Rival Schools - United by fate 2001, le néo-métal est à son apogée et règne en maître avec une certaine démesure : il ne sait pas encore qu'il vit ses dernières glorieuses sorties avec The war of art d'American Head Charge et Toxicity de SOAD... C'est au milieu de ce chaos métallique prêt à imploser qu'United by fate débarque comme un cheveu sur la soupe avec au commande l'ex-Quicksand Walter Schreifels (voix et guitare) entouré d'autres ex : CIV, Die 116, Shelter, Gorilla Biscuits et Youth Of Today, dans le désordre : Cache Tolman (basse), Ian Love (guitare) et Sam Siegler (batteur).

Les Rival Schools prennent un peu tout le monde à contre pieds en tentant un revival grunge hanté par les démons du post-hardcore des 90's ; le chant de Schreifels est caractéristique des standards de l'époque : voix sur le fil, sombre et plaintive pouvant se montrer acerbe, ensuite des guitares jouant autant sur une ligne indie-rock avec des mélodies inspirées, touchantes et addictives que dans un registre plus hardcore avec des riffs tranchants, appuyés voire noisy laissant entrapercevoir une certaine influence shoegazing. Le spectre sonore est donc assez large, on sent que les membres du groupe ont voulu délibérément se détacher de leurs origines hardcore pour laisser libre court à d'autres sources d'inspiration, sans pour autant couper les ponts avec le style plus agressif dans lequel ils se sont illustrés respectivement . Impossible alors de ne pas succomber de plaisir à l'écoute de certains brûlots et l'on se surprend à penser aux Girls Against Boys ("Used for glue"), Far ("Travel by telephone" et "High acetate"), My Bloody Valentine ("The Switch"), Vex Red ("Holding sand") et Quicksand ("Favorite Star"). Que du bonheur !

Entre deux bourrasques quelques pépites laissant la part belle aux arrangements subtiles : une trame acoustique parée de sombres et retorses mélodies ("Everything has its point", "Undercovers on", "Good things", "World invitational") le tout appuyé par une rythmique bien rock sachant se monter incisive. Le quatuor de New York s'autorisant même quelques clin d'œil sur le Frank Black de "My echo", les instrumentaux très Pixies "Hooligans for life" et "Grunge model" (bonus sur l'édition UK que je vous recommande chaudement !) que l'on croirait tout droit sortis de Bossanova et pour finir le "So down on" ressuscitant Nirvana. Album riche, varié, inspiré mais aussi largement influencé (trop pour certains...) on peut cependant et légitimement se dire que les influences ont été réciproques dans le temps et que finalement l'ex-Moondog et sa bande nous délivre un album qui, faute de renouveler un genre, résume, condense et assimile avec un sacré savoir-faire tout un pan du rock indépendant des 90's.