Pryapisme 01 Je crois qu'il n'y a pas vraiment de biographie officielle de Pryapisme si ce n'est que vous venez de Clermont-Ferrand. Peux-tu nous présenter tout ça ?
Pryapisme existe en gros depuis 2000. A la base, c'était un groupe de lycée qu'on a lancé avec moi-même à la batterie et Ben, le claviériste. On s'ennuyait alors on a fait de la musique, on a ramené des gens avec nous pour faire un vrai groupe. Voilà, ca fait 14 ans maintenant, on est des vieux de la vieille, ca y est ! Concernant la musique, il n'y a pas vraiment d'influences. On n'a jamais voulu faire de style précis donc on a fait ce qui nous passait par la tête.

N'y a t-il donc rien d'autre à faire à Clermont-Ferrand pour fonder un groupe pareil ?
Ah si ! On peut aller se balader dans les volcans, il y a des petits ruisseaux, plein de trucs sympas. Clermont est une ville qui bouge pas mal niveau musique, il y a plein de musiciens et de formations avec des styles variés. Après, je ne sais pas si il y a des groupes comme nous dans la ville, on n'est pas au courant de tout. En tout cas, c'est un endroit sympa pour faire de la musique, on est au pied des volcans, on est vraiment tranquille et pareil pour les locaux de répèt, ca va, on est peinard. Venez à Clermont, y'a pas le TGV, c'est super !

Votre première sortie c'est un tribute pour Ulver sorti fin 2007 où vous repreniez le titre "In the red". Pourquoi ce choix et comment c'est venu ?
C'est venu d'une info disant qu'un tribute Ulver était en train de se monter par un label russe. On s'est dit que ca pouvait être cool de le faire alors on a postulé et on a choisi "In the red" car c'était mon morceau préféré de Blood inside. On pouvait le jouer à notre sauce et c'était faisable pour nous, surtout qu'on est tous très fan de cet album en particulier.

J'ai l'impression que vous prenez votre temps en général : 7 ans pour ce tribute, 10 ans pour le premier album, 14 ans pour mettre en ligne votre site internet...
Ouais... c'est à dire qu'on n'est pas des foudres de guerre quoi ! Déjà, on est pas très com', tout ça. A part faire de la musique dans notre coin et jouer à des jeux vidéos de temps en temps, c'est tout ce qu'on sait faire. Pour le reste, on est des bras cassés et des branquignoles. On a mis 12 ans à trouver un label qui nous met des coups de pieds aux fesses en nous disant : "faut faire ça, ça, ça.", "on sort le disque comme ça, faites un clip, faites un site Internet, inscrivez vous sur Facebook, etc...". Ils nous ont mis des petites gifles et c'est ce qui nous fallait en fait, sinon on restait dans notre garage.

Comment définirais-tu votre musique ?
Bonne question. Nous, on dit "Rococo-core", comme ça, ca veut tout et rien dire et c'est très bien ! (rires) En fait, on s'en fout un peu d'appartenir à tel ou tel style, on écoute tous plein de trucs différents. On ne voit pas forcément l'intérêt de dire qu'on fait du métal, du chiptune ou de l'électro. Il y a de plus en plus de groupes qui font des ponts entre les styles, ça se démocratise vachement donc parler de genre n'a pas de sens pour la musique qu'on fait.

On sait que Nicolas (guitare) et Benjamin (clavier) sont les musiciens de sessions studio d'Igorrr. Ca ne m'étonne pas du tout, il ne t'a pas embarqué dans le truc aussi Gautier ?
Non, car Igorrr est axé sur les machines et comme c'est électronique, il n'avait pas besoin de moi pour programmer ses rythmes. Ben et Nico ont en effet joué sur ses deux derniers disques car c'est un copain qui n'habite pas très loin de chez nous. Il avait besoin de lignes de guitare un peu black-métal et de parties de clavier veloutées donc il leur a demandé.

Décris-moi l'univers graphique qui gravite autour de Pryapisme, qui est derrière l'idée ?
L'idée de l'univers graphique c'était de mettre des chats car le groupe a commencé à répéter dans une chatterie, il y avait des chats partout qui pissaient sur nos instruments et nos amplis. On embaumait toutes les salles auvergnates à l'époque où on faisait des concerts, ça sentait la pisse de chat, c'était infernal, c'était notre image de marque. C'était surtout le mâle chartreux qui est représenté sur la pochette de notre premier album qui pissait, on s'est dit quand il est mort, qu'on allait lui rendre hommage. Tous les membres du groupe sont de gros fanas de chats, on est complètement gaga avec ça. On est des monomaniaques de musique, de jeux vidéos et de chats.

Le clip de "Un druide est giboyeux lorsqu'il se prend pour un neutrino" provoque quasiment l'épilepsie avec un montage d'images de toutes sortes qui s'enchainent très vite. Peux tu revenir sur sa réalisation ?
L'initiative vient d'Apathia Records, notre label, qui nous a fait ce clip. C'est Jehan, son responsable, qui l'a réalisé en quelques jours, il nous l'a envoyé et, quand on l'a vu, on était sur le cul. Ce clip est mortel, on a approuvé direct, on a mis le tampon. Il a bien compris notre univers avec ce rendu un peu concassé et épileptogène avec des chats et des pixels, ça colle bien. Il se l'est un peu approprié, on n'y est pas pour grand chose.

Votre site est en langue anglaise, vous avez plus de fans à l'étranger qu'en France ?
Je ne sais pas si on a tant de fans que ça. Je m'occupe de la vente du premier disque car il est autoproduit et je sais que j'envoie des trucs un peu partout : Europe, Etats-Unis et dans des endroits improbables comme l'Amérique du Sud, le Japon et même des pays d'Asie Centrale comme le Kirghizistan. C'est pour ça que vu qu'il y a des gens qui nous écoutent un peu partout dans le monde, on s'est dit que c'était plus sympa pour eux de le mettre le site en anglais. Peut-être qu'on fera le site en français un jour parce que le plus gros de notre auditoire est français. Mais c'est vrai qu'il y a des gens qui nous connaissent je ne sais trop comment, surement grâce au clip.

Et au sujet d'une version du site en patois auvergnat ?
(Rires) Mais moi, je suis nul en patois auvergnat ! A part "Fai tot petar miladiu" (NDR : Fait tout péter nom de Dieu"), c'est le seul truc que je connais. Ils sont dans la campagne profonde ceux qui parlent encore le patois auvergnat. Nous on est quand même proche de la ville finalement.

Pryapisme 02 Quel type de public attirez-vous ?
Je l'espère aussi vaste que possible mais franchement je ne sais pas. Je crois qu'il y a beaucoup de gens qui écoutent du métal à la base parce qu'il y a de la guitare électrique et des blasts qui sont un peu les codes du métal. Il y a ceux qui écoutent de l'électro aussi dont les fans d'Igorrr je pense. Après j'espère qu'il n'y a pas qu'eux, j'ai pas envie qu'on ait un public précis. Même s'ils écoutent du zouk toute la journée, je suis content.

Ce mois-ci, Apathia Records a sorti une réédition en vinyle du premier album et des K7 contenant les chansons de vos deux premiers albums en 8 bits. Ca s'est bien vendu ? Parce que bon, des K7 alors que les plus grosses ventes se font en digital maintenant...
Sortir une K7 en 8bits était un peu une blague. On voulait faire une version vraiment chiptune de nos morceaux et l'idée n'était pas de faire un truc mercantile, c'était surtout pour se faire plaisir et faire plaisir à nos fans. On a fait ça assez rapidement, on s'est dit qu'on allait faire 100 K7 à 5 euros, c'est un peu un cadeau quoi. Ca nous amusait de faire un truc purement 8-bits, c'est un exercice de style un peu rigolo.

Justement, comment tu fais techniquement pour passer ça en 8 bits ?
Techniquement, pour réaliser ça, tu as deux parties. La première c'est avec pas mal de hardware, ce sont des consoles rétro qui ont été "hackées" par des petits malins qui fait qu'on peut brancher une cartouche MIDI sur une Nintendo NES d'époque, une Game Boy ou bien un Atari et puis, derrière, nous on rebalance ce qu'on a joué en éditant le MIDI. La deuxième, ça se fait avec un ordinateur et un logiciel de qualité.

Alors, ça y est, on a appris que le nouvel album est en route. On veut des infos !
C'est encore un peu vague. On sait pas encore combien de temps ça va durer mais sa composition est bientôt terminée. Il n'y pas grand chose d'enregistré pour l'instant à part clavier et batterie, il manque toutes les guitares à faire. A priori, il va y avoir pas mal d'invités, on l'avait déjà fait sur l'album d'avant. On va demander à pas mal de copains de Clermont ou du coin de venir jouer dessus, d'apporter des couleurs un peu différentes. Je pense qu'il y aura du sax, ce qu'il n'y a pas en live, et puis des instruments plus exotiques, on verra. Ca restera du Pryapisme, peut-être avec des morceaux plus longs. Le mixage étant très long chez nous, ca risque en effet de prendre pas mal de temps avant que ça sorte. Ca ne sortira pas dans 4 mois, par exemple.

Là, vous êtes en tournée pour 15 jours dans le cadre du Catpocalypse Tour avec Hardcore Anal Hydrogen. Pourquoi le choix s'est tourné vers eux, vous les connaissez ?
On a voulu partir en tournée à l'initiative du label. Il se trouve qu'Hardcore Anal Hydrogen en fait partie depuis peu donc ça s'est fait comme ça. On ne les connaissait pas en personne avant cette tournée, on avait juste écouté leur disque et on s'est dit que ça collait avec notre univers. Leur musique est bourré de trucs différents, ils ont leur trip indien avec du métal, ça fait un beau plateau je trouve. En plus, ils sont charmants.

Quelle est la ou les particularités de Pryapisme sur scène ?
La particularité c'est qu'on change les morceaux par rapport au disque, on ne peut pas les rejouer comme sur le disque parce qu'il y a trop de parties, de sons et d'orchestrations différentes. Du coup, il y a plus d'énergie mais aussi plus de pains parce que faut pas déconner non plus, c'est un peu compliqué (rires). On n'est pas des virtuoses. On essaie d'être fidèle aux morceaux du mieux qu'on peut à part pour certains où on change un peu pour se faire plaisir en rajoutant des solos, en développant des parties pour que ça sonne plus live que disque.

Pryapisme - Hyperblast super-collider Comment s'organise votre set et sa préparation ?
En gros, ça correspond à de longues heures de répétitions. Pour jouer les morceaux de Hyperblast super collider, on a du recruter deux musiciens car pendant très longtemps le groupe tournait autour de trois personnes puis par la suite quatre, puis de nouveau à trois pendant deux ans. Il nous fallait vraiment des mains en plus, on est cinq maintenant et on va continuer à évoluer avec les deux zozos que sont Antony à la basse et Nils à la guitare. Ils vont nous amener de nouvelles compos et s'approprier le groupe aussi.

Pour terminer, vous avez bien une petite anecdote à lâcher, je suis sûr que vous en avez une sur la fête de la musique à Clermont-Ferrand.
Même pas ! On n'a jamais joué à la fête de la musique à Clermont. La seule fois c'était dans un petit bled à côté qui s'appelle Montmorin. Je crois d'ailleurs que cette fois-là, notre guitariste avait envie de faire pipi et il est sorti de scène pendant qu'on jouait, alors on a meublé pendant 2-3 minutes en faisant un petit jazz. Le mec est revenu sur scène en remontant sa braguette et à partir de là, on s'est dit que faire un petit jazz un peu débile pendant les concerts, ça marchait bien, ça détendait un peu l'atmosphère et ça permettait aux gens d'aller faire pipi, c'est cool ! Du coup, on fait régulièrement un petit jazz sur scène. Voilà ton anecdote.

Question bonus : Es-tu déjà allé à Vulcania ?
Figure toi que oui ! Que dire de Vulcania ? Si vous prenez ça pour un parc d'attraction, n'y allez pas ! Si vous êtes fans de vulcanologie, ça peut être intéressant. Faut pas faire les attractions ou alors si vous avez six ans. Mais bon, on ne va pas faire de la pub pour Vulcania, il y a des trucs nettement plus intéressant à Clermont (rires). Mais on était bien obligé d'y aller quand même.