Prong - power of the damager Il n'y a pas à dire, Tommy Victor et ses potes (soit cette fois Monte Pittman et Aaron Rossi), les pochettes d'albums (à ce niveau-là, on n'appele même plus ça un "art-work"), c'est pas vraiment leur truc. Bon déjà, Prove your wrong, c'était pas ça, Cleasing, c'était glauque et pas franchement terrible, Scorpio rising passable à l'inverse de l'album, mais là ! Je ne sais pas ce qu'il s'est passé pour que l'on ose commercialiser l'album avec un truc aussi immonde sensé figurer dessus. Tout ça pour dire que non, malgré des pochettes assez piteuses, Prong n'est donc pas mort, pas encore tout du moins. Et d'entrée de jeu, "Looking for justice" et "No justice" viennent nous rappeler à quel point le son de Tommy Victor et sa bande est aussi caractéristique que ravageur...
Rentre-dedans, catchy et burné, Prong envoie du bois et balance sa rythmique martiale au beau milieu d'une forêt de riffs qui tronçonnent. Quelques soli de gratte heavy et concis viennent bétonner l'ensemble, et le groupe livre là quelques titres primaires, classieux mais toujours très efficaces. On sent qu'avec l'expérience accumulée au fil des années et un passif plus qu'impressionnant, le groupe a cherché à simplifier sa musique. Plus de samples, des structures très basiques et des guitares qui sonnent encore et encore (l'énergisant "Pure ether", l'éponyme "Power of the damager" et son riffing thrash metal, le très mélodique "Worst of it"). Le distillat servi par le groupe est à la hauteur de ce qui avait été annoncé, soit un métal alternatif puissant primaire et instantanément jouissif à défaut de révolutionner le genre de la cave au grenier. Une batterie volubile au débit mitraillette, des guitares qui égratignent les cages à miel et un chant à la hauteur de l'enjeu remplissent allègrement les minima syndicaux exigés. L'ensemble est très carré, plutôt bien exécuté, mais (parce qu'il y a un "mais") manque un peu d'âme.
Quelques éclairs parsèment toutefois ce Prong cuvée 2007, en commençant par l'excellent "The banisher" pour passer ensuite à "Can't stop the bleeding" puis finir sur "Bad fall", mais dans l'ensemble Power of the damager apparaît comme étant un simple album de plus à ranger dans la discographie des auteurs de Cleasing et Rude awakening, leurs deux principaux faits d'armes métalliques. Toutefois, après avoir relativement bien négocié le difficile virage post-Scorpio rising et s'être éclaté aux côtés d'Al Jourgensen et Paul Raven au sein de Ministry, Tommy Victor, bien aidé dans sa tâche par ses deux nouveaux acolytes, démontre qu'il n'a rien perdu de son savoir-faire et laisse même supposer qu'avec un peu plus de prise de risques, son projet fétiche pourrait bien retrouver son lustre passé dès la prochaine livraison discographique... A suivre.