On était en mal d'eux après un Futurologie ambiancé et virevoltant lancé il y a deux ans maintenant, duquel on ne s'est vraiment pas encore remis, faut bien l'avouer. Loin de nous l'idée d'oublier la sortie l'année dernière de Repump the pectine, un réenregistrement de vieilleries inavouables datant des débuts de Pryapisme, mais la promo médias a quasiment été inexistante, et puis début 2017, le quintet clermontois refait surface avec Diabolicus felinae pandemonium. Oui, on sait, mais attendez de voir la gueule du nom des chansons qui n'ont pas leur pareil pour patauger dans la crétinerie. Car il faut bien avouer qu'on est quand même un peu habitué à ça depuis les débuts du groupe, comme l'attendu petit texte de présentation, dont seul Apathia Records se fait la spécialité, qui annonce sur la jaquette promo, comme à l'accoutumé, que le groupe ne sait toujours pas écrire de bio. On apprend aussi que sur scène, la formation est comme un gamin de 10 ans élevé avec Les Chevaliers du Zodiaque et essayant de jouer une chanson de DragonForce sur Guitar Hero pendant qu'il mange une pizza extra fromage. Mais le top du top reste l'explication de ce nouvel album : "Le disque raconte l'avènement de l'ère du Chat, celle qui remplacera l'Homme. Après l'arrivée des lol-cats sur internet qui constitue la dernière conspiration, bien après celle de l'Égypte Antique où les chats dirigeaient déjà les plus hautes arcanes du pouvoir, les félins diaboliques préparent désormais l'accouchement du chat de Satan, l'Élu qui soumettra l'humanité et conquerra à terme la galaxie tout entière à l'aide de son pentagramme de croquettes."
Rassurez-vous (ou pas), les Pryapisme sont toujours ces barjots geeks fans de chats (dédicace au passage à feu La Belette et Styx pour leurs featurings époustouflants) qui osent avec effronterie les confrontations de styles dans un registre quasi surnaturel et magique. Même si Diabolicus felinae pandemonium puise davantage dans des influences venues de musiques traditionnelles (orientales, de l'Est, africaines, latines) et bourrine de plus en plus les tympans à l'aide de programmations électroniques rugissantes ("Un max de croco", ''A la zheuleuleu"), Pryapisme n'en a pas pour autant oublié de sertir sa musique d'espièglerie 8-bits ("Carambolage fillette contre individu dragon non-décortiqué"), de jazz ("Tau ceti central"), de prog-rock déglingo ("C++") et bien évidemment de touches de métal diabolique pour montrer qui est le patron. Oui, car quand on est capable de renier autant les schémas préconçus de la musique, le tout avec un souci du détail remarquable, et sans arriver à écœurer son auditoire (ça reste très subjectif, j'en conviens), on ne peut que s'incliner face à une telle réussite. Et appeler ça, des patrons, tout simplement !
Publié dans le Mag #28