Psychonaut - Violate consensus reality Ce nouvel opus de Psychonaut est une démonstration ! Un album sans faille, une sorte d'étalon, une référence de tout ce que peut apporter un style, un univers, un truc que peu de groupes peuvent produire (Tool, Cult Of Luna, Hypno5e...) mais les Belges nous l'offrent. Violate consensus reality peut donc être perçu comme le parfait manuel de tout ce qu'il faut savoir faire quand on donne dans le post-métal.

À commencer par une entrée en matière toute en puissance, une introduction instrumentale où les couches se superposent, où le son se durcit mais qui n'explose pas et laisse le chant prendre les commandes et décider de quand l'ensemble peut exploser. Une déflagration courte, intense, immédiatement contrebalancée par ce chant clair envoûtant qui apaise autant les fûts matraqués que les accords saignants. Une rythmique entêtante accompagnée de riffs lourds et nous voilà déjà conquis, le coup de speed final, ce n'est juste l'illustration que la tempête est belle et bien arrivée ("A storm approaching"). Un déferlement qui se poursuit avec les gimmicks de guitare en mode tourbillons qui lancent "All your gods have gone", la brutalité du chant ajoute un sentiment d'oppression, on se prend torgnole sur torgnole, prisonnier d'une boucle mathématique qui semble infinie et de plus en plus saturée. "Age of separation" propose quelques passages plus clairs qui dénotent avec le déluge, un paysage contrasté où se frayent quelques fulgurances remarquables avant d'ouvrir le cœur de la bête : "Violate consensus reality". Un titre long, qui prend le temps de se mettre en place, qui invite quelques voix divines (un chœur angélique) et fait de la place à celle de Stefanie (Brutus) et Colin (Amenra) pour un monument de post hardcore progressif dont on aurait pu avoir à du mal à se remettre sans la délicatesse du piano de "Hope". Une accalmie de courte durée car la guitare qui serpente sur "Interbeing" (avec un son et une montée en tension très proche de ce que fait Tool) annonce un déferlement de violence, elle passe par le chant et une rythmique particulièrement heurtée. "A pacifist's guide to violence" porte bien son nom, même si l'adjectif peut être sujet à débat... L'immense "Towards the edge" panse et referme les plaies, la guitare reste incisive, les textes sont encore parfois éructés mais la tonalité générale est à l'apaisement...

Chef d'œuvre, Violate consensus reality vient se placer à côté des Salvation, Aenima, Pelagial et autres masterclass de groupes cultes. Ni plus ni moins.