Prophets of Rage - Prophets of Rage En 2016, des membres de Rage Against The Machine (Tim Commerford, Tom Morello, Brad Wilk), de Public Enemy (Chuck D, DJ Lord) et de Cypress Hill (B-Real) forment le supergroupe Prophets of Rage en réaction à l'élection de Donald Trump en tant que président des États Unis. Dans la foulée, ils sortent l'EP The party's over constitué principalement de reprises. Le "Make America Rage Again" est lancé, la tournée aussi. Le 15 septembre dernier, Prophets of Rage sort un album éponyme. L'occasion de voir ce que ce supergroupe a dans le ventre.

L'album démarre fort avec des titres percutants ("Radical eyes", "Unfuck the world") tant dans le son que dans les images des clips. Les idéologies de lutte contre le racisme et le gouvernement actuel sont clairement énoncés. D'ailleurs, pour tourner le clip de "Unfuck the world" la formation a fait appel au très engagé Mickael Moore. Par le passé, l'homme avait travaillé avec RATM pour mettre en vidéo deux titres de The battle of Los Angeles (1999) : "Sleep now in the fire" et "Testify". Du coup, on prend les même (ou presque) et on recommence. Il est en effet assez net - par son esthétique, ses paroles, son registre - que Prophets of Rage cherche à répéter l'histoire sans se chercher véritablement une identité. Pourtant, le groupe s'essaye à de nouveaux arrangements. Mais l'utilisation du micro modificateur de voix ("Legalize me", "Take me highter") tord un peu les tripes dans tous les sens. Quel dommage ! "Take me highter" semblait trouver un belle idée dans un registre funk bien mené par Chuck D. Cela dit, la bonne moitié des titres possède une belle énergie ("Living in the 110", "Hail to the chief", "Fires a shot"). Tom Morello trouve encore quelques bonnes idées qu'il exploite tant dans les riffs que dans des solos. Même vieillis, les deux rappeurs gardent un bon tranchant. L'album Prophets of Rage se tient plutôt bien globalement. Oui, mais sans surprise...

Il faut bien avouer qu'au regard des prises de positions politiques de RATM, ce nouvel élan révolutionnaire sent un peu le réchauffé. Comment se tourner vers l'avenir quand les références n'indiquent que le passé ? Même le nom du groupe est tiré de It takes a nation of millions to hold us back (1988) de Public Enemy. Avec le regretté Chris Cornell (Soundgarden, Temple of the Dog), Tim Commerford, Tom Morello, Brad Wilk avaient fondé Audioslave. Une formation qui sortait de l'univers de Rage Against The Machine. Avec Prophets of Rage, les trois inséparables musiciens semblent vouloir refaire vivre l'âme de leur amour de jeunesse. Mais ça, c'est pas possible sans Zack et puis c'est tout.