Refused - Freedom Groupe culte de chez culte, cité en référence par à peu près tout le monde, qu'on soit indé, hardcore ou punk, voire emo ou simplement rock saturé, Refused avait marqué de son empreinte la décennie 90, montrant aux ricains qu'on pouvait sortir de nulle part et imposer sa marque. En 2012, le groupe était remonté sur scène, après une dizaine d'années de décès clinique et de désespoir (c'était bien sympa The (International) Noise Conspiracy mais incomparable). Mais aussitôt reformé, aussitôt re-mort, mais quand Jon Brännström annonce s'être fait viré, on se dit que le combo existe toujours... Et il retourne en studio (avec Magnus Flagge leur bassiste d'origine) sous la houlette de Nick Launay (allez, pour le plaisir, une short list des groupes qu'il a produit : Girls Against Boys, Deckard, Killing Joke, Midnight Oil, Supergrass...), pas forcément habitué au HxC mais respecté pour la qualité et le tranchant du son qu'il capte. A noter que leur compatriote Shellback a produit deux titres (les meilleurs), ce qui a dû bien le changer de Britney Spears, Usher, Avril Lavigne ou Taylor Swift !

Et il en fallait du tranchant parce que l'hibernation n'a pas ankylosé les Suédois, alors, fatalement, ce Freedom n'est pas au niveau de The shape of punk to come mais l'époque est différente, l'attente a été longue et leur style a tellement été pillé que leurs attaques frontales, tant rythmiques que mélodiques, sont aujourd'hui la norme et il est difficilement envisageable d'avoir un opus aussi marquant en 2015. Il nous faut donc rester calme et prendre cet album comme celui d'un groupe qui avait envie de rejouer ensemble et d'envoyer quelques messages toujours d'actualité. On doute que les responsables de la "Françafrique" et du système post-colonial installé au Congo ne soient des fans de Refused et reviennent sur leurs erreurs mais le combo y va de ses idées et ouvrira peut-être certains esprits en mettant de la lumière sur des sujets peu médiatiques. Soyons honnête, ce n'est pas uniquement pour leur engagement politique qu'on apprécie Refused (même si cela n'enlève rien, bien au contraire), non, c'est surtout pour leur capacité à écrire des compos qui font "bing dans ta face" et de côté-là, pas de souci, dès l'inaugural "Elektra", on est rassuré, les gars ont gardé les recettes et le sens du rythme qui fracasse ("Dawkins Christ", "Destroy the man" dont les bruitages de l'arrière plan semblent ressusciter Michael Jackson !!!) ou décontenancé car si c'est trop facile, c'est pas du jeu... ("Old friends / New war", "Thought is blood", l'excellentissime "366").

Refused est donc bel et bien de retour, pas pour donner une nouvelle leçon mais pour se réapproprier le territoire incandescent d'une scène hardcore punk qui lui doit beaucoup et semblait naviguer à vue depuis plusieurs années. Faites donc gaffe à vos fesses, les bottes de Refused ne sont pas loin...