Pryapisme - Hyperblast super-collider "Pryapisme est un groupe qui ne sait pas écrire de bio depuis 2000.
Après des études de ninja, une reconversion dans la contre-expertise de matériel technique pour un grand groupe du secteur automobile, pryapisme propose une relecture avant-gardiste de l\'oeuvre de Tolstoï, mais avec de vrais morceaux de pizza dedans." Voilà en avant-propos ce que l'on peut lire du groupe en guise de biographie officielle. Et c'est déjà pas mal.

Passons aux choses plus sérieuses (enfin... bon, voilà quoi...) avec donc cet Hyperblast super collider, nouvel effort d'un groupe qui avait notamment déjà commis un certain Rococo Holocaust pas piqué des hannetons, cette fois-ci sorti avec le concours du très recommandable label Apathia Records. Un disque aussi joyeusement bordélique que savamment capilotracté, mélangeant allègrement électro, musique d'avant-garde, metal extrême et quelques autres bizarreries sonores qui une fois inséminées dans le ventre de la bête, accouche d'une créature sonore assez indéfinissable, jouissive et fourmillant d'idées. Et tout ça avec en prime des noms de morceaux aussi savoureux que "Un druide est giboyeux lorsqu'il se prend pour un neutrino", "Boudin blanc et blanc boudin" ou "Jon-bon-jon-boutros-boutros-boutros-bovi-miou-miou", ce dernier n'ayant certainement pas été conçu alors que tout le monde était sobre au sein du groupe (l'auteur de ses lignes ne voyant pas d'autre explication rationnelle).

Une batterie qui envoie de la double-pédale brutalement pénétrante, des arrangements façon jeu vidéo d'arcade vs expérimentations sonores venues de 2027 et passées par un vortex enfanté par le groupe à lui-même à coups de reins métalliques aussi fulgurants que subversifs, voici le nintendo-core façon Pryapisme c'est à dire, plus gros, plus dur, plus extrême et sans aucun doute bien mieux gaulé que n'importe lequel de ses contemporains. L'artwork est à l'avenant de ce bordel ambiant renvoyant à l'esprit gamer-geek des années 80 et le gentil minou de la pochette se prend une belle giclée de bits en pleine face alors que le groupe n'oublie aucunement son auditoire, arrosant copieusement ses enceintes dans un gang-bang de décibels (avec une petite référence cinématographique sur "Random Jean Vigo"). Pour ensuite poser sur la platine le machin sonore le plus invraisemblablement titré de la décennie écoulée (et celle à venir) avec le très très (très)... long "La notion de chiralité de spin et d'oscillation de saveur des particules supersymetriques definissant un champs scalaire lors d'une transition de conifold en cosmologie branaire dans un modele ekpyrotique". [note de l'auteur : on leur dit que ce n'est pas la taille qui compte mais le goût?]

Tornade free-jazz barrée, une rythmique aussi frénétique qu'un essaim de frelons sous LSD (si tu ne vois pas ce que ça donne, t'as qu'à essayer d'en donner à UN frelon et on en reparle), mathcore dopé façon athlète d'Europe de l'Est du début des années 80 à l'électronique 8-bits, barbarie harmonique histoire de défriser les intégristes de la grammaire musicale de conservatoire : Pryapisme, c'est tout ça et encore plus, surtout quand on comprend (enfin, c'était pas trop tôt) que le groupe a du s'enfiler une pleine plaquette de petites pilules bleues avant de commettre cette infamie bruitiste. Quelques petites élucubrations complètement déjantées et sacrément hallucinées ("Cochenille, membrane et volcanologie", "J'ai envie de te claquer"), un zeste de provoc'... gratuite tant qu'à faire ("Lesbian bordello") et des délires constants d'une précision aussi mathématique que sa furie déjantée se révèle libératrice. Là, autant dire que les Mike Patton, Zorn, Merzbow et consorts peuvent aller se rhabiller niveau bizarreries artistiques, ce groupe là en tient assurément une bonne. Et s'est offert un petit voyage aller-retour dans un générateur d'improbabilité au moment d'imaginer cet OVNI barré qu'est Hyperblast super collider.

Puis si c'est pas ça, faut qu'ils nous disent ce qu'ils prennent hein, parce qu'on veut la même.