Rorcal | Process of Guilt Pour aller du Portugal en Suisse, il faut traverser au moins deux grosses chaînes de montagnes, pas étonnant donc de les voir dans le décor de ce split réunissant les fleurons post-hardcore de ces deux contrées... L'une est un asile pour protestants, l'autre est un bastion du catholicisme, là encore, trouver une bande de scouts en pleine cérémonie religieuse n'étonnera personne. Mettre de la couleur dans l'artwork ? Impensable ! Voilà donc à quoi ressemble graphiquement le split Process of Guilt | Rorcal, les aveugles me remercient, les autres me diront qu'ils avaient bien vu et remarqué combien ça claquait.

Les deux groupes ont mis toute leur noirceur dans un triptyque, "Liar : movement" en 3 parties pour Process of Guilt et la suite "IX", "X" et "XI" pour Rorcal qui a pour charge d'ouvrir les hostilités et nous rappelle très rapidement à leurs bons souvenirs, un petit souffle sourd, prends ta respiration et ... bienvenue chez l'équarrisseur, les Suisses sont en mode destruction totale de tout silence et envoie du riff, du growl et de la rythmique insensée sans discontinuer. Une boucherie chevaline de premier ordre avec une viande musculeuse ornée quelques bouts bien gras, "c'est persilé ma bonne dame", paye ton steak et prends également une escalope pour soigner l'oeil au beurre noir qui ne va pas tarder à apparaître après une telle mandale. D'ailleurs, les yeux vont par deux (toutes mes excuses auprès des non-voyants qui liraient cette chronique en braille), voilà "X" pour ne pas faire de jaloux. Et par la même occasion, prouver que ça pouvait aller encore plus vite. "XI" nous assomme avec davantage de lourdeur malgré un tempo toujours loin de la vitesse autorisée, attention, ça sent le retrait de permis direct ! La seule remarque un peu désobligeante qu'on pourrait faire à Rorcal, c'est que ce n'est vraiment pas sympa d'avoir mis la barre aussi haute pour les Process of Guilt qui doivent succéder à cet ouragan de décibels. Pas très fair-play sur ce coup-là...

Avec ses armes, Process of Guilt prend la relève et répond, ce même souffle sourd repasse dans nos oreilles, un larsen l'embellit, une petite phrase hurlée, les Portugais se mettent en place bien plus calmement. Posant l'ambiance peu à peu, leur post-hardcore ne se joue pas au même rythme mais n'en est pas moins pesant et oppressant. En gros, malgré un premier titre presque deux fois plus long, les Ibères envoient deux fois moins de riffs que les Helvètes... La légendaire lenteur suisse en prend donc un sacré coup. Les trois "Liar : movement" s'enchaînent comme s'ils ne faisaient qu'un (le larsen étant un très bon liant), le mensonge est un peu plus dynamique en son coeur avant de lentement mourir telle une bête agonisante dans sa partie finale...

Sur deux registres différents, Rorcal et Process of Guilt abattent les frontières et donnent une belle image de l'Europe post-hardcore qui n'a pas forcément besoin d'accords pour coopérer dans le bon sens, la preuve, ils se sont mis à huit pour sortir ce split, félicitations et merci donc à Cal of Ror Records, Bleak Recordings, Lost Pilgrims Records, Wolves and Vibrancy Records, GPS Prod, Chaosphere Recordings, Nooirax Producciones et Labyrinth Productions.