Process of Guilt - FÆMIN Inconnu ou presque au bataillon, Process of Guilt est la dernière trouvaille de la fabrique de hard suisse (mais pas que...) qu'est Division Records (Dirge, Impure Wilhelmina, Kehlvin, LSP, Unfold, YOG et quelques autres...), soit une créature sludge/doom/post-metal originaire d'Evora au Portugal et qui, sans césarienne (désolé), libère ici son Kraken musical - troisième du nom tout de même puisqu'elle avait déjà enfantée de Renounce et Erosion en 2006 puis 2009 -, avec l'immense FÆMIN. Cinq titres au menu : un mastodonte métallique qui se caractérise autant par sa lourdeur sludge cataleptique que ses atmosphères doom oppressives aux effluves postcore métallique telluriques. Une matière organique qui n'est pas sans évoquer par moments ce que l'on peut prendre dans les conduits auditifs en écoutant les oeuvres de leurs voisins de label que sont pionniers postcore de Dirge. Dont acte.

Hydre musicale à cinq têtes pour autant de pièces s'imbriquant à la perfection afin de ne plus former qu'un tout, indivisible, aussi monolithique que viscéral, FÆMIN délivre un cocktail sonore cadencé par une mécanique rythmique parfaitement inébranlable, inaliénable. Une bestialité massive qui dès "Empire" et ses neuf minutes trente huit secondes d'une implacable démonstration de force, dévoile une sauvagerie brute à la maîtrise diabolique. Un riffing dantesque, des vocaux qui viennent s'écraser contre des récifs postcore/sludge infernaux, Process of Guilt laisse entendre qu'il peut aller encore plus haut, frapper plus fort, repousser ses propres limites jusqu'au ciel... et c'est le cas. En témoigne l'impérial "Blinfold" et ses riffs en metal lourd trempé dans un acier inoxydable, enfermés dans une gangue de plomb qui défragmentent les enceintes à tout va. Là forcément, après seulement deux titres sur cinq, on s'est déjà bien fait secouer les connexion neuronales et c'est pourtant loin d'être terminé. Parce qu'arrive déjà un "Harvest" primal aux soli déments et aux consonances industrielles bien dissimulées, et que celui-ci non plus ne va pas faire semblant quand il va s'agir de concasser du décibel.

Si "Cleanse" ralenti quelque peu le rythme (constat sommes toutes très relatif il faut bien l'admettre), relâchant légèrement la pression pour laisser agir son distillat post-metal, c'est pour ensuite de poser métaphoriquement ses riffs sur la console de mixage et lâcher ce qu'il a dans les entrailles le temps de quelques onze minutes (en réalité un tout petit peu moins) d'un "Fæmin" terminal qui vient parachever cet album à la construction en tous points remarquable, un disque virtuose à haute teneur émotionnelle, érigé comme une muraille sonore infranchissable pour mieux tout retourner sur son passage.

Juste monstrueux.

PS: si la lecture de la chronique ci-dessus ne t'a pas encore convaincu, l'écoute de l'album ci-dessous le fera peut-être.