Royal Talons Lourd, pesant, prégnant, baignant dans une moiteur psychédélique, Royal Talons, nouveau venu sur la scène sludge/doom/psychée avec un peu de hard bien velu dedans, a une recette somme toute assez simple. Un album : cinq titres (fleuve) flirtant continuellement avec la barre des neuf minutes, une répétitivité rythmique sentencieuse, un riffing pachydermique, une lenteur neurasthénique et ce psychédélisme enfumé qui rend l'ensemble proposé par les natifs de Denver, particulièrement immersif. Le groupe livre une partition aux contours stylistiques aisément reconnaissables, directement adressées aux inconditionnels du genre (les autres peuvent d'ores et déjà passer leur chemin), et "Shark skull", en bon morceau inaugural, pose parfaitement les termes de sa problématique musicale.

Royal Talons est un élève appliqué, digne héritier des référents Electric Wizard (en renvoyant notamment au cultissime Dopethrone) avec en sus une jolie influence à aller chercher du côté de Earth. Sur une pièce comme "The scroll", le groupe se laisse ainsi aller à ses penchants sonores effleurant les contours de la déviance pour titiller le sludge le plus hard qui soit avant de s'offrir un climax heavy psychédélique de grande classe. Instaurant des paysages sonores habités par les dieux de mouvement stoner/doom/psyché ("Robot cities"), le groupe distille ici une musique finissant inexorablement par plonger l'auditeur dans une léthargie narcotique dont seul l'intense et volubile "D-day spell" peut l'extraire. Car cette fois, c'est un torrent de riffs bulldozer qui s'abat sur les enceintes, avec une densité palpable comme ligne directrice et l'abrasion sensorielle pour seul mantra. Les américains ne font pas que réciter des leçons parfaitement apprises, ils parviennent à trouver leur propre voie et à créer ce quelque chose de personnel qui rend leur album si addictif et dans le même temps régulièrement aventureux ("Western path").

Sous influence certes, ce premier album signé Royal Talons n'en demeure pas moins parfaitement maîtrisé... mais également détenteur d'un petit "truc" en plus qui le rend difficilement dispensable. Hautement recommandable, sérieusement recommandé et encore une excellente trouvaille à mettre au crédit du décidément très inspiré label ConSouling Sounds (Alkerdeel, Amenra, Last Minute to Jaffna, Nadja, Syndrome...). On valide.