On le sait, l'autre culte musical scandinave est aussi né à Umeå, en Suède (comme Cult of Luna et Meshuggah). La future capitale Européenne de la culture (en 2014) est donc le berceau de trois des plus "importantes" formations de la scène "rock" et "métal" des vingt-dernières années, dont Refused, né en 1991, n'est certainement pas le moins influent. Faut dire que quelques 21 ans après la naissance du groupe, on ne compte même plus les formations actuelles se revendiquant de l'héritage des Suédois, qui, sous l'impulsion de ses deux fondateurs Dennis Lyxzén & David Sandström, livrent leur toute première démo au début des années 90. Le titre est sobre et implacable : Refused.
Operation headfirst, la deuxième démo du groupe sort en 1992 et est suivie un an plus tard par une troisième (This is the new deal). A l'époque, le line-up des Suédois est encore relativement stable mais va connaître de nombreux bouleversements au fil des années et des différents albums, Lyxzén & Sandström étant les deux (sur quatre) membres fondateurs à œuvrer au sein de Refused du début à la fin (jusqu'à la reformation, on y revient plus loin). En 1994, sort l'EP Pump the brakes avant que le groupe ne livre son premier album : This just might be... the truth (via Burning Heart Records). Le succès est au rendez-vous et Refused devient rapidement l'un des porte-étendards musicaux du mouvement anti-capitaliste et révolutionnaire qu'il prône dans ses textes. Plusieurs EPs (Everlasting, Refused loves Randy, Rather Be Dead E.P) suivront, un album (Songs to fan the flames of discontent en 1996) ainsi qu'un The E.P Compilation et The Demo Compilation, ce avant l'année 2008, qui, au terme de deux nouvelles sorties : The shape of punk to come et l'EP The new noise theology E.P, scelle l'histoire du groupe. Lequel marqué par des dissensions interne et une "fatigue créative" décide de mettre fin à Refused. Quelques mois plus tard, Dennis Lyxzén montera une sorte de suite garage punk rock avec The (International) Noise Conspiracy mais l'histoire de son groupe principal ne semble pas encore tout à fait terminée.
Alors qu'un DVD intitulé Refused are fucking dead sort en 2006 laissant entendre que cette fois, c'est fini sans espoir de retour, un message annonçant un "Coming soon" posté par le staff du label Epitaph est publié en 2010 sur le site du groupe, jusque à inactif. Les rumeurs vont bon train mais sont régulièrement démenties jusqu'à la fin de l'année 2011, où des bruits particulièrement insistants font état d'un comeback du groupe à l'occasion du Coachella Festival 2012. Quelques semaines plus tard, l'orga et le management confirment l'info : Refused est définitivement de retour aux affaires.
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Rubrique :
The (International) Noise Conspiracy
La suite rock garage punk de Refused...
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Refused discographie sélective
Refused dans le magazine
Numéro :
Mag #20
20 ans pour No One Is Innocent, 20 numéros pour le W-Fenec version Mag digital (sinon, on se rapproche doucement de nos 20 ans aussi) avec donc une in...
Liens Internet
- La Grosse Radio : le site de La Webradio Rock
- The HardCore Source : Webzine HardCore
- MusikMania : tabs, paroles, traductions...
Métal > Refused
Biographie > Refused / Resist
Refused / Chronique LP > Freedom
Groupe culte de chez culte, cité en référence par à peu près tout le monde, qu'on soit indé, hardcore ou punk, voire emo ou simplement rock saturé, Refused avait marqué de son empreinte la décennie 90, montrant aux ricains qu'on pouvait sortir de nulle part et imposer sa marque. En 2012, le groupe était remonté sur scène, après une dizaine d'années de décès clinique et de désespoir (c'était bien sympa The (International) Noise Conspiracy mais incomparable). Mais aussitôt reformé, aussitôt re-mort, mais quand Jon Brännström annonce s'être fait viré, on se dit que le combo existe toujours... Et il retourne en studio (avec Magnus Flagge leur bassiste d'origine) sous la houlette de Nick Launay (allez, pour le plaisir, une short list des groupes qu'il a produit : Girls Against Boys, Deckard, Killing Joke, Midnight Oil, Supergrass...), pas forcément habitué au HxC mais respecté pour la qualité et le tranchant du son qu'il capte. A noter que leur compatriote Shellback a produit deux titres (les meilleurs), ce qui a dû bien le changer de Britney Spears, Usher, Avril Lavigne ou Taylor Swift !
Et il en fallait du tranchant parce que l'hibernation n'a pas ankylosé les Suédois, alors, fatalement, ce Freedom n'est pas au niveau de The shape of punk to come mais l'époque est différente, l'attente a été longue et leur style a tellement été pillé que leurs attaques frontales, tant rythmiques que mélodiques, sont aujourd'hui la norme et il est difficilement envisageable d'avoir un opus aussi marquant en 2015. Il nous faut donc rester calme et prendre cet album comme celui d'un groupe qui avait envie de rejouer ensemble et d'envoyer quelques messages toujours d'actualité. On doute que les responsables de la "Françafrique" et du système post-colonial installé au Congo ne soient des fans de Refused et reviennent sur leurs erreurs mais le combo y va de ses idées et ouvrira peut-être certains esprits en mettant de la lumière sur des sujets peu médiatiques. Soyons honnête, ce n'est pas uniquement pour leur engagement politique qu'on apprécie Refused (même si cela n'enlève rien, bien au contraire), non, c'est surtout pour leur capacité à écrire des compos qui font "bing dans ta face" et de côté-là, pas de souci, dès l'inaugural "Elektra", on est rassuré, les gars ont gardé les recettes et le sens du rythme qui fracasse ("Dawkins Christ", "Destroy the man" dont les bruitages de l'arrière plan semblent ressusciter Michael Jackson !!!) ou décontenancé car si c'est trop facile, c'est pas du jeu... ("Old friends / New war", "Thought is blood", l'excellentissime "366").
Refused est donc bel et bien de retour, pas pour donner une nouvelle leçon mais pour se réapproprier le territoire incandescent d'une scène hardcore punk qui lui doit beaucoup et semblait naviguer à vue depuis plusieurs années. Faites donc gaffe à vos fesses, les bottes de Refused ne sont pas loin...
Refused / Chronique LP > The shape of punk to come [Deluxe Edition]
C'est une évidence, même définitivement enterré par les membres du groupe eux-même fin 1998 : "Refused is (not) fucking dead". Ne serait-ce que pour l'influence qu'a eu le gang d'Umeå sur toute une frange de la scène hardcore actuelle (voire toute la scène simplement...), le combo venu du froid n'a cessé d'être dans la mémoire collective même bien des années après la sortie de son ultime témoignage discographique. Logique donc que quelques dix-huit mois avant sa reformation officielle [note de l'auteur : et un peu surprenante], Burning Heart Records/Epitaph livre une réédition Deluxe de l'album le plus culte de son groupe de référence : The shape of punk to come sorti à l'origine en 1998 donc, quelques soit près de quatre décennies après le The shape of jazz to come d'Ornette Coleman dont il s'inspire pour le titre... Un bel objet 2xCD/DVD gorgé de contenu jusqu'à plus soif (même si tout n'est pas indispensable, notamment la partie live) et qui rend grâce aux patrons de la catégorie hardcore punk métallique des vingt dernières années facile.
12 titres = douze torpilles sonores surpuissantes qui défragmentent les enceintes comme rarement, à l'image du sous-titre l'indiquant assez clairement "A chimerical Bombination in 12 bursts", on n'est pas là pour se la couler douce. "Worms of the Senses / Faculties of the Skull" dépoussière la tuyauterie bien comme il faut, hargne contaminatrice, nerfs à vif, riffing acerbe et rampant, un "chant" qui rentre dedans comme personne, en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire Refused prend d'assaut la platine et s'impose définitivement comme le grand mamamushi du genre. On enchaîne avec "Liberation frequency", ses fulgurances déflagratrices incisives et ses éléments indie-rock (voire pop) incorporés au milieu, puis un "Deadly rythm" qui dégueule littéralement de cette rage brute et viscérale qui habite un groupe paradoxalement en fin de course humainement parlant. Pulsions hardcore sulfuriques, précision chirurgicale et créativité dopée par une violence passionnelle, en termes d'inspiration, musicalement par contre, on frise constamment le génie, les suédois se permettant absolument tout, brisant les règles d'un hardcore punk devenu à cette époque bien trop mainstream à leur goût pour en redéfinir les contours à leur manière.
Que ce soit avec le très fun "Summerholidays Vs. Punkroutine", un "New noise" démentiel ou l'imparable "Refused party program", le groupe, survolté comme jamais, joue la carte de la provocation intelligente, de l'ironie foudroyante en même temps qu'il distille son efficacité frondeuse doublée d'un engagement de tous les instants ("Protest song 68'"). Fracassant, intègre en même temps qu'insidieusement addictif, l'album enchaîne encore et hardcore sans jamais pousser le "truc" trop loin, même quand le groupe s'essaie furtivement à quelques digressions électroniques, jazz ou drum'n'bass ("Bruitist Pome #5") ou mettre du violon sur l'anthologique "Tannhäuser / Derivè". Classe. Et les scandinaves d'en rajouter encore quelques couches ("Refused are fuckin dead", "The shape of punk to come") rien que pour le plaisir pur de marquer l'histoire et rien de moins... avant de s'effacer sans bruit avec "The Apollo programme was a Hoax", avec l'assurance du travail bien fait. Un dernier album pour asseoir définitivement son culte et former le trident parfait (avec Meshuggah et Cult of Luna) des groupes de référence du côté d'Umeå, cette cité de moins de 100,000 habitants et pourtant bénie par les dieux de la musique du XXe siècle. Tout à la fois génialement complexe et subtilement accessible, The shape of punk to come est THE album que l'on ne peut décemment pas ne pas posséder. Parce que là, on sait définitivement qu'après une tannée pareille, il y a Refused... et les autres.
PS : On aurait pu chroniquer le live et le DVD mais ça n'aurait rien apporté de plus, ce The shape of punk to come est de toutes les façons indispensable...