Pryapisme 2017 Paris On va vous épargner les présentations, on a assez parlé de vous au W-Fenec ces dernières années. Ma première question est simple : comment vont les affaires avec Pryapisme ?
Antony (basse, percussions, Moog) : Ben ça va pas mal, on est content !
Aymeric (batterie, clarinette, machines) : Oui, on a ce nouvel album, et quelques concerts qui arrivent, ça fait bien plaisir. On a fait un petit EP il y a six mois aussi, d'autres projets qui vont suivre. On est sur une bonne dynamique ! Il y a eu une petite période de relâchement, mais là c'est reparti.

La dernière fois qu'on s'est parlé, c'était en juin 2014, bientôt 3 ans. Une petite mise à jour s'impose sur les aventures du groupe. Je vous écoute.
Aymeric : 2 EPs, un album.
Antony : T'oublies la disquette !
Aymeric : Ouais, mais la disquette est dans l'EP.
Antony : Attends... Ah ouais, parce que Futurologie c'était après.
Aymeric : Non, c'était avant.
Antony : Non, Futurologie, c'était après la tournée.
Aymeric : Ah oui, après la tournée ! Donc ouais, Futurologie en 2015, Repump the pectine en 2016, et Diabolicus felinae pandemonium en 2017.

OK ! Justement, j'avais une question concernant Futurologie. La dernière piste de 22 minutes, c'est la version classique reprenant toutes les pistes d'avant ?
Aymeric : Plus ou moins, c'est de l'arrangement parce qu'il y avait des parties purement électroniques dedans, il a fallu transposer un peu. Mais en gros, ouais, c'était notre volonté. On a repris l'écriture moitié en MIDI, moitié en instrument, et on a tout refait, autant que possible, en mode orchestre classique et symphonique.
J'imagine que vous n'avez pas pu vous payer un orchestre.
Aymeric : (Rires) Non, mais on aurait bien aimé.
Concrètement, comment vous avez pu reconstituer ça ?
Aymeric : C'est tout de la programmation. On a pris toute l'écriture en MIDI qu'on avait car, à quelques exceptions près, on écrit toujours nos morceaux sur ordinateur. Donc on a ces pistes brutes qui sont en réalité des notes et des intentions, et à partir de ça, on peut leur attribuer tous les sons qu'on veut. En général, on utilise ça pour mettre un son de piano ou de synthé analogique ou numérique, et nous on a pris des banques de sons de vrais instruments d'orchestres enregistrés note à note, avec toutes les articulations et intentions différentes. On a rentré ces programmations là pour les faire jouer comme si c'était de vrais instruments joués, donc fallait programmer chaque note de manière à ce qu'un Do soit un Do piqué staccato, que le Sol d'après soit bien lié, ce genre de choses quoi.
Antony : Ouais, basiquement, c'est de la programmation, des outils de maintenant.
Aymeric : Après, c'est sûr que c'est pas pareil qu'un vrai orchestre, mais au moins ce sont des vrais sons d'orchestre et pas de la synthèse. C'est à mi-chemin entre du vrai et du faux. Disons que le vrai coûte tellement cher qu'on n'avait pas vraiment le choix.

Cette piste-là, c'était une sorte de bande-son démo pour faire appel au producteur de film ou réalisateur pour éventuellement tremper dans l'univers cinématographique ?
Aymeric : Non, on n'a pas écrit cette piste pour draguer les producteurs de cinéma. C'était vraiment plus un exercice de style sympa à faire, on avait un EP de 22 minutes, on avait encore la place pour mettre quelque chose dessus, on s'est dit "Tiens, on se fait plaisir, on va faire une version alternative de Futurologie en symphonique, c'est cadeau !". On avait déjà fait ce genre de travail avec des versions 8-bits de nos anciens albums, on s'est dit qu'il fallait proposer autre chose.
C'est l'un de vos rêves de composer pour un film ?
Aymeric : Franchement, ouais ! Dans l'idéal, faudrait que ce soit un film intéressant, qui colle avec ce qu'on aime et sur lequel on pourrait travailler à fond... bien sûr que travailler sur de l'image est un rêve. On va déjà pouvoir le réaliser en partie car on va prochainement réaliser la bande son d'un jeu vidéo. Mais travailler sur un film, c'est l'étape d'après.

Après l'album Futurologie, en 2014, sort deux ans plus tard Diabolicus felinae pandemonium. Retour du groupe au complet, car Nico (guitariste) n'a pas pu participer à Futurologie. Vous n'avez pas pu l'attendre pour finaliser cet EP ?
Aymeric : Le truc c'est qu'à l'époque, il n'était pas impliqué dans Pryapisme.
Antony : C'est surtout qu'il n'habite pas la même ville que nous. Il est loin de Clermont donc c'était compliqué pour faire les prises. Et puis, on a fait Futurologie, je ne dirais pas dans l'urgence, mais on devait absolument le faire à ce moment-là.
Aymeric : Voilà, il n'était pas là, loin du groupe, on ne jouait pas beaucoup à cette époque-là en plus, du coup c'était plus simple à quatre. Ce qui est complètement différent pour Diabolicus felinae pandemonium, parce que notre but à la base était de jouer un maximum de morceaux de cet album-là en live, même si on inclut quand même des titres de Futurologie sur notre setlist. Donc, il fallait que tout le monde soit là pour enregistrer cet album.

Est-ce que la sortie de Futurologie était un moyen de faire patienter les fans ? D'ailleurs, vous le considérez bien comme un EP malgré ses trois-quarts d'heure ?
Aymeric : Pour moi, c'est clairement un EP. Pour la petite histoire, il s'agit d'un morceau qui a été écrit en même temps que Diabolicus felinae pandemonium et qui à la base devait faire partie de ce nouvel album. Cette piste de 22 minutes était donc prévue pour venir s'ajouter aux autres titres, mais le truc c'est qu'au total ça donnait environ 70 minutes de musique. Pour un album de Pryapisme, ça aurait été indigeste.
Antony : En gros, on avait trop de matière, on a fait deux disques au lieu d'un.
Aymeric : C'est ça ! En plus, on s'est dit que ce morceau là racontait déjà une histoire en soi, fallait donc le mettre à part. On l'a retravaillé pour qu'il gagne en cohérence, on a dû mettre la date de la sortie de Diabolicus felinae pandemonium en suspens à ce moment-là, c'est à dire vers 2014.

Pryapisme - Diabolicus felinae pandemonium Est-ce que Diabolicus felinae pandemonium a été préparé et réalisé différemment de ses prédécesseurs ?
Antony : Non, pas vraiment. Pour Futurologie, chaque musicien a fait ses prises chez lui avec un guide MIDI, on a rejoué ce qui a été composé sur ordinateur. En revanche pour le dernier, on s'est vu tous ensemble pour enregistrer car on a remarqué que quand on est tout seul chez soi, on avait tendance des fois à vouloir peut-être changer des trucs mais qu'on avait pas envie de changer de son propre gré sans avertir les autres. Par exemple, je suis allé faire mes prises de basse chez Aymeric et j'ai pu apporter certaines idées car, comme il n'est pas bassiste, il compose pour la basse et parfois l'instrument ne permet pas de le jouer, du coup faut changer. C'est bien d'en discuter car faut que ça combine bien avec la batterie.
Aymeric : Il y a eu pas mal de dialogues avant l'enregistrement, même pendant. Effectivement, toutes les pistes étaient écrites avec le bon fil conducteur, mais c'est vrai que spécialement pour Niels, le guitariste et toi à la basse, il y a des choses qui ont dû être modifiées.
Antony : Ouais, ça a permis de rajouter des choses qui n'étaient pas prévues à l'origine. Un coup, j'étais en train d'enregistrer la basse, le morceau défile, et on se rend compte qu'il manque une guitare à un moment précis pour apporter un plus au morceau. C'est arrivé plusieurs fois, comme ça, qu'il manque des éléments. Mais faut pas être seul à décider !
Aymeric : Oui, et puis il faut signaler que Niels et toi vous avez amené des morceaux, ce qui est une première dans le groupe.

Y'avait-il une volonté d'aller encore plus loin dans le délire, d'exploiter de nouvelles idées ?
Antony : Ce n'est pas vraiment une volonté, ça se fait naturellement ! On écoute tellement de styles de musiques différentes chacun de notre côté et on aime à peu près tout, surtout quand on va piocher dans les musiques traditionnelles. Il y a tellement de choses qui nous fascinent que tout de suite on a envie de les mettre sur pistes car c'est de l'instantané, c'est notre musique du moment. Mais il n'y a pas de désir de pousser le délire encore plus loin.
Aymeric : On ne cherche pas ce genre de choses, rien n'est prémédité chez Pryapisme. Après, oui, il est vrai que Diabolicus felinae pandemonium a des influences qui sont un peu différentes des autres albums. Par exemple, sur Futurologie, il y avait clairement pas mal d'influences classiques jusque dans la manière de composer, sur Hyperblast supercollider c'était l'électronique avec des titres très catchy et très rythmés. Pour le dernier, j'ai la sensation qu'il est nourri de musiques traditionnelles, de musiques de l'Est, africaines, latines, orientales. Mais ça, c'est parce qu'on en écoute pas mal. C'est un constat qu'on a fait après coup.

Quand on voit le boulot de malade exécuté sur ce nouvel album, on se dit qu'il y a dû avoir une sorte de pénibilité durant son enregistrement, son mixage et ses arrangements. Est-ce que ça a été l'album le plus dur à faire ?
Aymeric : Hum... je ne crois pas que l'exercice fut dur dans le sens où on est rôdé sur notre méthode maintenant. Avant, on était dans l'apprentissage.
Antony : Je dirais qu'au contraire, ça a été beaucoup plus clair. Le déclic pour moi, ça a été l'après Futurologie, on a pris conscience qu'il fallait faire autrement. On en a beaucoup discuté avant d'enregistrer le nouveau, et même au niveau du son de chacun et du mix. Un an avant d'enregistrer Diabolicus felinae pandemonium, je discutais déjà avec Simon Capony, qui s'est occupé du mix avec Aymeric, pour lui dire comment je voyais les choses au niveau du mix de la basse.
Aymeric : On a corrigé des points au mixage sur le nouveau qui ne nous convenaient pas totalement dans Futurologie après coup, même si on est content du résultat de cet EP, on peut dire que ça n'a pas influé sur la composition. Concernant la méthode d'enregistrement, ce n'était pas plus difficile à enregistrer ensemble que chacun de son côté. On a eu quelques parties techniques un peu plus dures à enregistrer, notamment sur les guitares et la batterie, où on en a chié.
Oui, mais cette difficulté aurait pu très bien arriver sur vos précédents albums.
Aymeric : Ah oui, complètement !

Techniquement, quelle a été la chanson qui vous a posé le plus de problème sur ce nouveau disque ?
Les deux : Ça dépend pour qui !
Antony : Me concernant, je dirais "A la zheuleuleu" parce que c'est le morceau le plus rageux pour moi.
Aymeric : Pourtant, c'est toi qui l'as co-écrit ce morceau.
Antony : Oui, mais bon, quand même... Je sais que pour Niels, ça a été compliqué sur un de nos morceaux qui ne pouvait se jouer qu'au médiator. Il a une technique particulière au doigt quand il joue de la guitare, donc il ne pouvait le faire. Nico n'étant pas là à ce moment-là pour enregistrer la partie, j'ai repris le relais sur ce morceau.
Aymeric : Oui, parce qu'Antony est guitariste de formation.
Antony : Mais sinon dans l'ensemble, c'est toujours pareil, il y a des choses difficiles à jouer et d'autres non. Je ne pourrais pas te citer un morceau qui a posé problème en particulier, c'est peut-être plus après pendant le mix où on n'arrivait pas à faire ressortir certaines choses, donc on a dû bosser davantage sur le mix que sur l'enregistrement.
Aymeric : C'est plus des parties de morceaux, je pense notamment à la fin de "Totipotence d'un erg" où dans l'écriture de la guitare, ça a été n'importe quoi. Niels a tendance à toujours travailler de manière à pouvoir jouer les parties d'un bloc, par exemple, il n'enregistre pas une suite de notes. Sauf que dans le cas de cette chanson, c'était juste impossible à jouer. Donc soit on réécrivait tout, soit on assumait l'écriture et on faisait un montage. Au final, il a enregistré tout ce qui lui était possible de faire, mais on a un peu triché sur la dernière minute de l'album au moment du duo clavier 8-bit et de la guitare, le truc qui conclut l'album qui est guitaristiquement ubuesque apparemment.

C'est toujours aussi compliqué de jouer et d'adapter vos titres en live ?
Antony : Ben, c'est vraiment à ce moment-là que le boulot arrive en fait. Parce que quand on enregistre les morceaux, on se dit que c'est trop bien, on se dispatche les parties, on réapprend à les jouer parce que ça fait un an qu'on a enregistré l'album, et là on se rend compte qu'on est que cinq, alors que sur l'album on est cent ! (rires) Donc, au moment de répéter un set live, faut choisir les bonnes parties, celles les plus catchy, il y a les thèmes et la rythmique, on balance les machines pour remplacer certaines parties qu'on peut pas jouer, en fait, faut arriver à jouer avec tous ces éléments.
Aymeric : Il y a aussi un grand changement, c'est qu'on a beaucoup plus de parties électroniques jouées en live maintenant.
Antony : C'est vrai ! On a désormais plus de claviers avec nous.
Aymeric : Oui, chacun de nous a un clavier ou une drum machine pour jouer les parties qui sont purement électroniques.
Antony : Alors qu'avant, on balançait les parties électro.
Aymeric : Ouais, en gros, avant c'était adapté avec des guitares.
Antony : On doublait certaines choses de l'électro qui passaient, alors que maintenant on met juste un beat de batterie et tous les sons sont joués, ce n'est pas programmé. Là, ça commence sérieusement à être compliqué, parce qu'avoir la rigueur électro en tant qu'humain, c'est pas évident...

Pryapisme Interview 2017 Paris Est-ce qu'il vous arrive de réécouter les disques que vous avez fait depuis que vous êtes musiciens ?
Antony : Oui, ça m'arrive.
Aymeric : Moi rarement, mais ça peut m'arriver à certaines occasions.
Antony : Après, ça dépend, tu parles de Pryapisme ou de tous mes groupes ? Parce que ça m'arrive de réécouter tous les enregistrements des disques sur lesquels j'ai participé.
OK, et depuis toutes ces années, est-ce que vous avez l'impression d'être de meilleurs musiciens ou vous sentez que ça n'évolue plus ?
Antony : Vu qu'on fait que ça, c'est sûr qu'à un moment tu évolues, tu progresses inévitablement. En plus, à force d'analyser, de réfléchir pour résoudre des complications techniques, tu apprends, et donc heureusement tu progresses.
Du coup, quand vous réécoutez vos disques, vous arrive t-il de vous jugez ?
Antony : Ah ben, il y a des choses qu'on a enregistré bien avant Pryapisme et qu'on fera jamais écouter à personne ! (rires)
Aymeric : On a chacun nos petits secrets ! Les débuts de Pryapisme, je te raconte pas ! Avant la sortie en 2005 du premier EP, Pump the pectine, on a des trucs, c'est inavouable.
Antony : C'est le dossier noir !
Aymeric : On n'avait pas assez de micros pour enregistrer toute une batterie donc on avait pris une batterie électronique, elle était mal réglée, c'était du genre le truc premier prix quoi ! À chaque coup, ça doublait la frappe, il n'y avait aucune vélocité. On avait aussi ce clavier au son ultra dégueulasse avec moitié moins de touches que ceux qu'on a maintenant, c'était ignoble. Je me souviens, c'était un GEM-PK7, il y avait d'ailleurs dedans une touche démo avec une présentation de tous les sons du clavier. C'était une caricature de démo avec plein de styles qui s'enchaînent, cinq secondes de jazz avec un son de sax MIDI puis dix secondes de rumba puis quatre secondes de solo de guitare digital à la Steve Vai et ainsi de suite pendant trois minutes... On en avait fait une reprise en vrai il y a environ douze ans, où on balançait le morceau en fin de concert. Malgré le fait que ce clavier croupit au fond d'une poubelle depuis de nombreuses années, on se souvient encore par cœur de la démo (rires). À l'époque, on débutait plus ou moins, donc on a évolué avec notre matériel, ça joue aussi. Faut bien commencer quelque part, après ce sont des choses qu'on sortira jamais parce qu'on a honte et c'est inécoutable. Nous, on sait d'où on vient, on est comme tout le monde.

Le clip de "Carambolage fillette" est un mélange d'images de jeu vidéo, d'images épileptogènes, et vous-mêmes en scène. On n'avait pas l'habitude de vous voir dans vos clips, ça change. C'est encore un clip fait maison ?
Aymeric : Oh oui ! 100% maison.
Antony : Fait par Aymeric oui, c'est lui qui s'est chargé de la première partie faite en pixels. Pour la deuxième moitié, c'est le groupe qui a participé en montrant sa tête, mais Aymeric a fait le montage. T'apprenais à faire en même temps en plus, c'est ça ?
Aymeric : Ouais, moi j'y connaissais absolument rien à tout l'aspect visuel.
Antony : Dis-toi bien qu'il y a trois heures de prises vidéo, donc le clip est court en terme de prise.
Aymeric : En fait, tu veux dire qu'entre le moment où vous êtes arrivés et celui où on a arrêté, il s'est passé trois heures ?
Antony : Ouais, c'est court ! Il nous a fallu trois heures pour faire ça.
Aymeric : Ouais, il y avait ce qu'il faut. Bon, après, la qualité est ce qu'elle est. On n'avait pas de caméra, juste un appareil photo qu'on nous a prêté. On y connaît rien, on s'est démerdé. Même pour le pixel art, on m'a expliqué après qu'il y avait des logiciels spécifiques pour ne pas te faire chier, pour aller plus vite, alors que moi j'ai tout fait, pixel par pixel. J'ai utilisé Fusion qui est gratos pour les effets 3D, les mouvements de caméra. Ça a mis très longtemps pour faire ce clip, c'était rigolo, j'ai pris grand plaisir, j'ai pris ça comme une sorte de test. On avait une grand-mère en plus qu'était OK pour venir participer, on a mis les chats évidemment, le budget du clip c'est 40 euros pour acheter un fond bleu. On a préféré ça plutôt que d'appeler quelqu'un dont c'est le métier, et se creuser la tête pour chercher un scénario. Puis le principe des captations de nous en train de jouer, c'est compliqué parce que c'est pas forcément notre truc, donc fallait qu'on trouve une idée où tout le groupe est d'accord, que ce soit un peu couillon quand même, que ça nous reflète bien et que ça soit pas sérieux. On est vraiment content du résultat, car c'est totalement nous. Après, c'est cheap quoi, mais c'est pas grave. Nos autres clips le sont aussi finalement, c'est la même démarche.

C'est quoi la surprise pour les quatre ans de la sortie d'Hyperblast supercollider ?
Aymeric : Eh bien, ce n'est pas encore annoncé ! Faut attendre début mai pour ça. Petite surprise, mais rien de bien fou (NDLR : On apprendra plus tard qu'il s'agit de la réédition en double vinyle rouge d'Hyperblast supercollider, pour la fin septembre)

Quand on écoute la musique complexe de Pryapisme, ça peut amener l'imaginaire à s'exprimer. N'avez-vous jamais pensé intégrer cette musique dans un contexte pluridisciplinaire, pour donner du relief à tout ça, en intégrant un VJ ou même créer un spectacle interactif en jouant la musique d'un jeu vidéo dans lequel jouerait le public comme l'ont fait les Lillois de Shiko Shiko avec "Teenage mutant ninja turtles : Turtles in time" ?
Antony : Aymeric le fait déjà.
Aymeric : Ouais, on a un groupe avec trois membres de Pryapisme dedans plus le bassiste de Please Lose Battle, un duo basse-batterie de 8-bits chiptune excellent que je te recommande au passage. Le principe de notre groupe, qui s'appelle Speedrunning The Apocalypse, c'est qu'il y a une sorte de speedrunner, un type qui finit un jeu vidéo super vite, qui joue et on interprète en direct la musique du jeu en fonction de ce que fait le gars. On fait notamment MegaMan 2, donc si le mec n'est pas terrible, il va finir le jeu en 2h, c'est pas cool pour nous, on va vite en avoir marre de jouer le niveau 1 en boucle (rires). Dans notre cas, c'est différent, le speedrunner fait le jeu dans un temps raisonnable de manière à ce que les boucles ne se répètent pas trop.
Antony : Le temps d'un concert !

C'est toujours autant le bordel pour vous caser sur un plateau avec tous les styles que vous jouez ?
Antony : Tu veux dire au niveau de la place qu'on prend sur scène ? (rires)
Pryapisme 2017 Paris 2 Aymeric : Forcément, c'est à la fois une force et une faiblesse. On peut coller dans plusieurs types d'ambiances, on l'a déjà fait et je peux te dire qu'on fait pas tâche dans une soirée métal, pareil pour une soirée électro, idem dans une soirée type rock alternatif ou dans un concert punk, même jazz-rock, ça passe. Après, je te cache pas que c'est pas évident car quand le programmateur d'un festival un peu jazz va entendre les guitares électriques et les blastbeats, il ne va pas nous prendre. Pareil pour un festival électro, on est cinq avec des instruments, le mec il va tout de suite penser que ça va être le bordel car on a pas deux DI et des machines. C'est compliqué, je pense qu'il faut tomber sur des gens qui aiment prendre le risque de nous programmer car ça peut vite plaire comme déplaire.
Antony : Ouais, Pryapisme en général, c'est soit t'aimes ou soit t'aimes pas. C'est l'extrême, il n'y a pas d'entre-deux.
Aymeric : On est vachement diviseur. Il y a pas de gens qui nous écoutent en disant "Ouais, Pryapisme, c'est sympa". Non, c'est plutôt "Waouh !" ou "C'est nul !"
Antony : Je ne suis pas sûr que les gens mettent du Pryapisme en fond sonore chez eux. Moi, personnellement, je ne le ferais pas, ça doit être fatiguant. C'est pareil pour des styles comme le breakcore ou le free-jazz, ça doit s'écouter de la même manière que quand tu regardes un film. Tu dois être concentré pour comprendre ce qu'il se passe.
Aymeric : Un festival de métal ne va pas forcément penser à Pryapisme pour monter sa programmation. Il y a des festivals qui s'ouvrent un peu, c'est vrai. Par exemple, ce soir c'est cool, on joue sur une affiche avec des groupes comme Zeal & Ardor ou Pensées Nocturnes qui se sont ouverts à d'autres genres et qui cassent les codes, ça fait un plateau complètement cohérent avec nous. On a fait d'autres dates où on faisait tâche au milieu, mais ce n'est pas grave.
Antony : Ouais mais j'ai quand même l'impression que quand on nous fait venir, les gens savent à quoi s'attendre aussi, ils sont au courant je pense, et puis une soirée est toujours présentée bien avant la date.

Du coup, ce serait quoi alors une affiche parfaite pour Pryapisme ?
Aymeric : Tu veux dire avec quels groupes on aimerait jouer ?
Antony : Ça fait un moment qu'on essaye de jouer avec notre pote Igorrr, et ça devrait enfin pouvoir se faire.
Aymeric : Ce n'est pas encore confirmé, mais ça va se faire, surtout que c'est un copain et l'affiche serait cohérente. Après, dans l'absolu, peu importe avec qui on joue. Là, on fait deux dates avec Zeal & Ardor, c'est super cool parce que j'aime beaucoup ce qu'ils font.
Antony : On a fait le Rock In Opposition avec Secret Chief 3, c'est un groupe qu'on aime tellement tous, mais on n'a malheureusement pas joué le même soir qu'eux. On a rencontré Trey Spruance la veille mais on pas eu de feedback de sa part, juste de son coloc' qui a l'air un peu bizarre, mais qui nous aime bien... (rires)