qui permet de défouler toute la merde que l'on accumule chaque jour. On cherche la puissance, l'euphorie, la violence. Je pense également la musique en images, des paysages, des lieux et j'aimerais être capable de le faire découvrir à mon public. Proposer un visuel, j'aime beaucoup cette idée mais je ne sais pas encore comment le tourner.

Ruyyn Ruyyn Lorsque tu me parles de cela, je pense à l'auteur de thrillers glaçants et de fantastique Maxime Chattam qui indique toujours la liste des musiques qu'il écoute lorsqu'il écrit. Il est fan de musique Metal et invite ses lecteurs à écouter sa setlist pendant leur lecture pour une meilleure immersion. Cela m'avait marquée aussi pendant un concert de Gojira qui diffusait des images scénarisées, des paysages mais aussi des gifs un peu psychédéliques qui renforçaient le pouvoir de leur musique atmosphérique et envoûtante.
C'est très intéressant tout ce que tu me dis et j'ai de plus en plus envie de me pencher sur ce projet. Il faut que je trouve les bonnes personnes pour m'entourer et mettre en forme ce que j'ai vraiment en tête.

Et tes influences musicales ?
On va commencer par le plus évident : je suis un peu resté bloqué dans le Black Metal des années 90 mais j'ajoute des petites choses. Je ne prends pas encore tous les risques que je devais prendre car la musique vient comme ça. J'ai une énorme tranche années 70 car j'ai grandi là-dedans. Mes parents étaient de grands fans de tout le rock des années 70 : Pink Floyd, Led Zeppelin... mais également de musique classique. J'adore Michael Jackson. Les mecs ont révolutionné la musique et ont pondu des trucs qu'on utilise encore aujourd'hui. J'ai été bercé là-dedans et réceptif. J'ai aimé le Hard Rock étant gamin, j'ai eu une révélation avec AC/DC à 10 ans. Mais j'ai débuté très tard la musique car j'ai eu ma première guitare à 18 ans. Le deuxième choc à l'adolescence quand le grand frère d'un copain qui écoutait entre autres du Venom m'a donné une compilation des groupes de cette époque. J'ai découvert le black norvégien des années 80 un peu plus tard et notamment Mayhem qui avait un site internet dégueulasse avec des photos bien merdiques. J'étais gamin et ça avait un côté un peu effrayant. Et à partir de là, j'ai découvert Gorgoroth, Dimmu Borgir, Darth Thrown, Craddle of Filth et ma grande révélation Emperor ! C'est là que j'ai su que j'allais faire de la musique, j'avais 17 ans. Et ce groupe est toujours une influence.
Pendant longtemps, j'ai eu une vie normale, avec un travail, une maison et puis, j'en ai eu marre. J'ai eu envie, le besoin de refaire du Black Metal et en 2020, je me suis lancé avec Rüyyn. Je l'ai avant tout fait pour moi et j'ai été stupéfait de constater que cela marchait et que des labels me contactaient. Je suis hyper reconnaissant de ce qui m'arrive et des retours de mon public.

L'actu de Rüyyn ?
On a trois dates de prévu : le 6 septembre à Lille, le 14 septembre en Belgique et le 20 septembre au Muscadeath. Et il y a encore d'autres choses de prévues plus tard mais je n'ai pas le planning en tête...