prong_rude_awakening.jpg Qu'on se le dise, tout ce qui n'est pas dans l'immondice sonore qu'est Scorpio rising (sorti quelques années plus tard) et son heavy poussiereux est dans ce Rude awakening qui comme son titre l'indique finement, ne fait pas forcément dans la dentelle de bourgeoise. Car après l'excellent Cleasing, Prong nous rebalance dans les gencives son métal aux tendances indus, mal dégrossi et surtout très brut de décoffrage (ce qui veut à peu près dire la même chose d'ailleurs). A toi le jeune qui doit changer trois fois de calcif à la vue du DVD live de Tokio Hotel et leurs monstruosités capillaires, plonge-toi donc dans les classiques métal des années 90 et fais-toi défoncer les cages à miel à coup de riffs virils qui mitraillent et de rythmiques pas du tout en carton pâte comme ce qui tu t'enfiles d'ordinaire.
A double titre, ça te permettra d'éviter d'avoir honte de ta stupidité dans une petite dizaine d'années (enfin, on espère...) et en plus tu économiseras sur ton budget fringues tout ça pour une modique poignée d'euros que te coûtera ton petit exemplaire de ce Rude awakening. Car le disque qui nous occupe aujourd'hui se présente comme étant dans la continuité de Cleasing... et arrose donc soigneuseuement son auditeur de rafales de guitares particulièrement incisives ("Rude awakening", "Without hope", "Face value"). Chirurgicale, la frappe est d'une précision forcément diabolique et le rock / métal indus gorgé de samples ultra-efficaces en met plein tes enceintes. Nerveux mais plus mélodique que son prédecesseur, Rude awakening joue vaguement la carte du concept-album aux ambiances de guerre froide (cf : l'artwork de l'album assez explicite), mais le résultat est à la hauteur des espérances, soit supérieur à Cleasing pourtant de très bon calibre. Lourd, glacial, le son est gras, massif mais les guitares s'effacent intelligement, quand la section rythmique prend les commandes pour régner en monarque absolu sur cette collection de titres blindés d'effets. Une prod aux petits soins (merci M. Terry Date), une éxécution nette et sans bavure, Rude awakening est de ces albums où le groupe te dévisse les vertèbres, t'anésthésie le cerveau et après te demande avec un sourire carnassier si tu en veux encore. Animal, presque néandertalien, Prong vient planter ses guêtres dans la toundra sibérienne afin de mettre un point final et dans des conditions extrèmes, à une aventure musicale sans la moindre faute de goût.
Enfin, ça, c'est avant la reprise des hostilités et un Scorpio rising qui en écoeurera plus d'un, c'est déjà une autre affaire... En l'état, ce Rude awakening est déjà un must have, et c'est bien là tout ce qui compte...