Metal Métal > Process of Guilt

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Né en 2002 du côté d'Evora au Portugal, Process of Guilt passe ses quatre premières années d'existence à fourbir ses premières démos (Portraits of regret et Demising grace à parfaire son art musical avant de livrer son album inaugural en 2006 avec Renounce. Sur le chemin qui va l'emmener vers son deuxième album long-format, Erosion (2009), le groupe livre quelques efforts épars avec notamment une version remasterisée de Demising grace ou un split LP 10'' avec les anglais de Caïna. Le résultat permet aux Process of Guilt de se faire remarquer sur la scène spécialisée et de tourner avec notamment A Storm of Light, Katatonia, Minsk, Rotten Sound ou encore The Ocean.
En 2011, avant de s'attaquer à un nouvel album, les portugais sortent The circle, un "recueil" de réinterprétations des morceaux d'Erosion. Un disque qui leur permet de clôturer définitivement ce chapitre de leur "carrière" avant de passer à l'étape suivante et leur troisième album long-format : FÆMIN qui parait au printemps 2012 via Bleak Recordings et Division Records (Dirge, Kehlvin, Unfold, Rorcal...). [  [pt] Bleak Recordings (257 hits)  External  ]

Process of Guilt / Chronique Split > Process of Guilt | Rorcal

Rorcal | Process of Guilt Pour aller du Portugal en Suisse, il faut traverser au moins deux grosses chaînes de montagnes, pas étonnant donc de les voir dans le décor de ce split réunissant les fleurons post-hardcore de ces deux contrées... L'une est un asile pour protestants, l'autre est un bastion du catholicisme, là encore, trouver une bande de scouts en pleine cérémonie religieuse n'étonnera personne. Mettre de la couleur dans l'artwork ? Impensable ! Voilà donc à quoi ressemble graphiquement le split Process of Guilt | Rorcal, les aveugles me remercient, les autres me diront qu'ils avaient bien vu et remarqué combien ça claquait.

Les deux groupes ont mis toute leur noirceur dans un triptyque, "Liar : movement" en 3 parties pour Process of Guilt et la suite "IX", "X" et "XI" pour Rorcal qui a pour charge d'ouvrir les hostilités et nous rappelle très rapidement à leurs bons souvenirs, un petit souffle sourd, prends ta respiration et ... bienvenue chez l'équarrisseur, les Suisses sont en mode destruction totale de tout silence et envoie du riff, du growl et de la rythmique insensée sans discontinuer. Une boucherie chevaline de premier ordre avec une viande musculeuse ornée quelques bouts bien gras, "c'est persilé ma bonne dame", paye ton steak et prends également une escalope pour soigner l'oeil au beurre noir qui ne va pas tarder à apparaître après une telle mandale. D'ailleurs, les yeux vont par deux (toutes mes excuses auprès des non-voyants qui liraient cette chronique en braille), voilà "X" pour ne pas faire de jaloux. Et par la même occasion, prouver que ça pouvait aller encore plus vite. "XI" nous assomme avec davantage de lourdeur malgré un tempo toujours loin de la vitesse autorisée, attention, ça sent le retrait de permis direct ! La seule remarque un peu désobligeante qu'on pourrait faire à Rorcal, c'est que ce n'est vraiment pas sympa d'avoir mis la barre aussi haute pour les Process of Guilt qui doivent succéder à cet ouragan de décibels. Pas très fair-play sur ce coup-là...

Avec ses armes, Process of Guilt prend la relève et répond, ce même souffle sourd repasse dans nos oreilles, un larsen l'embellit, une petite phrase hurlée, les Portugais se mettent en place bien plus calmement. Posant l'ambiance peu à peu, leur post-hardcore ne se joue pas au même rythme mais n'en est pas moins pesant et oppressant. En gros, malgré un premier titre presque deux fois plus long, les Ibères envoient deux fois moins de riffs que les Helvètes... La légendaire lenteur suisse en prend donc un sacré coup. Les trois "Liar : movement" s'enchaînent comme s'ils ne faisaient qu'un (le larsen étant un très bon liant), le mensonge est un peu plus dynamique en son coeur avant de lentement mourir telle une bête agonisante dans sa partie finale...

Sur deux registres différents, Rorcal et Process of Guilt abattent les frontières et donnent une belle image de l'Europe post-hardcore qui n'a pas forcément besoin d'accords pour coopérer dans le bon sens, la preuve, ils se sont mis à huit pour sortir ce split, félicitations et merci donc à Cal of Ror Records, Bleak Recordings, Lost Pilgrims Records, Wolves and Vibrancy Records, GPS Prod, Chaosphere Recordings, Nooirax Producciones et Labyrinth Productions.

Process of Guilt / Chronique LP > FÆMIN

Process of Guilt - FÆMIN Inconnu ou presque au bataillon, Process of Guilt est la dernière trouvaille de la fabrique de hard suisse (mais pas que...) qu'est Division Records (Dirge, Impure Wilhelmina, Kehlvin, LSP, Unfold, YOG et quelques autres...), soit une créature sludge/doom/post-metal originaire d'Evora au Portugal et qui, sans césarienne (désolé), libère ici son Kraken musical - troisième du nom tout de même puisqu'elle avait déjà enfantée de Renounce et Erosion en 2006 puis 2009 -, avec l'immense FÆMIN. Cinq titres au menu : un mastodonte métallique qui se caractérise autant par sa lourdeur sludge cataleptique que ses atmosphères doom oppressives aux effluves postcore métallique telluriques. Une matière organique qui n'est pas sans évoquer par moments ce que l'on peut prendre dans les conduits auditifs en écoutant les oeuvres de leurs voisins de label que sont pionniers postcore de Dirge. Dont acte.

Hydre musicale à cinq têtes pour autant de pièces s'imbriquant à la perfection afin de ne plus former qu'un tout, indivisible, aussi monolithique que viscéral, FÆMIN délivre un cocktail sonore cadencé par une mécanique rythmique parfaitement inébranlable, inaliénable. Une bestialité massive qui dès "Empire" et ses neuf minutes trente huit secondes d'une implacable démonstration de force, dévoile une sauvagerie brute à la maîtrise diabolique. Un riffing dantesque, des vocaux qui viennent s'écraser contre des récifs postcore/sludge infernaux, Process of Guilt laisse entendre qu'il peut aller encore plus haut, frapper plus fort, repousser ses propres limites jusqu'au ciel... et c'est le cas. En témoigne l'impérial "Blinfold" et ses riffs en metal lourd trempé dans un acier inoxydable, enfermés dans une gangue de plomb qui défragmentent les enceintes à tout va. Là forcément, après seulement deux titres sur cinq, on s'est déjà bien fait secouer les connexion neuronales et c'est pourtant loin d'être terminé. Parce qu'arrive déjà un "Harvest" primal aux soli déments et aux consonances industrielles bien dissimulées, et que celui-ci non plus ne va pas faire semblant quand il va s'agir de concasser du décibel.

Si "Cleanse" ralenti quelque peu le rythme (constat sommes toutes très relatif il faut bien l'admettre), relâchant légèrement la pression pour laisser agir son distillat post-metal, c'est pour ensuite de poser métaphoriquement ses riffs sur la console de mixage et lâcher ce qu'il a dans les entrailles le temps de quelques onze minutes (en réalité un tout petit peu moins) d'un "Fæmin" terminal qui vient parachever cet album à la construction en tous points remarquable, un disque virtuose à haute teneur émotionnelle, érigé comme une muraille sonore infranchissable pour mieux tout retourner sur son passage.

Juste monstrueux.

PS: si la lecture de la chronique ci-dessus ne t'a pas encore convaincu, l'écoute de l'album ci-dessous le fera peut-être.

[pt] FÆMIN: Bandcamp (265 hits)  External  ]