Quartier rouge Les années lumières, un disque signé par un Quartier Rouge habitué à tourner avec des formations de premier choix (HKY, Warsawwasraw), sorti sur deux labels hautement recommandables (Swarm of Nails Records et Throatruiner Records), un programme court imposant le temps d'une dizaine de titres : un condensé de déviances sonores, d'atmosphères malsaines et d'hystérie maladive pour un résultat... atroce. Mais c'était peut-être le but recherché.
D'accord, dit comme ça, c'est quand même un peu dur. Pourtant, au travers du cauchemar sonore grandeur nature qu'il constitue, l'EP concentre toutes les tares que l'on pouvait redouter d'un tel effort : technicité pure mise au service du néant, dissonances et disto vraiment too much, litres d'acide hardcore/screamo, vomis sur l'auditeur pour noyer le propos, des ambiances malsaines et torturées pour accroître le côté tordu de l'ensemble... mais la sauce ne prend pas. Quartier Rouge va chercher du côté des Daughters et autres An Albatross cette singularité propre aux groupes qui ne font rien comme tout le monde et qui parviennent de fait à imposer leur marque de fabrique. Mais là encore, on est à mille lieux des références évoquées.
En clair, il n'est pas question de dire que Quartier Rouge n'a pas de qualité (le riffing chaotique à la Comity par exemple...) ou qu'il n'est pas habité (oh oh) par une dynamique sérieusement schizo. Mais elles sont mal exploitées, sans aucun sens de la mesure, comme si manquant de maîtrise... et surtout plombées par un "chant" très difficilement accessible (ou acceptable selon le niveau d'exigence de l'auditeur) malgré la crudité vicieuse de l'ensemble. Résultat, difficile de savoir commence apprivoiser cette bête enragée qu'est QR si ce n'est en se disant qu'il a quelques trucs à revoir. Vouloir ne faire rien comme les autres, c'est certainement louable. Le faire en étant percutant et/ou pertinent, même si l'intégrité HxC est là, c'est une autre histoire.