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Numéro :
Mag #58
On a charbonné pour te livrer, relativement rapidement, un gros numéro avant de terminer l'année. Au menu : Empire State Bastard qui a profité de son concert parisien pour répondre à nos nombreuses questions, tu pourras lire également le live-report de leur show et une chronique de leur album. Côté interviews, il y en a d'autres comme celles de Benefits, Exsonvaldes, Princesses Leya, Bottlekids, 7 Weeks, Unspkble, Dusk of Delusion et Bad Situation ! Et on ajoute Blood Command qui inaugure une nouvelle rubrique qui fait honneur à la Norvège ainsi que l'équipe de Ca dégouline dans le cornet !.
Deux ans après L'histoire sans fond, on prend les mêmes et on recommence ! Mêmes délires, même gros son, même envie de mélanger des sketchs et des chansons, même capacité à faire rire en live comme en studio, les Princesses Leya contre-attaquent ou sont de retour (c'est au choix, même si pour les vrais fans, la question ne se pose pas, les Ewoks mettent hors-jeu le troisième volet qu'est le chapitre 6). Tu aimes l'absurde, tu as une culture qui te permet de capter plein de réf' ? Alors, allons sauver la planète !
Gros riffs, sonorités metal-indus bien graves, c'est parti pour la guerre totale avec "Push" ou comment presser un petit bouton peut détruire un monde qui a survécu à tant d'autres dangers (au rang desquels la famille Kardashian) ou procurer un plaisir incompréhensible (spéciale dédicace à ma chérie, je précise qu'elle est plus comédon que cratère atomique). Au-delà des textes (ce final avec la proposition "Manivelles" m'éclate à chaque fois), c'est un titre ultra puissant et sacrément bien bâti. Ça speede encore avec "Analfabet", dédié à ceux qui aiment faire des corrections orthographiques (non, je ne me sens pas du tout visé...) mais on trouve un peu moins de jeux de mots que sur les deux suivantes ("Baise tout seul" et "Boulimie cannibale") qui sont plus rock (pour justement laisser de la place aux textes ?). Au-delà de l'énergie et des conneries, je retiens non pas la nuit mais cette maxime "pourquoi remettre à demain ce qu'on peut faire à une seule ?" et le name-dropping final du cannibale en mal de barbaque friquée. Un des trucs des Princesses Leya, c'est qu'ils sont capables de faire n'importe quoi, comme écrire "Kangourou-Garou" dont le fond de la poche est une source infinie de vannes. Quand les instrus sont posées, il reste ces vannes (dont la tonalité me fait penser à François Pérusse - putain, je viens de passer 32 minutes à me mater sa chaîne Youtube, ma chronique n'avance pas même si toi, tu ne t'en rends pas compte, sauf que si, parce que pendant que je raconte ma vie, tu n'en sais pas plus sur Big bang therapy), l'album compte 4 plages "sketch" dont je ne vais pas dévoiler les tenants, ni les aboutissants (non, ne cherche pas de contrepèterie) mettant en scène les parents Simpson (logique avant la cover de "Spider-cochon" qui se termine avec l'option Babymetal, oui, fatalement ça ressemble un peu à "Takoyaki", bah à "Takoyaki" je viens de te le dire) mais également Cléo et Xavier. En hommage au métropolitain et au reggae merdique (tant pis pour le pléonasme), "Sèvres-Baylone" est une bombinette bien moins douce que "Jojoba", témoin que nos lascars traînent avec quelques bobos parisiens. Après ce petit massage auriculaire, un des hits (enfin, c'est mon avis) nous tombe dessus depuis le ciel à cause des chemtrails : "Complotriste" ! "C'est hyper secret mais t'apprends tout grâce à Google", j'adore quand c'est aussi con que vrai. "Big bang" donne son nom à l'opus, de Saint-Ouen à Los Angeles, on fait des connexions, même si le titre n'a aucun lien avec la série ou Therapy?, va comprendre. Oui, c'est aussi un peu le bordel ici. Peut-être que la solution, c'est la "Vasectomie" mais bon, j'ai piscine et je ne supporte pas le funk.
De quoi se poiler et head(gang)banguer, voilà ce que nous donne la bande des Princesses Leya, alors on prend et on dit merci. Même s'il y a bien trop peu de Star Wars là-dedans (et "Un nouvel espoir...", c'est pour la belle Leia, pas Hélène, elle, elle se fait prendre par Pâris mais ce n'est pas ma guerre et on a dit qu'on ne rigolait pas sur les blases).
Princesses Leya / Chronique LP > L'histoire sans fond
Quand deux humoristes amateurs de métal se rencontrent et décident de monter un projet ensemble, ça part dans tous les sens et ça peut donner Princesses Leya. Oui, il va y avoir de la pop culture en référence et des jeux de mots pourris à foison. Les auteurs principaux, tu les as certainement déjà vus et entendus car c'est Dedo (métalleux de service au Jamel Comedy Club, acteur dans des clips de Rufus Bellefleur ou Psykup...) et Antoine Schoumsky (qui en plus de chanter joue de la guitare et avant ça, il est aussi acteur, humouriste, doubleur, scénariste...). Concrétisant leurs idées les plus sauvages en 2018, leur comédie métal musicale se monte comme une tente igloo où pour assurer le chauffage la bassiste poétesse Cléo (Cléo Marie) et le moissonneur batteur Xavier viennent assurer les fondations rythmiques. Leur premier album ose sortir sous le nom de L'histoire sans fond parce que Atreyu était déjà pris et qu'au fond ils ne sont pas si bêtes, c'est à la fois des chansons qui se chantent comme des blagues où la parodie n'est jamais très loin (en effet, difficile de ne pas citer Ultra Vomit) et des sketchs avec un petit fond musical où le sérieux est parfois inexistant (difficile du coup de ne pas citer Ultra Vomit en concert).
Comment faire une chronique de ce joyeux bordel ? C'est une vraie question parce que ça risque de spoiler et une blague divulgachée, c'est beaucoup moins marrant, du coup, je peux éviter de disserter sur les sketchs mais ça mettrait de côté la moitié de l'opus et ce serait dommage car c'est carrément bien intégré au tout et quand on ferme les yeux, on voit le spectacle comme si on était dans une vraie salle de ... spectacle. Alors, pour les plus jeunes, une "salle de spectacle", c'est un endroit où des gens qui ne se connaissent pas forcément venaient (souvent en payant leur place) pour voir et écouter une représentation organisée par un petit (ou des fois grand) groupe de personnes (qui souvent étaient payé pour ça), il y avait une scène surélevée, des lumières, des baffles, c'était un peu comme un film mais en vrai, une expérience de fou. Comme les Princesses Leya ont commencé leurs aventures avec un show, ils ont pris l'habitude de narrer des histoires, ils nous emmènent dans la leur qui a plus de queue que de tête (oui, ça sent un peu la poussée d'hormone adolescente juste sous la ceinture que la réflexion nietzschéenne sur le naturalisme) et où l'on croise une belle brochette de personnages et de lieux tout aussi improbables que sujets à déconnade (une bibliothèque des chansons du rock, un utérus, un bar à coktail, le temple d'un Eric Cartman poète...). Et avec tout ça, on a des vrais morceaux de musique. Enfin presque, car c'est souvent fortement inspirés de trucs existants voire même carrément des reprises version métal de quelques hits de l'été (le fantastique "Makeba" de Jain, un exceptionnel "Balls balls balls" sauce Rammstein qui fait écho au "Boys boys boys" de Sabrina, le touchant "Single lady killer" qui doit plus à Machine Head et Meshuggah qu'à Beyoncé...), ce sont ces plages garnies de références qui font la différence, les autres étant "bien mais pas top" (pour citer le culte reportage biographique du commissaire Bialès).
Histoire d'en finir (quand même), si tu aimes le culte, Star Wars, Ultra Vomit, les calembours, la reine, les poils, Brassens, la polka, la vodka, le papier peint intissé, le gel hydroalcoolique anonyme, Jimi Hendrix, les moustaches, l'ébénisterie, les chattes angora, le chanvre et le Kamoulox, tu risques d'apprécier cet album.
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