Ça fera bientôt 20 ans qu'on écrit notre amour pour Psykup et j'ai l'impression que les Toulousains peuvent faire n'importe quoi, on adore. D'ailleurs des fois, ils vont vraiment n'importe quoi et ... on adore. S'il fallait expliquer pourquoi une telle attraction, c'est certainement du côté du mariage entre la surprise et l'envoutement qu'il faudrait aller chercher, le combo étant aussi à l'aise pour nous décontenancer que pour nous emmener dans son délire comme si tout était normal. Avec ce nouvel album, les hérauts de l'autruche-core poussent les curseurs encore plus loin et me poussent à leur écrire cette déclaration.
Psykup, je t'aime un peu pour tes obsessions, comment éviter le sujet ? Le sexe semble important en ce qui concerne l'inspiration. "Masturbation failed" ou "Get laid" ne laissent pas de doute, les invitations à la fornication sont sans bavure, contrairement à d'autres évocations plus discrètes ("glory hole" sur "Family burlesque"). Le thème est récurrent, faudrait en parler à un psy...
Psykup, je t'aime beaucoup pour les idées que tu défends et l'espoir que tu portes pour un monde meilleur ("Sun is the limit"), un monde où les requins survivent dans l'océan plutôt que dans les costards ("Nothing to sell"), un monde où les vieux porcs n'auraient pas à recevoir de leçons de la part de la jeunesse ("Letter to Greta"), un monde qui n'aurait pas besoin d'assister à sa déchéance nucléaire, à sa contamination par notre pollution ou son embrasement par notre insouciance.
Psykup, je t'aime passionnément pour les références plus ou moins évidentes que tu laisses un peu partout dans ton œuvre. Parce qu'on a de nombreux goûts en commun (pas uniquement idéologiques), je suis sensible à ces détails qui sont autant de repères pour ceux qui partagent une partie de ta culture, que ce soient les romans ou les séries TV (Jon Snow de Game of thrones), le cinéma ("Catch me if you can" sans Di Caprio), la musique (quand le soleil remplace le ciel ou quand une autre brique tombe du mur), la pensée (Keynes mis au tapis dans "Chaos ? Why not") ou tout ce qu'on veut raccrocher à "For the ones".
Psykup, je t'aime à la folie quand tout part en vrille et que je suis en courant pour ne pas te perdre. De la folie que de penser à la solitude de Satan qui ferait bien de boire des jus ("Lucifer is sleeping"), de la folie que d'enchaîner des passages ultra sombres ("Nice to the bone" reçoit même le renfort du growleur de Benighted) à d'autres totalement lumineux, de la folie que d'incorporer des sonorités chelou, des breaks impensables et des harmonies que l'on fredonne en pleine tempête.
Psykup, je ne t'aime pas du tout quand je me dis que c'est une torture de prendre un tel pied en écoutant un album qui n'est pour l'heure qu'un objet qui tourne en rond et me procure un plaisir solitaire alors que ta musique est faite pour être vivante, qu'elle est communicative, qu'elle sait faire fusionner une salle et que c'est sa raison d'être qui est, pour l'heure, emprisonnée.
Avec autant d'amour diffusé dans l'atmosphère, mon karma est au vert, celui des Psykup aussi, peut-être serons-nous récompensés dans le monde d'après par une expérience live de ces nouveaux morceaux que j'imagine sans mal prendre corps et venir m'enivrer de bonnes sensations.
Publié dans le Mag #46